Le Québec pleure le décès de Michel Côté

La vague d’hommages à la vie et à l’œuvre de Michel Côté, décédé lundi, est à l’image de la sympathie que lui portait le public : immense. Que ce soit dans la classe politique, dans l’opinion populaire ou chez ses collègues artistes, il faisait partie des personnalités québécoises faisant consensus.

C’était un immense comédien, mais une immense personne aussi. Il avait énormément de caractère, énormément de passion, énormément de sensibilité, a affirmé sur les ondes d’ICI RDI Claude Meunier, ami de longue date de Michel Côté qui a notamment partagé l’écran avec lui dans La p’tite vie et qui a coécrit la pièce Broue.

« C’est quelqu’un de la trempe de Jean Duceppe. On perd quelqu’un d’immense ce matin. »

L’humoriste et comédien a souligné la polyvalence de son collègue, qui pouvait jouer dans tous les registres : Il était à peu près unique dans son genre et dans son ampleur de comédien. Il pouvait jouer Jean-Lou [dans La p’tite vie] et aller jouer dans Omertà, la loi du silence une demi-heure après.

Claude Meunier s’est aussi rappelé le perfectionnisme de Michel Côté, pour qui la comédie était une science presque exacte. Il fallait être sur la note, Michel était très pointilleux là-dessus. On avait une garantie de succès avec lui.

Le comédien Michel Côté

Photo : Radio-Canada

L'ascension vers la gloire de Michel Côté s'est amorcée en 1974 avec le groupe de théâtre Les Voyagements, qu'il a créé en tout début de carrière avec sa femme, Véronique Le Flaguais, et ses complices Marcel Gauthier et Marc Messier. On lui doit notamment le mégasuccès Broue.

Michel et moi, on avait l’impression qu’on se mettait un petit veston et qu’on pouvait convaincre le monde entier, se rappelle Marc Messier, qui s'est joint à la troupe peu après avoir quitté les bancs d'école.

« On était comme des frères. Michel savait que je serais toujours là pour lui, et je savais qu’il serait toujours là pour moi. »

Marc Messier se souviendra de son grand ami Michel Côté, avec qui il a aussi joué dans La petite vie, comme une personne intéressante, drôle, brillante, intelligente… lucide. Alors, ça a été de belles années, résume-t-il, la voix étranglée.

Luc Picard, qui a joué avec Michel Côté dans la série Omertà, la loi du silence, parle celui qui incarnait l'enquêteur Pierre Gauthier comme d’un homme fier, mais humble. Michel était fier, c’en était quasiment comique, c’est un monsieur qui était fier de sa personne. C’était super attachant, a expliqué le comédien à l’émission Pénélope lundi matin.  

Ensuite, il y avait l’amour de son pays, des gens, de sa famille, de son métier. C’était un grand amoureux et il partageait ça avec le monde. Ça ne se trahit pas, ça, parce que ça part d’une place tellement sincère. Il n’aurait pas pu être phony ou fake, même s’il s’était forcé.

Un constat partagé par Benoît Brière, qui a repris le flambeau de la pièce Broue avec Martin Drainville et Luc Guérin.

C’est un gars qui ne se prenait pas la tête, qui ne se prenait pas pour un autre, a-t-il affirmé, toujours au micro de Pénélope McQuade. C’est le petit frère, c’est le grand frère, c’est le mononc’, c’est le cousin, c’est l’ami. C’est ça qui vient de partir. C’est ça qui est dur.

Michel Côté, Michel Dumont et Luc Picard dans «Omertà : la loi du silence».

Photo : Omertà: la loi du silence

Luc Dionne, auteur d'Omertà, se souvient aussi de son sérieux sur les plateaux de tournage, même s’il pouvait être très drôle.

C’était très stimulant de travailler avec lui, car c’était quelqu’un qui était très exigeant envers lui-même, et c’était aussi quelqu’un de très généreux, a-t-il affirmé à ICI RDI. Généreux, comme lorsqu’il l’épaulait pour peaufiner ses personnages, ou quand il a passé de longues journées avec l’auteur à plancher sur l’adaptation d’Omertà pour le grand écran.

