Valérie Plante ne sollicitera pas de nouveau mandat

13 hours ago

«C’est une décision vraiment déchirante», car «vous savez que ma job, je l’aime!», a lancé la mairesse devant des dizaines d’employés réunis pour écouter son discours.

Valerie Plante - Figure 1
Photo Le Soleil

La mairesse Plante a confié qu’elle serait incapable de diriger la Ville «pendant quatre autres années avec le même niveau d’énergie» que ses deux premiers mandats.

Elle a tenu à préciser qu’elle se porte «très bien» et qu’au cours des prochains mois, elle travaillera avec «la même ardeur pour les Montréalais».

«La tête haute»

La mairesse a souligné que les «Montréalais», pour qui elle continuera de travailler jusqu’aux prochaines élections, sont ceux qui «vivent et habitent la ville» et dont «la voix ne se fait pas entendre dans les médias, les couloirs de lobby ou sur X», en faisant référence au réseau social anciennement appelé Twitter.

Récemment, la mairesse avait publié, sur cette plateforme, des captures d’écran de noms vulgaires qu’on lui attribuait et elle avait expliqué que les commentaires sur ses messages sont dominés depuis des mois par des insultes, au point qu’elle avait décidé de les bloquer.

«Malgré la pression, les vents de face et les grands défis, je suis fière de mener, avec dévouement, ce grand navire qu’est la Ville de Montréal. Je suis entrée à l’hôtel de ville à ma manière. Aujourd’hui, je vous annonce que je vais aussi le quitter à ma manière. La tête haute, en restant moi-même, en gardant mon coeur ouvert et avec droiture», a tenu à préciser l’élue de 50 ans.

Il y aura donc une course à la chefferie dans les prochains mois pour choisir le nouveau chef de Projet Montréal.

La mairesse a assuré que son administration allait continuer à travailler sur «certains consensus sur lesquels la ville va continuer de se bâtir».

Valérie Plante a fait référence à «la sécurisation des déplacements, à la protection des espaces verts et au déblocage des projets de transports collectifs».

Elle a aussi promis de continuer de travailler pour l’adoption du plan d’urbanisme et de mobilité de Montréal, «qui incarne la vision d’une grande ville à échelle humaine, jusqu’en 2050» et qui est «l’un des legs importants» de son administration.

En terminant son discours mercredi, Valérie Plante a affirmé que Montréal était désormais reconnu à travers le monde pour «son innovation environnementale et sociale».

Elle a ajouté que la population demande «plus de vert, plus d’options de mobilité active et collective, plus de vitalité commerciale et plus d’équité territoriale» .

Ce «mouvement», a indiqué la mairesse, ne «retournera pas en arrière» et «dans la prochaine année, vous ne me verrez pas ralentir, bien au contraire».

Valérie Plante a ensuite quitté la scène où elle faisait son discours pour rejoindre des collègues qui lui ont donné l’accolade, sous les applaudissements de dizaines d’employés de la Ville.

«C’est une décision vraiment déchirante», car «vous savez que ma job, je l’aime!», a lancé la mairesse devant des dizaines d’employés réunis pour écouter son discours. (Christinne Muschi/La Presse Canadienne)

Le premier ministre souligne son amour pour la ville

Sur le réseau X, François Legault a remercié Valérie Plante pour ses deux mandats et il a souligné que «son amour pour sa ville a été évident tout au long de son engagement politique».

Le premier ministre lui a également souhaité «la meilleure des chances pour la suite».

Le maire de Québec, Bruno Marchand, a rapidement réagi à la nouvelle mercredi matin.

«L’engagement de Valérie est sincère. Elle a entamé de grands changements et elle a fait briller l’ensemble du Québec. Chaque fois que nos villes brillent, c’est l’ensemble de notre nation qui brille aussi. Merci pour tout @Val_Plante. Partager ta route aura été un réel privilège», a écrit le maire Marchand sur le réseau social X.

