Transfert de Paul Bernardo : la décision était judicieuse et conforme ...
La décision de transférer le meurtrier notoire Paul Bernardo d'un pénitencier à sécurité maximale en Ontario vers un établissement à sécurité moyenne au Québec était judicieuse et conforme, selon un rapport du Service correctionnel du Canada. La commissaire du service, Anne Kelly, a présenté son rapport, jeudi, après avoir ordonné une révision de la décision à la suite du tollé que cette dernière avait soulevé au pays.
Dans un rapport de 94 pages, la commissaire du Service correctionnel, Anne Kelly, affirme d'entrée de jeu qu'elle déplore que le transfert de Paul Bernardo au printemps ait pu causer de la douleur et des préoccupations aux familles des victimes.
Mme Kelly souligne en outre que les familles des victimes de l'assassin ont été informées avant la présentation du document.
Il ne fait aucun doute que Paul Bernardo a commis des crimes odieux et inconcevables, dit-elle à Ottawa.
Mme Kelly affirme que le Service correctionnel souhaite que justice soit rendue dans cette affaire et rappelle que l’incarcération fait partie de cette punition.
Je peux vous assurer que nous veillons à ce qu’il soit maintenu en incarcération dans un établissement sécurisé, poursuit-elle.
Anne Kelly est la commissaire du Service correctionnel du Canada.
Photo : La Presse canadienne / Adrian Wyld
Il reste que la réhabilitation est, selon elle, un des critères fondamentaux de la justice au pays, même si certains délinquants resteront en détention pour le reste de leur vie.
Il n'empêche, le comité d’examen a conclu que les décisions visant à abaisser la cote de sécurité de Bernardo du stade maximum à moyen étaient judicieuses et conformes à toutes les lois et les politiques applicables.
Je tiens à préciser qu’un détenu peut être renvoyé dans un établissement de niveau de sécurité supérieur à tout moment si cela est jugé nécessaire, pour assurer la sécurité du public, ajoute-t-elle.
Mme Kelly rappelle que Paul Bernardo demeure un délinquant dangereux au sens de la loi et que son nouvel établissement carcéral au Québec est très sécuritaire.
Selon son évaluation, il représente toujours un risque élevé pour la sécurité du public, confirme-t-elle.
Un dessin de cour de Paul Bernardo lors de sa première audience au sujet de sa libération conditionnelle en octobre 2018.
Photo : La Presse canadienne / Greg Banning
Le système aurait dû faire mieux, a reconnu le ministre fédéral de la Sécurité publique, Marco Mendicino, dans un communiqué.
Il faut en faire davantage pour que les victimes soient au premier plan des décisions – et je suis déterminé à faire en sorte que ce soit accompli.
Le ministre a souligné que les politiciens doivent respecter l'indépendance du système correctionnel, même si de nombreux Canadiens sont très déçus par les résultats de réexamen. Il a rappelé que le gouvernement a cependant le pouvoir d'adopter des politiques pour assurer la sécurité du public et respecter les victimes.
Marco Mendicino a rappelé que Paul Bernardo demeure « derrière les barreaux, sous stricte surveillance, entouré d'une double clôture de barbelés ». (Photo d'archives)
Photo : La Presse canadienne / Adrian Wyld
C'est pourquoi j'ai émis aujourd'hui une directive ministérielle demandant au Service correctionnel du Canada de mettre en oeuvre des mesures concrètes pour s'assurer que les victimes soient prises en compte lors du transfèrement d'un détenu, écrit Marco Mendicino.
À Toronto, le chef conservateur Pierre Poilievre a déclaré qu’il pensait aux familles des victimes qui doivent revivre le même cauchemar avec ce monstre.
M. Poilievre ne blâme pas la commissaire Anne Kelly. Elle a simplement mis en pratique les lois adoptées par le gouvernement libéral de Justin Trudeau.
Le chef conservateur fédéral Pierre Poilievre demande à Justin Trudeau de changer la loi, comme le propose son parti.
Photo : Radio-Canada
M. Bernardo devrait être dans une prison à sécurité maximale pour le reste de sa vie. C’est la moindre des choses que l’on puisse faire pour les victimes.
Il presse le gouvernement de modifier les lois pour faire en sorte que les détenus qui ont commis plus d’un meurtre demeurent incarcérés dans les pénitenciers à sécurité maximale.
Meurtres de Kristen French et Leslie MahaffyPaul Bernardo a été reconnu coupable en septembre 1995 des rapts, des viols et des meurtres prémédités de deux adolescentes dans le Niagara en 1992. Il avait été arrêté en 1993.
Il a également été reconnu coupable d'homicide involontaire au sujet de la mort, en 1990, de Tammy Homolka, la sœur de 15 ans de son ex-épouse, Karla Homolka.
L'individu de 58 ans a été condamné à la prison à vie sans possibilité de libération conditionnelle avant 25 ans.
La décision de l'envoyer dans un établissement à sécurité moyenne avait été vivement critiquée au point de forcer la commissaire Kelly à ouvrir une enquête à ce sujet.
En Ontario, le premier ministre Doug Ford avait déclaré que Paul Bernardo devrait pourrir dans une prison à sécurité maximale pour le reste de sa misérable existence.
Nous sommes de tout cœur avec les victimes et leurs familles, avait-il ajouté.
Les propos de Doug Ford avaient été repris par l'avocat des familles des victimes de Bernardo, Tim Danson.
Tim Danson s'adresse aux médias après l'audience de Paul Bernardo devant la Commission des libérations conditionnelles en juin 2021 au sujet de la seconde demande de libération du meurtrier.
Photo : Radio-Canada
L'avocat représente les proches des adolescentes Kristen French, 15 ans, et Leslie Mahaffy, 14 ans.
Me Danson avait appelé le Service correctionnel à être plus transparent au sujet de ses décisions en matière de transfert de prisonniers vers des pénitenciers à sécurité intermédiaire.
Il avait expliqué qu'il avait été informé par téléphone par le Service correctionnel, mais que l'agence fédérale avait refusé de répondre à ses questions au sujet de ce transfert pour des raisons de vie privée et de confidentialité.
Le comité de révision du Service correctionnel a formulé deux recommandations à ce sujet.
Le Service devra dorénavant communiquer les conclusions de cet examen et les recommandations aux victimes inscrites avant toute divulgation d’information aux médias ou au public.
Le Service devra ensuite renforcer le processus de notification aux victimes et leurs proches en mettant sur pied un comité qui se consacrera à cet effort pour qu'ils soient mieux informés de ses décisions dans l'avenir.