Internationaux des États-Unis | Un 24e sacre majeur pour Novak ...

11 Sep 2023

Chaque fois que Novak Djokovic gagne, une marque tombe et un nouveau record est établi. C’est comme si à chaque nouveau triomphe en tournoi du Grand Chelem, il parvenait à écrire l’histoire différemment. Avec une plume différente ou une prose renouvelée. Mais dans le cas du Joker, ce n’est pas la littératie qui importe, mais plutôt les nombres.

Djokovic - Figure 1
Photo La Presse

Publié à 19h37 Mis à jour à 21h17

Avec son gain contre Daniil Medvedev en trois manches de 6-3, 7-6 et 6-3 en finale des Internationaux des États-Unis, dimanche, Djokovic a rejoint Margaret Court au sommet de l’histoire du tennis avec 24 titres majeurs. « Je n’ai jamais cru que ça pouvait devenir une réalité. Mais dans les dernières années, j’ai compris que j’avais une chance d’écrire l’histoire », a souligné le vainqueur.

Il en a maintenant deux de plus que Rafael Nadal, son plus proche poursuivant chez les hommes.

Toutefois, le débat à savoir qui est le plus grand champion de l’histoire n’a plus lieu d’être. Djoko y avait mis fin à Roland-Garros en juin et il l’a enterré définitivement lors de cette autre chaude soirée new-yorkaise.

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Daniil Medvedev et Novak Djokovic

« J’ai 20 titres et je trouve que j’ai une belle carrière. Tandis que toi, tu en as 24 en Grand Chelem, alors… », a lancé Daniil Medvedev, après la rencontre, en direction de son opposant.

Sa démonstration face à Medvedev a prouvé deux choses. D’abord, qu’il est encore affamé. Il l’est d’autant plus en vieillissant, dirait-on. Puis que s’il est de retour au premier rang mondial, c’est surtout parce qu’il est encore capable de s’adapter. Et c’est là tout son génie.

Djokovic - Figure 2
Photo La Presse
L’homme volant

Novak Djokovic a remporté la majorité de ses titres en Grand Chelem en excellant en fond de terrain. Hors de question pour lui de varier son jeu ou d’aller spontanément au filet contre des as de la montée et de la variation de coups comme Roger Federer et Rafael Nadal.

PHOTO ANGELA WEISS, AGENCE FRANCE-PRESSE

Daniil Medvedev

Rester derrière sa ligne et retourner toutes les balles était suffisant. Sinon, il ne faisait pas le poids.

Mais avec l’âge vient aussi un peu plus de sagesse. Et Djokovic est parvenu à s’adapter. À changer sans se dénaturer. Le joueur de 36 ans demeurera jusqu’à sa retraite un parasite en fond de terrain. Or, pour battre les plus jeunes, il a dû ajouter des cordes à son arc.

Contre Medvedev, il avait du pain sur la planche. Medvedev est non seulement le meilleur joueur de fond de sa génération, mais il est aussi le meilleur joueur au monde sur dur.

Dès la première manche, toutefois, Djokovic lui a montré qui était le patron. Avec un bris et une avance de 3-0, le Serbe avait non seulement le vent dans les voiles, mais il naviguait au-dessus de la plus grande vague. Voyant à des kilomètres à la ronde les menaces de Medvedev. À la mi-manche, Djokovic avait complètement démoli et bousillé le plan de match et les schémas de son opposant.

Djokovic - Figure 3
Photo La Presse

Les deux manches suivantes ont été plus serrées, principalement parce que le Russe s’est bien repris au service, mais aussi parce qu’il a commencé à varier ses frappes, en puissance et en longueur.

PHOTO MARY ALTAFFER, ASSOCIATED PRESS

Novak Djokovic

C’est à ce moment que le Joker, visiblement diminué et endolori, a dû s’adapter. Sa mission était d’écourter les échanges. Ce rendez-vous n’en a pas été un de finesse, avec des échanges de 27, 28 et parfois 31 coups. Cette lutte en était une de titans. Où les balles fuyaient et les exclamations volaient.

Djokovic a été obligé de déployer sa dernière arme : la volée. Il est monté 44 fois au filet. Et il a gagné le point 37 fois. Un ratio sensationnel et une stratégie formidablement exécutée.

« Si j’avais su que c’était votre anniversaire de mariage, peut-être que j’aurais joué différemment », a dit à la blague Djoko en regardant la femme de Medvedev dans les gradins après que ce dernier s’est excusé auprès d’elle d’avoir perdu en cette journée si spéciale.

Constance et polyvalence

Au terme d’une bataille de 3 heures et 17 minutes, Djokovic a enfilé une veste Lacoste sur laquelle paraissait un énorme « 24 », formé de crocodiles.

« Je continue de le dire, mais je vis vraiment mon rêve d’enfance », a avoué Djokovic.

Djokovic - Figure 4
Photo La Presse

Après un coup droit raté de Medvedev s’étant terminé dans le filet, le champion est resté calme. Sa célébration était sobre, presque décevante. Mais c’est avec les siens qu’il est redevenu lui-même. En serrant sa fille Tara, sous la mélodie de Bulletproof, de La Roux, et en empoignant l’acteur Matthew McConaughey, dans son box, arrivé directement du Texas.

Tout s’est joué à des centimètres dans ce duel. Djokovic a été imparfait. Medvedev a été grand. Mais le Serbe a été suffisant.

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Certains jeux aux services, de 12 et 13 minutes, ont été complexes. Le bris d’égalité de la deuxième manche a failli lui échapper à 5-4. Medvedev a même eu une balle de manche dans le jeu précédent.

Mais Djokovic étant ce qu’il est, il a trouvé le moyen. Car il le trouve toujours. En faisant une autre victime. « Je crois que tu seras encore dans plusieurs finales. Je ne sais pas quand tu comptes ralentir », a lâché Medvedev.

Lors de ses cinq derniers titres majeurs, Djokovic a battu cinq joueurs différents : Medvedev dimanche, précédé par Casper Ruud, Stefanos Tsitsipas, Nick Kyrgios et Matteo Berrettini. Cinq finales pouvant être disséquées de manières singulières. Aucun affrontement ne s’est rendu en cinq manches.

Pour la quatrième fois de sa carrière, après 2021, 2015 et 2011, Djokovic conclut la saison en ayant décroché trois des quatre titres majeurs.

Comme le grand auteur qu’il est devenu, Djokovic devra attendre quelque temps avant d’écrire sa prochaine grande histoire. Comme J. K. Rowling ou Stephen King, le prochain chapitre de la saga est attendu de pied ferme. Les gens s’arracheront les exemplaires, comme s’ils allaient disparaître dans le temps. Pourtant, chaque chose que Novak Djokovic touche a tendance à se transformer en quelque chose d’immuable.

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