Deux personnes meurent dans l'incendie d'un édifice centenaire du ...
« Le bâtiment était sécuritaire », a affirmé le chef de division du Service de sécurité incendie de Montréal (SIM) Martin Guilbault en conférence de presse vendredi après-midi, alors que les pompiers s’affairaient toujours à sécuriser les lieux pour permettre aux enquêteurs du Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) d’avoir accès à la scène, plus de 12 heures après le début du feu d’origine suspecte survenu en pleine nuit au 400, rue Notre-Dame Est. Deux personnes sont décédées, selon nos sources.
« Au printemps 2023, des mises en demeure pour non-conformité ont été envoyées au propriétaire de cet édifice, a précisé M. Guilbault. Nous parlons ici de l’absence d’un système d’alarme incendie et de l’absence d’avertisseurs de fumée. Au printemps 2024, toutes les non-conformités concernées par les mises en demeure avaient été rectifiées, et pour le SIM, le bâtiment était sécuritaire. »
Pourtant, il y a quelques semaines à peine, des clients indiquaient, sur le site de réservation en ligne de l’auberge de jeunesse qui se trouvait dans l’immeuble, que leur chambre n’avait pas de fenêtre donnant sur l’extérieur. « Ce bâtiment n’est pas aux normes : pas de fenêtres, pas d’alarme à incendies dans les chambres, il y avait des trous dans le mur, la “fenêtre” donnait vue sur la chambre voisine », écrivait un internaute en septembre 2024.
Questionné sur l’absence de fenêtres dans deux chambres, une information révélée par une enquête du Devoir en mars 2023, le chef Martin Guilbault indique ne pas avoir d’information à cet effet. « On a regardé les plans, on a fait des vérifications lors des inspections. Puis, au moment où on se parle, il n’y a pas aucun indice qui nous laisse croire qu’il y aurait des chambres sans fenêtres dans cet édifice-là », a répondu M. Guilbault.
Chambres sans fenêtresL’immeuble du 400, rue Notre-Dame, près de la rue Bonsecours, dans le Vieux-Montréal, abritait un restaurant au rez-de-chaussée ainsi que Le 402, une auberge de jeunesse de 19 chambres située aux deuxième et troisième étages.
L’immeuble appartient à Émile Benamor, qui possédait aussi le bâtiment patrimonial de la place D’Youville qui a été ravagé par un incendie en mars 2023. Ce brasier avait fait sept victimes.
Également en mars 2023, Le Devoir avait révélé que Le 402 abritait deux chambres sans fenêtres, mais qu’il avait reçu son permis délivré par la Ville de Montréal en 2021 pour des travaux intérieurs dans le but d’aménager un hôtel aux deuxième et troisième étages du bâtiment. Les plans consultés par Le Devoir étaient pourtant non conformes.
L’Ordre des architectes du Québec avait alors indiqué au Devoir qu’il se penchait sur ce dossier afin de comprendre comment une firme d’architectes avait pu approuver ces plans.
Photo: Marie-France Coallier Le Devoir Le Service de sécurité incendie de Montréal a déclenché une alarme générale pour combattre le brasier.
Plus d’une centaine de pompiers mobilisésL’incendie aurait pris naissance au rez-de-chaussée de l’immeuble, où se trouve un restaurant, mais rapidement, les flammes se seraient propagées aux deux étages supérieurs.
Le SIM a déclenché une alarme générale pour combattre le brasier, ce qui a entraîné le déploiement d’environ 125 pompiers et la mise en place d’un large périmètre de sécurité. « C’était une scène qui était très chaotique ce matin », a reconnu Martin Guilbault, qui en a profité pour saluer le travail des troupes sur le terrain.
Au petit matin, une partie de l’immeuble s’est effondrée de l’intérieur. L’incendie est considéré comme suspect et l’enquête a été transférée au SPVM, qui tente de reconstituer les événements.
En après-midi, les pompiers s’affairaient toujours à rendre les lieux sécuritaires pour permettre aux enquêteurs d’avoir accès à la scène de crime.
Décès« Plusieurs personnes ont réussi à sortir indemnes de l’édifice », a indiqué d’entrée de jeu l’inspecteur David Shane, du SPVM. À leur arrivée sur les lieux, les pompiers ont procédé à deux sauvetages avec des échelles portatives et aériennes. Deux personnes ont été blessées, dont l’une a été transportée à l’hôpital.
L’incendie aurait fait deux victimes, selon les informations obtenues par Le Devoir. Mais lors du point de presse qui s’est tenu en après-midi, le SPVM n’a pas voulu confirmer cette information.
« Malheureusement, on s’attend à des décès, mais on n’est pas en mesure de vous confirmer le nombre ni leur identité pour l’instant », a indiqué l’inspecteur David Shane.
Les policiers ne savaient toujours pas, vendredi après-midi, le nombre exact de personnes qui étaient dans l’immeuble pendant la nuit. Dès que les lieux seront sécurisés, les enquêteurs des crimes majeurs et des incendies criminels vont « prendre en charge la scène », a précisé l’inspecteur Shane. « Ils pourront débuter la fouille des décombres afin de retrouver toute victime et tout élément de preuve. »
Une ligne d’urgence a également été mise en place pour les familles qui croient qu’un de leurs proches se trouvait dans cet immeuble.
« C’est un matin difficile pour Montréal », a indiqué la mairesse Valérie Plante, en marge d’un point de presse concernant la fermeture partielle de la ligne bleue du métro plus tôt vendredi matin.
L’édifice situé au 400, rue Notre-Dame Est a été construit en 1923.
Avec Benoit Valois-Nadeau et La Presse canadienne