Un café accompagné d’un dessert, une entrée ou encore un deuxième verre de vin. Les consommateurs qui optent de plus en plus pour des choix économiques au restaurant pourraient profiter du congé de TPS annoncé par Ottawa pour se gâter davantage lorsqu’ils s’offrent un repas.
C’est du moins ce que prédisent les propriétaires d’établissements et les associations de restaurateurs interrogés par La Presse. Les repas au restaurant, livrés ou à emporter figurent sur la liste des produits qui seront exemptés de TPS du 14 décembre au 15 février.
« C’est sûr que quand tu sais que tu as un rabais, ça t’incite à consommer. La petite hésitation que tu avais… tu ne l’as plus. Tu as l’impression de pouvoir profiter d’une offre qui a une durée limitée », mentionne au bout du fil Dominic Bujold, cofondateur et coprésident de Pizzéria Napolitaine No 900, qui est également à la tête des restaurants LOV.
M. Bujold sait de quoi il parle. Récemment, le restaurateur a baissé les prix de certains plats de 10 % à 20 % chez LOV. À la suite de cet exercice, il a tôt fait de réaliser que la facture moyenne, elle, n’avait pas diminué. « Les gens ajoutent autre chose à leur commande : une entrée ou un verre de plus. »
Du côté des rôtisseries Benny & Co., le directeur général, Nicolas Filiatrault, qui est également vice-président du conseil d’administration de Restaurants Canada, croit que les 5 % – la valeur de la TPS – épargnés grâce à l’exemption auront une incidence directe sur les ventes des établissements qui offrent des repas en salle à manger ou des commandes à emporter.
Cette mesure sera donc bienvenue. M. Filiatrault rappelle que depuis les dernières années, de façon générale, de nombreux consommateurs ont délaissé les salles à manger des restaurants et que « la facture moyenne n’a pas augmenté autant que l’inflation ».
Alors que décembre est un mois généralement lucratif pour les restaurateurs, la chaîne, connue pour son poulet rôti, a quand même tout mis en œuvre pour attirer les consommateurs. « Cette année, on a ajouté des rabais beaucoup plus agressifs que les mois de décembre passés, affirme-t-il. [Avec] le congé de taxe, ça aura peut-être un double impact chez nous. »
Le consommateur avait un peu moins de sous pour dépenser au restaurant et pour sortir au cours des deux dernières années, donc ça va lui permettre d’avoir un petit extra pour le temps des Fêtes.
Nicolas Filiatrault, directeur général des rôtisseries Benny & Co.
« C’est une bouffée d’air frais pour les consommateurs qui seront peut-être tentés de revenir [dans les salles à manger] ou de dépenser davantage lorsqu’ils viennent au restaurant », ajoute Martin Vézina, vice-président affaires publiques et gouvernementales à l’Association Restauration Québec (ARQ).
Du même coup, il rappelle qu’en plus du temps des Fêtes, la Saint-Valentin et le Super Bowl ont lieu pendant le congé de taxe, ce qui pourrait inciter davantage les consommateurs à manger à l’extérieur.
De son côté, Restaurants Canada rappelle qu’en 1991, l’introduction de la TPS avait eu un impact sur les ventes en restauration. Selon les données fournies par l’association, cette année-là, la TPS avait engendré une diminution de 7 % de ventes dans le secteur de la restauration.
Un congé de TVQ ?Bien qu’ils n’aient plus à verser de TPS du 14 décembre au 15 février sur certains produits ainsi que sur les repas au restaurant, les consommateurs devront continuer à payer la TVQ, perçue au Québec sur les produits et services.
Martin Vézina de l’ARQ invite le gouvernement Legault à « réfléchir à faire de même ».
« Considérant que cette annonce touchera aussi la TVH appliquée dans des provinces limitrophes du Québec (Ontario et Maritimes), l’ARQ invite par ailleurs le gouvernement du Québec à analyser cette décision du gouvernement fédéral, car une telle mesure appliquée à la TVQ serait également très pertinente pour le portefeuille des consommateurs québécois et pour éviter que ceux-ci ne soient tentés de traverser les frontières pour réduire davantage leurs dépenses », peut-on lire dans un communiqué diffusé par l’association, jeudi.
« La taxe de vente harmonisée (TVH) regroupe la taxe sur les produits et services (TPS) et la taxe de vente provinciale (TVP) dans les provinces participantes », indique le site de Revenu Québec.
Selon M. Filiatrault, si le congé de taxe donné par le gouvernement fédéral a un effet « positif » sur l’industrie, Restaurants Canada demandera à Ottawa de « rendre la mesure permanente ».
Lisez la chronique de Marie-Eve Fournier