Le Canada, 51e État des États-Unis? Une boutade de ...
Quatre jours plus tard, le souper « surprise » entre Justin Trudeau et Donald Trump n’a pas fini de faire parler de lui. Deux sources ont confirmé mardi à Radio-Canada que le président américain désigné avait suggéré que le Canada devienne le 51e État des États-Unis si le pays était incapable de faire face aux tarifs douaniers de 25 % qu’il menace d’imposer.
M. Trump aurait également lancé que M. Trudeau pourrait devenir le gouverneur de ce 51e État, toujours selon ces sources.
Du côté canadien, cette suggestion a été interprétée comme une boutade, rien de plus.
Ce n'était pas une proposition sérieuse, pas du tout, a affirmé l’une des sources à Radio-Canada.
Selon le média américain Fox News, la plaisanterie de M. Trump a suscité des rires autour de la table. Une des personnes présentes aurait dit que le Canada ferait un État très libéral. Le président américain désigné aurait alors suggéré que le Canada puisse éventuellement être scindé en deux États : un État conservateur et un État libéral.
À Ottawa, des ministres libéraux ont été questionnés sur cette boutade par des journalistes avant le début de la réunion de leur caucus. Tous ont minimisé la portée de cette plaisanterie, soulignant la solidité des relations entre le Canada et les États-Unis.
C’est sûr qu’il y avait des blagues, c’était une soirée sociale, a dit le ministre fédéral de la Sécurité publique, Dominic LeBlanc, qui était présent à la table aux côtés de M. Trudeau.
Nous avons discuté de sujets sérieux, [...] mais le fait que la relation ait été cordiale et chaleureuse et qu’on ait pu conter des blagues lors de ce souper de trois heures, c’est quand même positif.
Quant à savoir si la relation entre les deux pays risque de devenir compliquée avec l’arrivée de Donald Trump au pouvoir, le ministre de la Justice, Arif Virani, a affirmé qu’il y a des défis, peu importe l’administration américaine en place, mais nous avons toujours défendu les intérêts des Canadiens et nous continuerons de le faire.
Trudeau promet de nouvelles mesuresAu-delà de cette boutade, la réunion qui a eu lieu dans la résidence privée de M. Trump à Mar-a-Lago a été qualifiée de très productive par les deux dirigeants.
Au lendemain de ces discussions, Donald Trump a souligné que M. Trudeau s’était engagé à travailler avec les États-Unis pour lutter contre le narcotrafic, un thème central de sa campagne électorale. La crise des opioïdes constitue d'ailleurs la raison invoquée par M. Trump lorsqu'il a menacé d'imposer des tarifs douaniers au Canada et au Mexique.
Les sujets de l'énergie, du commerce et de l’Arctique étaient également au menu.
M. Trudeau a par ailleurs tenu une réunion mardi avec tous les chefs de l’opposition pour leur servir un compte rendu de ses discussions avec le président désigné.
Au cours de cette rencontre, qui a duré environ une heure, une source libérale a affirmé à Radio-Canada que le premier ministre avait demandé aux chefs de l’opposition d'éviter d’amplifier le message de Donald Trump autour de la gestion des frontières entre le Canada et les États-Unis, expliquant que cela ne serait pas productif.
Il a également indiqué qu'il envisage de mettre en place de nouvelles mesures pour sécuriser la frontière, appelant les chefs de l'opposition à collaborer avec les libéraux pour faire adopter un projet de loi qui pourrait être nécessaire pour faire passer certaines de ces mesures.
Les chefs de l'opposition rassurésDevant les journalistes, tous les chefs de l’opposition semblaient afficher un certain optimisme et le chef des conservateurs, Pierre Poilievre, s’est même dit un peu rassuré.
Selon Yves-François Blanchet, le chef du Bloc québécois, la discussion avec le premier ministre était rationnelle et constructive.
Si le ton qui était utilisé dans ce type de rencontre pouvait se transposer au Parlement, les gens nous feraient davantage confiance et nous prendraient davantage au sérieux.
Le chef du Nouveau Parti démocratique, Jagmeet Singh, a de son côté qualifié la rencontre de bonne occasion. Selon lui, le temps n’est pas à la panique, mais il faut prendre les menaces de Trump au sérieux, car elles menacent les emplois au Canada.
M. Singh a également dit avoir rappelé à M. Trudeau la nécessité de protéger les frontières en recrutant plus de 1000 agents et en élargissant leur mandat. On sait que les drogues et les armes illégales viennent des États-Unis, donc c’est à notre avantage de protéger les frontières, a-t-il dit.
Enfin, le chef de l’opposition officielle, Pierre Poilievre, a quant à lui estimé que l’augmentation des tarifs douaniers sur les produits canadiens porterait atteinte à l’économie américaine, pas seulement à celle du Canada.
Il a également affirmé avoir demandé à M. Trudeau de régler les problèmes liés à l’immigration et à la sécurité frontalière et d’éliminer toute augmentation de taxes, notamment dans le secteur énergétique.
Les tarifs [américains] vont nuire à notre économie, mais les politiques de M. Trudeau causent des dommages à l’heure actuelle, a enfin accusé le chef conservateur.
Avec des informations de Louis Blouin