(Port-Vila) Les secours continuent mercredi de rechercher des survivants dans les décombres des bâtiments détruits dans la capitale du Vanuatu, au lendemain d’un puissant séisme qui a frappé l’archipel du Pacifique et fait au moins neuf morts, selon le gouvernement local.
Mis à jour hier à 21 h 34
Le séisme a entraîné « neuf morts confirmés par l’hôpital central Vila », selon le dernier bilan, revu à la baisse, obtenu mercredi par l’AFP auprès du Bureau national de gestion des catastrophes.
La même institution avait fait état mardi soir de 14 morts. Aucune explication n’a été fournie par les autorités.
Le tremblement de terre, de magnitude 7,3, est survenu mardi à 12 h 47 locales (20 h 47 heure de l’Est) au large de l’île principale de l’archipel, où se trouve la capitale, Port-Vila.
D’après le bureau des Affaires humanitaires de l’ONU (OCHA), « quelque 116 000 personnes pourraient être affectées par les pires impacts du séisme ».
PHOTO DAN MCGARRY, ASSOCIATED PRESS
Cette image tirée d’une vidéo montre un glissement de terrain près d’un terminal maritime international à Port-Vila, au Vanuatu, le 17 décembre 2024.
Deux des personnes mortes sont des ressortissants chinois, a rapporté l’ambassadeur de Pékin au Vanuatu à la télévision chinoise.
Face aux « graves conséquences » du séisme, suivi de plusieurs répliques, le Vanuatu a décrété l’état d’urgence pour sept jours ainsi qu’un couvre-feu de 18 h à 6 h locales (7 h à 14 h heure de l’Est), a annoncé le porte-parole du gouvernement.
« Des gens se trouvent encore dans les parcs et d’autres endroits parce qu’ils ont peur de rentrer chez eux, de crainte de répliques », a décrit à l’AFP Rebecca Olul, responsable au sein de l’antenne locale de l’UNICEF.
« Dégâts structurels considérables »PHOTO PIGISTE, AGENCE FRANCE-PRESSE
Le bâtiment gravement endommagé abritant les ambassades des États-Unis, du Royaume-Uni et de la Nouvelle-Zélande après le puissant tremblement de terre qui a frappé Port-Vila, la capitale du Vanuatu, le 17 décembre 2024.
Selon des images de l’AFP, des sauveteurs utilisent des pelleteuses et autres engins pour dégager des gravats de bâtiments en béton effondrés, en entraînant un nuage de poussière.
La secousse a provoqué des « dégâts structurels considérables » dans au moins 10 bâtiments parmi lesquels un hôpital, rapporte le gouvernement.
Deux importantes réserves d’eau fournissant Port-Vila, « totalement détruites », vont devoir être reconstruites, selon les autorités locales. Le principal port de Port-Vila est quant à lui fermé « en raison d’un important glissement de terrain ».
La responsable de la Croix-Rouge dans le Pacifique, Katie Greenwood, a également fait mention sur le réseau X de « beaucoup de dégâts sur les habitations ».
Plusieurs bâtiments se sont effondrés, dont celui abritant la représentation française, « détruite » selon l’ambassadeur Jean-Baptiste Jeangène Vilmer, qui a précisé sur X que le personnel diplomatique était « sain et sauf ».
L’accès au réseau mobile est « fonctionnel » malgré des « perturbations intermittentes », selon le Bureau de gestion des catastrophes. Joint par l’AFP via un téléphone satellite, Michael Thompson, un habitant, a rapporté que trois personnes avaient été sorties de sous les décombres d’un commerce de trois étages détruit.
« Malheureusement, l’une d’elles n’a pas survécu », a-t-il témoigné.
Les séismes sont fréquents au Vanuatu, archipel de basse altitude de 320 000 habitants situé sur la ceinture de feu du Pacifique, une zone d’intense activité tectonique.
Le pays est classé parmi les plus vulnérables aux catastrophes naturelles telles que les tremblements de terre, les tempêtes, les inondations et les tsunamis, selon le Rapport annuel sur les risques mondiaux.
Déploiements australiens et néo-zélandaisL’aéroport qui dessert Port-Vila a été fermé aux vols commerciaux mais permet néanmoins l’arrivée de vols d’aide humanitaire, a indiqué le gouvernement du Vanuatu.
Une alerte au tsunami avait initialement été déclenchée par le Pacific Tsunami Warning Center (PTWC) dans la foulée du séisme, redoutant des lames d’un mètre de haut le long de certaines côtes du Vanuatu. Elle a depuis été levée.
Des ingénieurs français y ont installé des équipements mobiles de communication satellitaire et, après expertise, la piste a été « déclarée opérationnelle », a rapporté l’ambassadeur français sur X.
Quelque 2300 Français vivent au Vanuatu, d’après une source diplomatique. Les autorités françaises disposent de forces armées, avec des moyens aériens, en Nouvelle-Calédonie, à 600 kilomètres du Vanuatu qui compte le français parmi ses langues officielles.
L’Australie, plus grand voisin du Vanuatu, ainsi que la Nouvelle-Zélande ont déployé des professionnels de santé et des secouristes, dont une équipe australienne de 64 personnes appuyée par deux chiens de recherche, selon leurs gouvernements.
« Nous nous tenons prêts à porter assistance au gouvernement du Vanuatu s’il en fait la demande », a indiqué sur X la mission diplomatique américaine en Papouasie–Nouvelle-Guinée, au nord-ouest de l’archipel meurtri.
L’ambassade américaine à Port-Vila, établie dans le même bâtiment que celle de la France, « a subi des dommages considérables et est fermée jusqu’à nouvel ordre », avait indiqué la même source.
Selon Behzad Fatahi, ingénieur en génie civil et parasismique de l’Université de technologie de Sydney, il faut être attentif aux conséquences à retardement.
« On s’attend » à ce que le séisme « ait provoqué des fissures dans les murs en maçonnerie, l’instabilité des fondations et le basculement des structures vulnérables », a-t-il prévenu.