Match Islanders-Canadien | Patrick Roy a tout eu, sauf ce qu'il ...

26 Jan 2024

Patrick Roy souhaitait que l’attention se porte sur le match. Ç’a été le cas. Il souhaitait se concentrer à simplement coacher son équipe. Il l’a fait. Il voulait la victoire dans ce qu’il a qualifié de « match de quatre points ».

Patrick Roy - Figure 1
Photo La Presse

C’est le seul bout qui lui a échappé.

Dans une soirée fertile en émotions, le Canadien a gâché le retour de l’enfant chéri au Centre Bell, l’emportant 4-3 sur les Islanders de New York.

Signe de la grandeur du moment, il y avait, pour une très rare fois au Centre Bell, autant, sinon plus, de journalistes autour de l’entraîneur de l’équipe visiteuse que dans la salle de conférence de Martin St-Louis. Ils étaient une bonne vingtaine autour de Roy, selon un décompte fait, n’ayons pas peur des mots, à vue de nez, tant la densité de population était élevée dans ce coin de l’aréna.

C’était normal, remarquez. Combien de fois l’entraîneur adverse reçoit-il la première ovation de la soirée ? C’est ce qui s’est passé pendant l’Ô Canada, quand l’écran géant s’est mis à faire défiler des images de Roy avec le Canadien, images où il est accompagné de son fidèle compagnon métallique que l’on appelle aussi Coupe Stanley, une autre de son fameux clin d’œil à Tomas Sandström et une du retrait de son chandail, soir de la grande réconciliation.

« Je tiens à remercier l’organisation du Canadien. C’était vraiment un beau geste. C’est très apprécié », a-t-il d’abord dit.

La réaction des partisans, ces mêmes partisans avec qui il s’était brouillé un certain soir de décembre 1995, était « extraordinaire, comme d’habitude. Ça a toujours été des partisans A1.

Je ne savais pas à quoi m’attendre. Je ne regarde jamais le tableau indicateur. Mais j’ai été pris à regarder et j’ai vu de quoi. Je l’ai dit tout le long : ce n’est pas moi, c’est l’équipe. Je voulais juste m’assurer d’être concentré.

Patrick Roy, entraîneur-chef des Islanders de New York

Roy voulait coacher, et en un sens, cette attention au moment de l’hymne national, plutôt que pendant une pause publicitaire, le lui a permis. Dès les dernières notes de l’Ô Canada, il a cogné son poing sur celui de son adjoint Doug Houda, puis celui de John MacLean, son homme de confiance, si on se fie au nombre de fois où il le consulte pendant un match.

Temps d’arrêt

PHOTO MARTIN TREMBLAY, LA PRESSE

Patrick Roy lors de la rencontre

Et il a coaché. Plus rapidement qu’il ne l’aurait souhaité, parce qu’après 12 minutes, c’était 3-0 Canadien. C’est là qu’il a demandé un temps d’arrêt, après conciliabule avec MacLean, puisqu’on en parle.

« Il voulait qu’on montre qu’on est résilients, qu’on a du caractère, a résumé l’attaquant Jean-Gabriel Pageau. On a eu plusieurs épreuves durant la saison. Il a été positif pendant son discours. C’était de revenir à la base pour travailler ensemble. C’est pour ça qu’on s’est donné une chance de revenir à la fin. »

Les caméras ont capté le temps d’arrêt, évidemment. Mais il y a aussi eu tous ces moments, notamment les pauses publicitaires, où Roy prenait tableau et crayon, rassemblait ses joueurs et leur suggérait des solutions. Ses joueurs y ont bien réagi – et ont été aidés par l’indiscipline du CH – puisqu’ils sont passés à 132 secondes de se rendre en prolongation et d’au moins obtenir un point.

Le paratonnerre

Le travail de Roy en vue de ce match avait toutefois commencé bien avant la mise en jeu.

Mercredi, à New York, il annonçait déjà ses couleurs : la séance au centre d’entraînement de l’équipe serait la seule avant le match. Pas d’exercice matinal à Montréal jeudi. Ce faisant, Roy a soustrait ses hommes à ce qui aurait été un vestiaire bondé. Les médias, c’est lui seul qui les a affrontés, en fin d’après-midi jeudi, à trois heures du match.

Ma concentration est beaucoup plus sur le match que sur autre chose. J’ai dit aux joueurs : “Ce n’est pas un match qui me concerne, c’est un match qui concerne notre équipe. On est dans une bataille pour les séries. C’est un match de quatre points et on se concentre sur le match.”

Patrick Roy, entraîneur-chef des Islanders de New York

L’ancien numéro 33 a profité de son mercredi soir dans la métropole québécoise pour prendre un premier souper avec ses adjoints. Son patron s’est quant à lui assuré de réserver une loge pour sa famille. « C’est ce que j’aime de Lou [Lamoriello]. Je peux me concentrer sur une chose : coacher », a dit Roy.

Cet aménagement dans l’horaire a été salué par Jean-Gabriel Pageau après le match.

« C’est vraiment un gars d’équipe. Tu peux voir pourquoi il a eu autant de succès dans sa carrière, pourquoi c’est un leader, un gamer. Il amène vraiment un bel esprit d’équipe, il voulait que l’attention soit sur notre match, pas sur tout ce qu’il y allait avoir autour, qui est d’ailleurs très mérité. On était un peu au courant de ce qui allait se passer. C’était un moment assez spécial pour nous. Mais la priorité était vraiment le match, et il a fait une excellente job. »

Une « excellente job », mais qui n’a pas valu deux points aux Insulaires en raison de nombreux cafouillages dans les 12 premières minutes. Ses chantiers sont nombreux, le désavantage numérique, par exemple.

Reste à voir si les Islanders apprendront à mieux réagir les prochaines fois où ils se retrouveront au cœur de l’attention. Ça leur arrivera de plus en plus souvent avec un entraîneur vedette en poste. On n’a qu’à penser au match en plein air qui les attend le 18 février, contre les Rangers, avec tous les yeux rivés sur eux. Ce match était à l’horaire bien avant le changement d’entraîneur, mais la trame narrative vient de changer.

C’est la rançon de la gloire, la différence entre un club dirigé par Lane Lambert et un club dirigé par Patrick Roy.

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