Effondrement d'un pont à Baltimore | Recherches pour six ...

27 Mar 2024

(Baltimore) Les autorités de Baltimore sur la côte est des États-Unis se préparent mercredi à une opération de récupération des corps des six personnes présumées mortes après l’effondrement spectaculaire d’un pont percuté par un porte-conteneurs.

Pont Baltimore - Figure 1
Photo La Presse

Ces six personnes faisaient partie d’une équipe d’ouvriers des travaux publics réparant des nids de poule sur le pont autoroutier Francis Scott Key lors de son effondrement mardi dans le Patapsco vers 1 h 30 (1 h 30 heure de l’Est).

Mardi soir, les secours ont suspendu les recherches de survivants, après 16 heures de quête dans des eaux glaciales qui avaient permis de retrouver deux rescapés, dont l’un grièvement blessé.

Les autorités avaient déployé de nombreux moyens par air, sur terre, en mer et même sous l’eau. Mais faute d’espoir dorénavant de retrouver des survivants et face aux conditions difficiles, le vice-amiral des gardes-côtes Shannon Gilreath a annoncé aux journalistes la suspension de « la phase active de recherches ».

« Nous passons simplement à une nouvelle phase » des secours, a-t-il ajouté, un autre responsable précisant que des plongeurs seraient sur place dès les premières heures mercredi.

PHOTO JULIA NIKHINSON, REUTERS

Parmi les victimes potentielles figurent des ouvriers qui travaillaient sur l’ouvrage, qui enjambe l’embouchure du fleuve Patapsco.

« Mon cœur est avec les familles ce soir et les jours à venir », a déclaré dans un communiqué le maire de Baltimore, Brandon Scott.

Selon l’organisation caritative Casa spécialise dans l’aide aux immigrés, l’un des disparus, Miguel Luna, est père de trois enfants. Originaire du Salvador, il est parti travailler lundi en fin de journée et n’est pas revenu.

Pont Baltimore - Figure 2
Photo La Presse
« Anéantie »

Son épouse, Maria del Carmen Castellon, s’est dite à la télévision hispanisante Telemundo 44 « anéantie » par l’attente de nouvelles.

Deux des autres disparus étaient originaires du Guatemala, selon les autorités de ce pays. Des ressortissants du Mexique et du Honduras figurent également parmi eux, selon le site local d’information The Baltimore Banner.

« Mon cœur souffre », a confié Jesus Campos qui travaillait avec les disparus. « Ce sont des êtres humains et ce sont mes collègues ».

Désolé, votre navigateur ne supporte pas les videos

Le bilan de ce « terrible accident », selon les mots du président Joe Biden, aurait été pire si le navire, qui a subi une « perte momentanée de propulsion », n’avait réussi à lancer un appel de détresse.

Cette alerte a permis aux autorités de couper une partie du trafic routier. L’enquête préliminaire montre qu’il s’agit d’un accident, selon les autorités.

Des images impressionnantes de vidéosurveillance montrent le porte-conteneurs MV Dali, dévier de son cap et heurter une pile de ce pont inauguré en 1977, faisant s’écrouler plusieurs arches dans le port.

Dans ces vidéos, on aperçoit des lumières de véhicules de maintenance sur le pont, avant qu’il ne se déforme et ne tombe en morceaux.

L’équipage, indemne, a rapidement tenté de ralentir sa course en jetant l’ancre, sans réussir à éviter la collision.

« Le pont tout entier vient de s’effondrer ! Démarrez, démarrez, n’importe qui… tout le monde… », a lancé sur la fréquence radio des secours un opérateur, dans les secondes qui ont suivi la chute.

Reconstruction

Jennifer Woolf a failli perdre son fils de 20 ans : il a emprunté le pont trois minutes avant le drame. « Il est rentré à la maison en panique, en pleurs, tremblant », a confié à l’AFP l’Américaine de 41 ans, rencontrée dans une station-service devenue carrefour des secours et des habitants, choqués.

