Embarras chez les libéraux après la nomination controversée d ...

31 Jan 2023

Le premier ministre Justin Trudeau a défendu son choix, mardi matin, après plusieurs jours de controverse entourant la nomination d'Amira Elghawaby comme représentante spéciale d'Ottawa pour lutter contre l'islamophobie. Dans les rangs des ministres libéraux, toutefois, le malaise restait palpable.

Comme Québécois, j’ai été profondément blessé par ses propos, je le suis encore d’ailleurs, a réagi mardi Pablo Rodriguez, ministre du Patrimoine canadien, au sujet des déclarations passées de Mme Elghawaby, selon lesquelles la majorité des Québécois étaient guidés par un sentiment antimusulman. Après lui avoir demandé de retirer ses propos, le ministre Rodriguez a indiqué vouloir la rencontrer dans les prochains jours.

Les clarifications expresses d'Amira Elghawaby n'ont pas convaincu non plus le ministre de la Justice, David Lametti, qui a été interpellé sur le sujet, mardi, à son arrivée à la colline du Parlement. Je ne suis pas à l’aise avec les commentaires originaux, je ne partage pas cette opinion, mais comme je l'ai dit, c’est à elle de clarifier, a rétorqué M. Lametti, laissant entendre que les explications apportées n'ont pas été suffisantes.

Le ministre du Logement et de la Diversité et de l’Inclusion, Ahmed Hussen, a été interrogé sur d'autres propos récemment exhumés que Mme Elghawaby a publiés en 2013 dans le Toronto Star dans un texte d'opinion intitulé « L'autre » n'a pas sa place dans la charte des valeurs du Québec (The « other » has no place in Quebec's charter of values).

Elle reprenait alors une citation de l'essayiste canadien John Ralston Saul selon laquelle les peurs paranoïaques du XXe siècle sont celles de la perte de la pureté – du sang pur, de la race pure, des traits, des valeurs et des liens nationaux purs. Il pourrait tout aussi bien écrire sur le Québec d'aujourd'hui, analysait alors Mme Elghawaby.

Amira Elghawaby, coiffée d'un hijab, est photographiée à l'extérieur.

Amira Elghawaby est la représentante spéciale de la lutte contre l’islamophobie au gouvernement fédéral. (Photo d'archives)

Photo : CBC

Sur ces propos, le ministre Hussen a d'abord évité de se prononcer en arguant être toujours en train d'examiner ces commentaires, avant d'appuyer Amira Elghawaby dans sa ligne de défense. Elle a clarifié ses commentaires concernant l'islamophobie et la lutte contre l'islamophobie, a résumé le ministre visiblement agacé.

C'est la bonne personne, dit Trudeau

J'appuie à 100 % madame Elghawaby, a déclaré le premier ministre Justin Trudeau aux journalistes à son arrivée au Conseil des ministres.

Elle a démontré tout au long de ses années de travail une sensibilité, une ouverture et une rigueur dont on a besoin maintenant. Je comprends que faire face à l’islamophobie, ça va exiger des conversations importantes et parfois difficiles, mais on a besoin de quelqu’un qui s’y connaît, qui est ancré à fond et je sais que c’est la bonne personne.

Au lendemain de sa nomination comme représentante spéciale d'Ottawa pour lutter contre l'islamophobie, Amira Elghawaby a dû clarifier ses déclarations passées, vendredi, en déclarant qu'elle ne croit pas que les Québécois soient islamophobes.

La controverse a pris naissance à la suite de la parution d'un texte dans La Presse, vendredi, rappelant le contenu d'une lettre qu'avait publiée Mme Elghawaby dans le Ottawa Citizen, en 2019, dans la foulée de l'adoption par Québec de la Loi sur la laïcité de l'État (aussi connue sous le nom de loi 21).

Legault pointe le mépris envers les Québécois

Le premier ministre François Legault, qui fut vivement critiqué par Amira Elghawaby pour refuser de reconnaître le racisme systémique au Québec, a attaqué mardi encore la nomination de cette nouvelle conseillère.

M. Trudeau, en la gardant en poste, vient cautionner le mépris envers les Québécois, a insisté M. Legault.

« Elle ne s'est pas excusée. Je n'en reviens pas que M. Trudeau l'appuie à 100 % après tout ce qu'elle a dit, après tout le mépris qu'elle a montré envers les Québécois. »

Lundi, après avoir exigé des excuses, le ministre québécois responsable de la Laïcité et des Relations canadiennes, Jean-François Roberge, a demandé la démission de la représentante spéciale de la lutte contre l’islamophobie au gouvernement fédéral, Amira Elghawaby.

Selon lui, ce choix de nomination creuse un fossé entre Québec et Ottawa plutôt que de jeter des ponts, a-t-il évoqué mardi.

« Nos lois sur la laïcité sont importantes pour tous les Québécois. M. Trudeau et Mme Elghawaby devraient le comprendre. »

Nous, on va continuer, au gouvernement du Québec, à combattre le racisme, le sexisme, les préjugés, a insisté M. Roberge.

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