Meurtre de Sharron Prior | À Longueuil, une affaire vieille de 48 ans ...

24 May 2023

La police de Longueuil vient de résoudre un « cold case » remontant à 48 ans, en identifiant formellement le meurtrier de Sharron Prior, une adolescente enlevée dont le corps avait été retrouvé sur un terrain vague en 1975. C’est une nouvelle technologie d’analyse génétique de plus en plus répandue qui a permis d’y arriver.

Assistés du Laboratoire de science judiciaire et médecine légale (LSJML), les enquêteurs du Service de police de l’agglomération de Longueuil (SPAL) ont en effet eu recours à la « généalogie génétique » pour confirmer que le meurtrier était bien Franklin Romine, un Américain mort en 1982 à l’hôpital de Verdun.

Début mai, le SPAL avait confirmé que Romine était considéré comme un suspect dans le dossier, après que de nouveaux éléments de preuve eurent refait surface. Des tests d’ADN devaient néanmoins encore avoir lieu. L’homme mort à l’âge de 36 ans traînait un lourd casier judiciaire au Québec et aux États-Unis pour effraction et viol, notamment.

La victime, Sharron Prior, avait quitté son domicile dans le quartier Pointe-Saint-Charles, dans le sud-ouest de Montréal, le soir du 29 mars 1975. Elle se rendait voir des amis dans une pizzeria près de chez elle, mais n’est jamais arrivée à destination. Trois jours plus tard, son corps a été retrouvé dans un boisé à Longueuil.

PHOTO CHRISTINNE MUSCHI, LA PRESSE CANADIENNE

La police de Longueuil a identifié formellement le meurtrier de Sharron Prior. Il s’agit de Franklin Romine, un Américain mort en 1982 à l’hôpital de Verdun.

La sœur cadette de la victime, Doreen Prior, a déclaré mardi que la famille était soulagée de la conclusion de l’affaire. « La résolution ne ramènera pas Sharron, mais savoir que son assassin n’est plus sur terre et ne peut plus tuer nous permet un peu de tourner la page », a-t-elle dit. Maureen Prior, sœur jumelle de Doreen, a quant à elle remercié les enquêteurs de ne jamais avoir abandonné l’affaire.

Très long processus

Pour identifier le meurtrier, les enquêteurs ont d’abord établi un lien entre de l’ADN prélevé sur une pièce à conviction, récupérée sur la scène du crime, et celui d’une famille américaine établie en Virginie-Occidentale. Ce sont deux des frères de Romine qui ont donné des échantillons d’ADN à la police.

Les autorités ont alors découvert qu’un membre de cette famille « habitait Montréal au moment du meurtre et qu’il était décédé en 1982 à l’hôpital de Verdun ». La dépouille de l’homme était toutefois enterrée dans un cimetière de la collectivité dont il était originaire en Virginie-Occidentale, aux États-Unis.

Un mandat a donc été obtenu après des démarches judiciaires étalées sur plusieurs mois pour procéder à l’exhumation du corps de Franklin Romine dans un cimetière de Putnam County, ce qui a finalement été fait le 2 mai dernier. Une vidéo diffusée mardi par le SPAL montre d’ailleurs des enquêteurs sur place, au moment où une pelle mécanique sert à ladite exhumation.

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À l’issue de cette délicate opération, un prélèvement d’ADN a été fait sur la dépouille du suspect, qui a ensuite été comparé à l’ADN qui avait initialement été retrouvé sur la scène du crime. Résultat : « ces expertises biologiques ont confirmé à 100 % que Franklin Romine, né le 2 avril 1946, était bel et bien le tueur que les policiers tentaient d’identifier depuis près de 5 décennies », indique le SPAL dans un communiqué.

Comme Franklin Romine est aujourd’hui mort, « cette confirmation d’identité vient clore ce cold case et ne mènera à aucune accusation devant les tribunaux canadiens », précise toutefois le SPAL.

La police longueuilloise affirme que la nouvelle a rapidement été communiquée aux membres de la famille de Sharron Prior « et plus particulièrement à la mère de Sharron, Yvonne Prior, qui avait multiplié les sorties au fil des ans pour trouver le meurtrier de sa fille ». Une rencontre « empreinte de beaucoup d’émotions » a d’ailleurs été tenue dans les derniers jours avec Mme Prior.

Technologie moderne, mais…

Au mois de février, La Presse avait consacré un dossier complet à la généalogie génétique, une technique qui permet de croiser l’ADN d’un suspect avec les millions de profils ADN qui se retrouvent dans de nombreuses bases de données sur la généalogie alimentées par des gens qui font de plus en plus leur arbre généalogique en ligne.

Selon le SPAL, cette méthode « redonnera sans doute espoir à des dizaines et des dizaines de familles de victimes qui sont toujours aujourd’hui en quête de réponses ».

« Bien que cette technique ne soit pas applicable à tous les dossiers non résolus, le SPAL et ses partenaires s’engagent à ne négliger aucune piste et à utiliser tous les outils mis à leur disposition afin de permettre aux familles et aux proches des victimes de ces meurtres d’obtenir les réponses tant souhaitées », a également martelé le corps policier. « Notre but, c’est dans les prochaines années d’en avoir deux ou trois par année », a mentionné l’inspecteur-chef Pierre Duquette, du SPAL.

Au Québec, Emmanuel Milot, professeur de génétique et de science médico-légale à l’Université du Québec à Trois-Rivières, avait toutefois prévenu que cette méthode novatrice devrait être encadrée. « Si on parle d’un crime très grave, je pense que la population va comprendre et être d’accord. Mais qu’est-ce qui se passe dans le cas d’un crime moins grave ? Est-ce qu’on va le faire ? », s’était-il interrogé.

avec La Presse Canadienne

L’histoire jusqu’ici 29 mars 1975

Sharron Prior quitte son domicile dans Pointe-Saint-Charles. Elle devait aller voir des amis dans une pizzeria, mais n’arrivera jamais à destination. Trois jours plus tard, son corps est retrouvé dans un boisé à Longueuil.

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