Il prenait soin de tout le monde sur une équipe de tournage. Il avait compris ça, Michel. Les techniciens, c’est important. Luc Dionne retiendra aussi l’immense joie de vivre du comédien, qui avait une façon spéciale de voir les gens et la vie en général.

Extrait de la pièce «Broue» avec Michel Côté, Marcel Gauthier et Marc Messier, à l'émission «Superstar», le 8 février 1987

Photo : Radio-Canada

La comédienne et autrice Francine Ruel se souvient aussi de Michel Côté comme un homme généreux, qui souhaitait faire une place à tout le monde. C'est d'ailleurs lui qui l'avait convaincue d'écrire pour Broue, aux côtés de Claude Meunier, Jean-Pierre Plante et Louis Saïa, même si la jeune artiste n'avait pas encore 100 % confiance en ses moyens.

Il m’a dit : "Je tiens à ce qu’une fille donne sa parole dans ce spectacle-là", et il a ajouté – petit détail à la Michel Côté – "Francine, dis oui s’il-te-plaît, toutes les filles de Montréal ont dit non", s'est rappelé l'autrice sur les ondes de RDI.

Guylaine Tremblay, autre poids lourd du petit et du grand écran au Québec, a parlé du vide immense qu’allait laisser le départ de Michel Côté, avec qui elle a joué dans La p’tite vie. Pour moi, Michel, c’était vraiment l’image totale du comédien qui aimait son métier, a-t-elle mentionné en entrevue avec RDI. 

On a eu de superbes fous rires, a-t-elle ajouté. Il était tellement rassurant, tellement enveloppant, tellement généreux; on faisait partie de la famille avec lui.

Louis-José Houde, qui formait un duo père-fils avec Michel Côté dans De père en flic (2009) et De père en flic 2 (2017), a décrit son collègue sur sa page Facebook comme une force de la nature, un grand maître [et] un homme bon.

Michel Côté et Louis-José Houde dans la comédie «De père en flic» (2009), d'Émile Gaudreault.

Le décès de Michel Côté se fait ressentir bien au-delà du milieu artistique, notamment du côté de nos politiciens et politiciennes, à commencer par le premier ministre, François Legault.

Michel Côté, un de nos grands comédiens, s’est éteint aujourd’hui. Je ris encore aux éclats de Broue, de Cruising Bar, de La petite vie, mais je me souviens aussi de son touchant rôle dans C.R.A.Z.Y., a-t-il écrit sur Twitter, rappelant que l'acteur devait être décoré de l'Ordre national du Québec dans quelques semaines.

Michel Côté était sans contredit l'un des acteurs les plus respectés – et talentueux – au Québec. Son décès laisse un vide immense dans la culture québécoise et le pays tout entier, a a ajouté le premier ministre du Canada, Justin Trudeau, sur la même plateforme.

Loin des querelles de l’Assemblée nationale, les cheffes et chefs des autres partis provinciaux se sont ralliés aux paroles du premier ministre, comme Gabriel Nadeau-Dubois, co-porte-parole de Québec solidaire, qui a souligné sur le réseau à l’oiseau bleu l’héritage immense de Michel Côté.

Même son de cloche chez Paul St-Pierre Plamondon, chef du Parti québécois, qui a regretté le départ trop rapide de l’un des comédiens les plus marquants et les plus appréciés de l'histoire du Québec. Il restera à jamais gravé dans notre mémoire collective, a ajouté le politicien sur Facebook.

Michel Côté (à droite) dans le film «Le dernier tunnel», d'Érik Canuel, aux côtés de Jean Lapointe, décédé le 18 novembre 2022.

Photo : Christal Films

Marc Tanguay, chef intérimaire du Parti libéral et chef de l'opposition officielle à l’Assemblée nationale, a mentionné qu’on venait tous de perdre un petit peu de nous autres.

Un sentiment partagé par le Bloc québécois, qui a affirmé qu’un bout de notre âme de Québécois nous [avait quittés], alors que la mairesse de Montréal, Valérie Plante, a parlé d’un choc qui secoue le Québec et toute la communauté artistique.