Joe Biden s’est engagé à ce que le pont, qui porte le nom du poète auteur des paroles de l’hymne national américain, soit reconstruit, en admettant que cela prendrait du temps. Voulant devancer les assureurs, le président a dit vouloir « que l’État fédéral paie la totalité du coût de la reconstruction ».

Pont Baltimore - Figure 3
Photo La Presse
Désolé, votre navigateur ne supporte pas les videos

Car l’enjeu est économique : ce pont à quatre voies, long de 2,6 km, est situé sur un axe nord-sud crucial pour l’économie de la côte est des États-Unis.

Et avec un accès au port obstrué par les débris du pont, le transport maritime y est « suspendu jusqu’à nouvel ordre », ont fait savoir les autorités. Le port de Baltimore est le neuvième du pays en termes d’activité et génère plus de 15 000 emplois.

Le ministre des Transports Pete Buttigieg a alerté sur un « impact majeur et prolongé sur les chaînes d’approvisionnement ».

Le MV Dali, est un porte-conteneurs récent, long de 300 mètres pour 48 mètres de largeur, battant pavillon singapourien, et qui appareillait vers le Sri Lanka.

PHOTO NATHAN HOWARD, REUTERS

Il était exploité par la société maritime Synergy Group et affrété par le géant danois du transport maritime Maersk.  

Les autorités portuaires de Singapour ont déclaré mercredi qu’il avait passé avec succès deux inspections en 2023 et qu’une jauge de contrôle de la pression du carburant défectueuse avait été réparée en juin.

Les autorités portuaires chiliennes avaient signalé en 2023 un défaut dans les machines du navire, une anomalie rapidement réparée par l’armateur selon la marine chilienne.

Jennifer Homendy, patronne de l’agence américaine de sécurité des transports (NTSB), a expliqué à la presse depuis Baltimore que la récupération des enregistreurs de données du porte-conteneurs serait cruciale pour l’enquête, menée avec les garde-côtes.

Elle a précisé avoir discuté avec son homologue de Singapour, qui devrait venir à Baltimore dans les prochains jours, tout comme des responsables des autorités portuaires de la cité-État.

« Le pont tout entier vient de s’effondrer » : dans la radio des secours à Baltimore

« J’ai besoin de l’un de vous côté sud, un autre au nord, stoppez toute la circulation sur le pont Key ! », lance un opérateur sur le réseau radio des secours de la région.

« Il y a un bateau qui s’approche et qui a perdu sa direction, donc tant qu’il n’a pas repris le contrôle, on doit bloquer tout le trafic. »

Quelques secondes après un premier message, une autre voix s’entend dans les grésillements : « j’ai bloqué tout le trafic », visiblement d’un côté du pont.

« Il y a une équipe qui travaille sur le pont-là ? » demande quelqu’un.

« Si on arrive à bloquer tout le passage, fais en sorte qu’il n’y ait personne sur le pont-là, je ne suis pas sûr… S’il y a une équipe là-haut, tu peux essayer de prévenir leur chef, il faut qu’on essaye de les évacuer temporairement », crache encore la radio des secours dans les dizaines de secondes avant l’impact.

« 10-4, quand l’autre équipe débarque, je vais monter sur le pont. […] Quand tu arrives, je vais y aller et récupérer les travailleurs sur le pont Key », lance un membre des secours au travers des crépitements radio.

Avant que l’histoire ne bascule.

Une voix prend le micro et annonce, pleine de surprise. « Le pont tout entier vient de s’effondrer, démarrez, démarrez, n’importe qui… tout le monde… le pont tout entier s’est écroulé ».

« On sait si tout le passage était bloqué ? »

« Je peux pas aller de l’autre côté, Monsieur ! », répond une voix agacée, « le pont est tombé ».

Read more
Similar news
This week's most popular news