Paul Bernardo | Un transfert justifié, dit Service correctionnel du ...

20 Jul 2023

(Ottawa) La décision de transférer le tueur et violeur en série Paul Bernardo d’un pénitencier à sécurité maximale à un établissement à sécurité moyenne était « judicieuse » et conforme aux lois en vigueur, a conclu la commissaire du Service correctionnel du Canada (SCC), Anne Kelly.

Paul Bernardo - Figure 1
Photo La Presse

Publié à 14h11 Mis à jour à 16h32

C’est donc bel et bien derrière les barreaux de l’établissement de La Macaza, dans les Laurentides, que Paul Bernardo continuera à purger sa peine d’emprisonnement à perpétuité pour meurtre prémédité (deux chefs), enlèvement (deux chefs), agression sexuelle grave (deux chefs) et indignité envers un cadavre humain.

« On a fait valoir que [s’il] était incarcéré à l’Établissement de La Macaza, il n’aurait pas un plus grand accès à la collectivité, car le périmètre de l’établissement est sécurisé et contrôlé, et ses déplacements et contacts avec d’autres délinquants seraient réglementés et surveillés », lit-on dans le rapport de 84 pages.

L’examen a été réalisé dans la foulée de l’annonce du transfert du criminel notoire maintenant âgé de 58 ans.

En conférence de presse à Ottawa, la commissaire Anne Kelly a affirmé que les résultats des tests de « ce détenu » – elle a nommé Paul Bernardo une seule fois avant de le qualifier ainsi, par respect pour les proches de ses victimes – correspondaient à ceux des détenus incarcérés dans des pénitenciers à sécurité moyenne.

« L’un des principes directeurs de la loi consiste à prendre les mesures les moins privatives de liberté. Pour appliquer ce principe, nous tenons compte de nombreux facteurs, dont le risque pour la sécurité du personnel et du public, les droits des victimes, ainsi que le traitement sûr, sécuritaire, et humain », a-t-elle affirmé.

« Et on se doit de trouver l’équilibre parfait », a ajouté Anne Kelly, se disant « désolée pour toute douleur » que cette affaire a pu raviver chez les proches des victimes. Et le SCC s’assurera que Paul Bernardo, auteur de « crimes odieux et inconcevables », soit « maintenu en incarcération dans un établissement sécurisé ».

L’homme est sous les verrous depuis 1993 pour l’enlèvement, la torture et les meurtres de Kristen French, 15 ans, et de Leslie Mahaffy, 14 ans, qui ont eu lieu au début des années 1990. Avant de prendre la direction de La Macaza, il était à l’établissement à sécurité maximale de Millhaven, près de Kingston, en Ontario.

« Je suis allée aux deux pénitenciers. Il [Bernardo] est dans une cellule. Le contrôle du périmètre de sécurité, la hauteur des clôtures, les patrouilles armées, tout cela est pareil. Dans les deux établissements, les détenus peuvent recevoir des visiteurs [et] avoir accès à des programmes éducatifs », a-t-elle illustré.

« On a même demandé si les détenus avaient des repas différents selon le niveau de sécurité. Non. Le menu est le même, qu’on soit à sécurité minimale, moyenne ou maximale », a poursuivi la commissaire, qui est au SCC depuis une quarantaine d’années.

Un ministre sur la sellette

L’affaire a plongé le ministre de la Sécurité publique Marco Mendicino dans l’eau chaude. Les conservateurs ont réclamé sa démission, l’accusant d’avoir menti lorsqu’il a déclaré qu’il avait appris le transfert après que celui-ci est survenu.

PHOTO JUSTIN TANG, ARCHIVES LA PRESSE CANADIENNE

Le ministre de la Sécurité publique, Marco Mendicino

Selon des informations de CBC, le bureau du ministre aurait été informé par le SCC du transfert à venir le 2 mars, puis le 25 mai, avec cette fois un avis que le transfert était à venir dans quatre jours. Marco Mendicino en aurait seulement été informé le 30 mai, soit le lendemain du transfert.

Trois jours plus tard, le 2 juin, il réagissait avec force à la décision « choquante » et « incompréhensible ».

Au moment où la commissaire s’adressait aux médias, le Ministère a publié sur son site web une directive visant à éviter que ce genre de situation ne se reproduise. Celle-ci prévoit qu’à l’avenir, le SCC entre en contact avec les victimes avant, et non après, tout transfèrement de délinquant sous responsabilité fédérale.

Il faudra aussi désormais qu’« avant de transférer un délinquant notoire à un niveau de sécurité réduit, le commissaire du SCC ou son délégué en avise officiellement et directement le ministre de la Sécurité publique », est-il énoncé.

À maintes reprises pendant la conférence de presse, la commissaire Anne Kelly s’est réfugiée derrière la nouvelle directive en réaction à des questions sur le cafouillage, lequel pourrait priver Marco Mendicino de sa voiture de ministre lors d’un remaniement qui pourrait avoir lieu la semaine prochaine.

Le chef conservateur Pierre Poilievre s’est indigné non pas des conclusions de l’examen, mais de l’approche libérale qui a, selon lui, guidé la décision. « Quand je serai premier ministre, je ferai adopter une loi pour que tous les tueurs de masse, comme Paul Bernardo, restent dans des prisons à sécurité maximale », a-t-il dit.

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