Un parcours ponctué d'obstacles pour la «mairesse de la mobilité»

7 hours ago
Valerie Plante

Valérie Plante avait de grandes ambitions quand elle a pris les commandes de l’hôtel de ville de Montréal en 2017 comme « l’homme de la situation ». Si elle a engagé Montréal dans un virage de mobilité active, elle s’est cependant butée à plusieurs obstacles en matière d’itinérance, de logement, de transport collectif et de congestion automobile. Regard sur les bons et les moins bons coups de la mairesse.

L’annonce de Valérie Plante de ne pas solliciter un troisième mandat a surpris plusieurs observateurs. « J’étais au 20e anniversaire de Projet Montréal il y a trois semaines et la mairesse pétait le feu. Elle a répété 12 fois dans son allocution qu’elle avait hâte à son troisième mandat », relate Richard Bergeron, ancien chef et cofondateur de Projet Montréal.

D’autres avaient tout de même observé les signes d’une certaine fatigue chez la mairesse. « J’avais senti, dans nos derniers échanges, qu’elle y prenait moins de plaisir. J’avais anticipé qu’elle ne verrait pas d’une façon très excitante l’engagement de quatre années de plus », indique Michel Leblanc, président et chef de la direction de la Chambre de commerce du Montréal métropolitain, qui assure aujourd’hui ne pas avoir l’intention de briguer la mairie de Montréal en 2025.

Il reste un an au mandat de Valérie Plante, mais quelques constats s’imposent. « Ce qui retient le plus l’attention dans ce que Valérie Plante a réussi, je pense, c’est tout ce qui touche le vélo, même si, proportionnellement, les Montréalais sont peu cyclistes. N’empêche, ç’a changé le visage de Montréal de manière visible », estime Jean-Philippe Meloche, professeur agrégé à l’École d’urbanisme et d’architecture de paysage de l’Université de Montréal. À cela s’ajoutent les projets de piétonnisation, instaurés dans un contexte de pandémie, qui sont plutôt réussis, selon lui.

Le virage vers la mobilité active est toutefois assorti de graves problèmes de congestion routière avec la multiplication des chantiers, signale Michel Leblanc. « On a présentement une ville en colère concernant le manque de fluidité, avec l’impression que la coordination n’est pas au rendez-vous. On a enlevé beaucoup trop de voies de circulation pour toutes sortes de raisons. Des entreprises se demandent si elles devraient rester sur l’île de Montréal », avance-t-il.

Selon lui, dans ce dossier et bien d’autres, l’administration Plante a encore un an pour corriger la situation avant qu’on puisse réellement se prononcer sur son passage à la mairie.

Des tensions avec le gouvernement

Selon Rémy Trudel, professeur invité à l’École nationale d’administration publique, la mairesse n’a pas eu la partie facile dans ses relations avec le gouvernement du Québec, notamment dans le dossier du financement des transports collectifs, de l’itinérance et de la sécurité publique. « Elle a fait un virage avec le nouveau chef de police, Fady Dagher. Elle n’a pas refusé d’affronter les problèmes, mais il faut faire ça avec ceux qui détiennent les portefeuilles. Dans ce sens-là, les défis ne disparaîtront pas pour quiconque fera le prochain mandat. »

L’un de ces défis demeurera, pour la prochaine administration, les interminables travaux d’infrastructures souterraines, un héritage de décennies de négligence.

Richard Bergeron reproche à Valérie Plante ses trop nombreuses « chicanes » avec le premier ministre François Legault. Il cite la récente « charge groupée » de la mairesse et des dirigeants de la Société de transport de Montréal (STM) pour dénoncer le manque de financement de Québec dans le maintien des actifs dans la foulée de la fermeture de trois stations de métro. « Ça manquait d’élégance. Quand on a à ce point besoin de l’appui du gouvernement dans tant de dossiers — l’habitation, le transport, l’itinérance —, au minimum, tu ne profites pas de la première occasion pour lui lancer de la bouette. »

« Un milieu de vie »

L’arrivée au pouvoir d’un vrai parti politique — contrairement aux administrations Coderre et Tremblay, qui étaient davantage des coalitions — a donné une nouvelle impulsion à la ville en mettant en valeur ses quartiers, soutient Jean-Philippe Meloche. « Valérie Plante a fait rayonner Montréal, non pas auprès du milieu des affaires, mais dans une perspective de changements climatiques et de politiques publiques. La ville n’est pas seulement un lieu d’affaires, mais un milieu de vie. […] C’est une transition idéologique qu’elle a incarnée », dit-il.

Celle qui est devenue la première femme à la mairie et qui a eu raison de Denis Coderre avait mené une campagne très habile en 2017, rappelle-t-il. « Pour moi, l’élection de 2017, c’est une élection historique. »

Mais l’étoile de son parti a pâli au cours du second mandat, selon M. Meloche. « Projet Montréal apportait quelque chose de très frais à son arrivée, mais l’usure du pouvoir l’a amené à prendre des chemins un peu “plates”, comme bien gérer les finances publiques. » Ainsi, la ligne rose, qui avait frappé les esprits en 2017, ne s’est pas matérialisée et l’adoption du Règlement pour une métropole mixte, qui devait inciter les promoteurs à contribuer à la construction de logements sociaux et abordables, n’a toujours pas donné les fruits escomptés.

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