Québec (re)demande la démission d'Amira Elghawaby

5 days ago

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Amira Elghawaby - Figure 1
Photo ICI.Radio-Canada.ca

La représentante spéciale du Canada chargée de la lutte contre l'islamophobie, Amira Elghawaby, se retrouve encore sur la sellette, cette fois pour avoir invité les collèges et les universités du pays à embaucher davantage de professeurs « musulmans, palestiniens et arabes ». Résultat : Québec réclame une fois de plus sa démission.

La polémique découle cette fois d'une lettre que la principale intéressée a fait parvenir il y a deux semaines aux établissements d'enseignement supérieur du Canada.

Datée du 30 août dernier, la missive, dont le contenu a d'abord été révélé vendredi par Le Journal de Montréal, visait à mettre la table au retour des étudiants sur les campus dans la foulée des manifestations propalestiniennes qui ont marqué la fin de la session dernière.

Mme Elghawaby formule dans sa lettre cinq recommandations, dont celle d'accroître la représentation des professeurs musulmans, palestiniens et arabes, faisant sienne une proposition mise de l'avant en 2023 par le juge à la retraite Michael MacDonald dans un rapport rédigé pour l'Université métropolitaine de Toronto.

Le juge MacDonald recommande que les établissements utilisent les mécanismes disponibles pour accroître la diversité du corps professoral à temps plein afin de mieux refléter le corps étudiant, y compris une représentation accrue des membres du corps professoral musulmans, palestiniens et arabes.

La suggestion, toutefois, a piqué au vif les membres du gouvernement Legault, à commencer par la ministre de l'Enseignement supérieur, Pascale Déry, qui s'est tournée vers les réseaux sociaux pour exprimer son indignation, vendredi.

Amira Elghawaby doit se mêler de ses affaires, a lancé Mme Déry dans une publication relayée à la fois sur X et Facebook. Le simple fait de suggérer l'embauche de professeurs sur la base de la religion va à l'encontre des principes de laïcité, mais aussi des critères liés à l'excellence dans nos établissements, a-t-elle affirmé.

Selon la ministre Déry, Mme Elghawaby a insulté les Québécois à plusieurs reprises par le passé. Elle n'a aucune légitimité de demander à nos collèges et universités quoi faire, a-t-elle déclaré, réitérant que la principale intéressée devait démissionner.

Amira Elghawaby - Figure 2
Photo ICI.Radio-Canada.ca

La ministre s'inquiète en outre dans son message que les cégeps et les universités soient devenus le théâtre d'une recrudescence de l'antisémitisme.

Je ne ménagerai aucun effort pour que nos établissements mettent tout en œuvre pour rétablir un climat sain et sécuritaire pour tous les étudiants et pour contrer l'intimidation et la haine, a promis Mme Déry, qui s'était déjà engagée à tout faire pour ramener le calme sur les campus après un printemps pour le moins mouvementé.

La ministre Déry invite Amira Elghawaby à « se mêler de ses affaires ». (Photo d'archives)

Photo : Radio-Canada / Sylvain Roy Roussel

Ce n'est pas la première fois que la représentante spéciale du Canada chargée de la lutte contre l'islamophobie suscite la controverse.

Après sa nomination, en janvier 2023, Mme Elghaway avait notamment dû défendre une chronique rédigée en 2019 dans laquelle elle avait écrit que les Québécois semblaient influencés par un sentiment antimusulman. Le gouvernement Legault, notamment, avait alors demandé sa démission, mais en vain.

Mme Elgahwaby s'était malgré tout excusée dans le cadre de cette affaire, qui avait placé les libéraux de Justin Trudeau dans l'embarras.

Le choix revient aux universités, dit Trudeau

De Sainte-Anne-de-Bellevue, où il tenait une conférence de presse sur le financement du réseau de satellites Lightspeed conjointe avec le premier ministre du Québec François Legault, M. Trudeau a déclaré qu'évidemment, chaque université va faire ses choix.

Il a expliqué que Mme Elghawaby est une personne qui fait un travail indépendant, qui fait des recommandations et surtout, qui essaie d'encourager le dialogue entre différents groupes.

Je pense qu'on est en train de vivre [une] montée de tension. En tant que Canadiens, on doit et on peut avoir toutes sortes de conversations qui vont nous rapprocher, a ajouté M. Trudeau.

Le premier ministre du Canada, Justin Trudeau, et son homologue du Québec, François Legault, lors d'une conférence de presse conjointe.

Photo : Radio-Canada / Ivanoh Demers

À ses côtés, M. Legault a dit trouver totalement inacceptable l'incursion de Mme Elghawaby dans les champs de compétence du Québec et de ses cégeps et universités.

Je trouve ça inacceptable que quelqu'un vienne suggérer de favoriser un groupe religieux alors qu'on est dans un état laïc, a déclaré M. Legault.

Patrimoine canadien a indiqué vendredi que Mme Elghawaby n'était pas disponible pour répondre aux questions des journalistes.

Le Bloc et le PQ exigent l'abolition du poste

Le chef du Bloc québécois, Yves-François Blanchet, demande l'abolition pure et simple du poste de représentant spécial du Canada chargé de la lutte contre l'islamophobie.

C’est un outil de sollicitation électoraliste qui divise et braque les gens contre la très calme, importante et souvent francophone communauté musulmane du Québec – ils sont 350 000 – et qui est harmonieusement intégrée, a écrit M. Blanchet sur X.

À son tour, le député du Parti québécois, Pascal Paradis, appuie la demande de la ministre Déry exigeant la démission d'Amira Elghawaby. Il demande aussi l'abolition du poste.

Amira Elghawaby n'a aucune autorité pour se prononcer sur les campements ou les manifestations au Québec, écrit-il. Le Québec est un État laïc. Le recrutement des professeurs doit se faire sur la base de la compétence et non de la religion.

Avec les informations de La Presse canadienne

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