Québécois dépeints comme « antimusulmans » | Yves-François ...

31 Jan 2023

PHOTO SEAN KILPATRICK, ARCHIVES LA PRESSE CANADIENNE

« Je veux d’abord la [Amira Elghawaby] rencontrer pour qu’elle essaie de m’expliquer ce qu’il y a de nouveau dans sa vision de la relation entre la laïcité et l’islamophobie, ce qui pour moi n’existe somme toute pas », avait affirmé le chef du Bloc québécois, Yves-François Blanchet.

(Ottawa) Le chef du Bloc québécois, Yves-François Blanchet, rencontrera Amira Elghawaby mercredi à Ottawa. La nouvelle représentante fédérale de la lutte contre l’islamophobie a soulevé la controverse pour avoir déjà écrit que la « majorité des Québécois » semblaient « influencés par un sentiment antimusulman ». Le premier ministre Justin Trudeau continue de défendre sa nomination alors que d’autres de ses écrits controversés refont surface.

Publié à 10h46 Mis à jour à 15h00

Le chef bloquiste avait exprimé son souhait la veille de rencontrer Mme Elghawaby. « Je veux d’abord la rencontrer pour qu’elle essaie de m’expliquer ce qu’il y a de nouveau dans sa vision de la relation entre la laïcité et l’islamophobie, ce qui pour moi n’existe somme toute pas », avait affirmé M. Blanchet en mêlée de presse.

Lors de la période des questions, Justin Trudeau s’était engagé à faciliter cette rencontre. Il estime toujours qu’Amira Elghawaby est la bonne personne pour mener la lutte contre l’islamophobie au pays.

Toujours « profondément blessé par ses propos », le ministre du Patrimoine canadien, Pablo Rodriguez, a également sollicité une rencontre avec elle qui doit avoir lieu « dans les prochains jours ». « Sa job, c’est de trouver un dialogue. Moi, je suis prêt à discuter », a-t-il affirmé en mêlée de presse mardi.

Il n’a pas voulu se prononcer sur de nouveaux écrits controversés signés par Mme Elghabawy. La chroniqueuse avait notamment fait le lien dans le Toronto Star en 2013 entre les Québécois et une citation tirée du livre A Fair Country de John Raltson Saul où il décrivait dans le monde occidental du 19e siècle « la crainte de la perte de pureté – sang pur, race pure, traits et valeurs nationaux purs et liens. »

« Il aurait pu autant écrire sur le Québec d’aujourd’hui », avait-elle écrit dans un texte qui critiquait la charte des valeurs présentée à l’époque par le gouvernement péquiste de Pauline Marois.

Malgré les déclarations controversées qui s’accumulent depuis près d’une semaine, le premier ministre Justin Trudeau continue de défendre sa nomination.

« J’appuie à 100 % Amira Elghawaby », a-t-il affirmé à son entrée pour la réunion hebdomadaire du cabinet mardi.

PHOTO SEAN KILPATRICK, LA PRESSE CANADIENNE

« J’appuie à 100 % Amira Elghawaby », a affirmé M. Trudeau à son entrée pour la réunion hebdomadaire du cabinet mardi.

« Elle a démontré tout au long de ses années de travail une sensibilité, une ouverture et une rigueur dont on a besoin maintenant, a-t-il ajouté. Je comprends que faire face à l’islamophobie, ça va exiger des conversations importantes et parfois difficiles, mais on a besoin de quelqu’un qui s’y connaît, qui est ancré à fond et je sais que c’est la bonne personne. »

À Québec, cette nomination ne passe pas. Le ministre responsable de la Laïcité, Jean-François Roberge, a demandé lundi la démission de Mme Elghawaby parce qu’elle « n’a fait que tenter de justifier ses propos odieux » au lieu de les retirer et de s’excuser. Il souhaitait également la rencontrer, mais il ne l’a pas sollicitée ni a-t-il reçu une invitation.

Dans une chronique publiée en juillet 2019 dans le quotidien Ottawa Citizen, Amira Elghawaby écrivait que « la majorité des Québécois semblent influencés non pas par la primauté du droit, mais par un sentiment antimusulman ». L’article était cosigné par Bernie Farber, président du Réseau canadien anti-haine et ex-directeur du Congrès juif canadien. Il dénonçait la Loi sur la laïcité de l’État (loi 21) qui interdit le port de signes religieux aux employés de l’État en position d’autorité, y compris les enseignants. Elle est contestée devant les tribunaux.

PHOTO JACQUES BOISSINOT, LA PRESSE CANADIENNE

Amira Elghawaby

Dans une entrevue avec La Presse, la semaine dernière, Mme Elghawaby avait défendu que sa chronique eût été mal comprise. « Je veux être très claire. Je ne crois pas que la vaste majorité des Québécois sont islamophobes », avait-elle affirmé.

Les deux auteurs s’étaient appuyés sur un sondage Léger réalisé en mai 2019 pour l’Association des études canadiennes, selon lequel 88 % des Québécois qui avaient une perception négative de l’islam appuyaient cette loi du gouvernement Legault.

À la suite de la publication de l’article de La Presse, le premier ministre Justin Trudeau lui avait demandé de clarifier ses propos. Elle a alors donné les mêmes explications sur Twitter. M. Trudeau s’est par la suite dit satisfait.

La Commission canadienne des droits de la personne a salué sur Twitter la nomination d’Amira Elghawaby. « Il s’agit d’une étape importante dans la lutte contre l’islamophobie au Canada », a-t-elle souligné.

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