En entrevue avec La Presse Canadienne, la mairesse de Longueuil, Catherine Fournier, a indiqué que «l’arrivée de l’équipe de Valérie Plante au pouvoir en 2017 a marqué une nouvelle façon de faire de la politique municipale au Québec, avec une vision politique qui est solidement ancrée dans des orientations, dans des valeurs».

«Lorsque j’étais adolescente, ou jeune adulte, j’ai été socialisée à une époque où la politique municipale avait vraiment mauvaise presse avec tous les scandales qui ont découlé de la commission Charbonneau, à une époque où on voyait les villes comme des conseils d’administration», a expliqué la mairesse de 32 ans en précisant que «Valérie Plante a été la figure la plus marquante d’un nouveau paradigme du monde municipal».

Lors d’une mêlée de presse, la ministre des Affaires municipales a remercié la mairesse de Montréal «pour son dévouement». Même si les deux élues avaient leurs différends, notamment sur le financement du transport en commun, Andrée Laforest a tenu à préciser que les deux femmes ont «toujours bien communiqué» et que Valérie Plante pourra compter sur son «support jusqu’à la fin».

Le principal opposant de la mairesse à l’hôtel de ville, Aref Salem, a remercié Valérie Plante «pour son engagement envers la métropole depuis son élection, malgré nos nombreux désaccords sur la gestion des chantiers, l’itinérance, la sécurité publique et l’état des services aux citoyens».

Première mairesse de Montréal

Native de Rouyn-Noranda, Valérie Plante s’est installée à Montréal à l’âge de 19 ans, où elle a obtenu des diplômes universitaires en anthropologie et en muséologie.

Valérie Plante a été élue une première fois le 5 novembre 2017 à l’âge de 43 ans. Elle avait causé la surprise en récoltant plus de 51 % des voix pour défaire le maire sortant Denis Coderre.

Elle a été officiellement assermentée 11 jours plus tard à titre de première femme élue mairesse de Montréal en 375 ans d’histoire.

Le projet phare de sa première campagne électorale était la construction d’une nouvelle ligne de métro, la ligne rose, reliant le nord-est de la ville au centre-ville.

À l’époque, elle avait énuméré ses cinq défis pour Montréal, soit la mobilité, la sécurité routière, les logements abordables, les services publics et le développement économique.

Valérie Plante et Denis Coderre s’étaient à nouveau affrontés en 2021; la mairesse sortante avait alors obtenu 52 % des voix contre 38 % pour son adversaire.

Un legs environnemental

Lors de son discours mercredi, la mairesse Plante s’est dite fière, notamment des réaménagements des rues «Saint-Denis, Saint-Hubert, Sainte-Catherine au centre-ville et bientôt Sainte-Catherine Est dans le Village», de «belles terrasses» et des «rues piétonnes, qui sont devenues une signature de l’été montréalais», de la gratuité du transport en commun pour les enfants de moins de 12 ans, ainsi que des rues et des parcs éponges.

Selon la professeure Danielle Pilette de l’Université du Québec à Montréal (UQAM), l’un des legs de Valérie Plante est «d’avoir réussi à faire oublier le marasme de gouvernance dans lequel était Montréal depuis les fusions municipales».

La professeure spécialiste de la gestion municipale a rappelé la fin de règne tumultueuse du maire Gérald Tremblay, suivie par le passage au pouvoir éclair de Michael Applebaum et le court mandat du maire par intérim Laurent Blanchard.

Selon Danielle Pillette, Valérie Plante a «réussi quand même à donner une certaine cohérence à la gouvernance de Montréal», ce que «Denis Coderre n’avait pas réussi à faire en un seul mandat», notamment parce qu’il «n’avait pas de véritable parti».

Un autre de ses legs, selon la professeure Pillette, est «d’avoir conscientisé les Montréalais à l’aspect environnemental et au lien entre l’environnement et les infrastructures».

La professeure à l’UQAM a donné les exemples du remplacement des vieilles conduites qui libèrent du plomb dans l’eau potable, des ruelles vertes, de la revégétalisation de certains espaces urbains et de la construction d’infrastructures de mobilité active.

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