Le Québec pleure Michel Côté

Les réactions se sont multipliées lundi à la suite du décès de Michel Côté. Tous ont salué l’acteur de grand talent qu’il était, mais ont également vanté les qualités personnelles de l’homme, qui avait su garder les deux pieds sur terre, en dépit de l’une des carrières les plus prolifiques du cinéma québécois.

« C’était un être exceptionnel, qui apportait la bonne humeur sur un plateau. Il avait toujours le sourire », souligne le réalisateur Érik Canuel, à qui l’on doit Le dernier tunnel, dans lequel Michel Côté partageait l’affiche avec Jean Lapointe en 2004.

Érik Canuel n’hésite pas à parler de Michel Côté comme de l’un des acteurs les plus talentueux de sa génération. Un comédien qui ne boudait pas son plaisir à participer à des projets grand public, même si sa carrière était ponctuée d’incursions dans le cinéma d’auteur.

« Il était fier d’être un acteur populaire. Il ne se cachait pas pour dire qu’il aimait que les salles soient remplies. Il préférait la comédie. Pourtant, il pouvait très bien jouer le drame. Je pense même que c’était ses meilleures performances », observe son grand ami Marc Messier.

Acteur chevronné

« Il avait une grande palette », seconde le comédien Pierre-Luc Brillant, qui a joué l’un de ses fils dans l’inoubliable C.R.A.Z.Y., de Jean-Marc Vallée. « Son talent, c’était que même dans ses rôles les plus comiques, il savait aller au-delà de la caricature et être touchant. Il réussissait à donner une humanité à ses personnages. Le plus bel exemple de ça, c’est Cruising Bar. À l’inverse, dans ses rôles les plus dramatiques, comme dans C.R.A.Z.Y., il réussissait aussi toujours à garder une bonhomie. »

Une bonhomie qui n’était pas si éloignée du Michel Côté du quotidien. Pierre-Luc Brillant raconte que l’ambiance sur le plateau de C.R.A.Z.Y. pouvait parfois être lourde au gré des humeurs de Jean-Marc Vallée. Mais Michel Côté avait toujours le mot juste pour détendre l’atmosphère.

« C’était quelqu’un d’une drôlerie incroyable. Quand il arrivait sur le plateau, on savait qu’on allait avoir du plaisir, même quand on tournait des scènes très difficiles », note Danielle Proulx, qui jouait son épouse dans C.R.A.Z.Y. L’actrice sera éternellement reconnaissante pour la manière dont Michel Côté s’est comporté avec elle lorsqu’elle a perdu sa mère durant le tournage du film.

Un grand frère

Véritable boute-en-train sur les plateaux de tournage, Michel Côté appréhendait néanmoins son métier avec sérieux. « C’était un travaillant, un perfectionniste. Cela ne paraît pas, mais la comédie, cela demande d’être pointilleux pour réussir à être drôle et Michel l’était », souligne Claude Meunier, l’un des auteurs de Broue, la pièce mythique dans laquelle l’acteur a joué de 1979 à 2017. Ils se sont retrouvés au début des années 1990, quand Michel Côté l’a contacté pour lui proposer l’ajout d’un personnage secondaire dans La petite vie. Ainsi est né le fameux Jean-Lou.

À la même époque, Michel Côté tenait la vedette dans la série policière Omertà avec Luc Picard, alors en début de carrière. Ce dernier fut marqué par la grande humilité de Michel Côté, pourtant l’un des acteurs les plus connus et admirés du Québec. « Il a été très généreux avec moi. Il a été comme un grand frère », confie Luc Picard.

Louis-José Houde ne pouvait espérer lui non plus meilleur partenaire de jeu pour son premier grand rôle au grand écran, dans De père en flic. « C’était un monsieur fier, et on le sentait tout de suite quand il rentrait dans une pièce. Il imposait le respect, mais il était aussi très respectueux de tout le monde en retour, peu importe notre place dans la hiérarchie. Ce n’était pas du tout un gros ego du show-business ! Il a été tellement chaleureux avec moi. J’étais très stressé de faire ce film, mais il m’a tout de suite mis à l’aise », se remémore Louis-José Houde, avec un mélange de tristesse et de sourire dans la voix.