Le débat entre Tim Walz et J.D. Vance pourrait être décisif au scrutin

1 Oct 2024

(Washington) Tim Walz et J.D. Vance devraient s’affronter mardi lors de l’unique débat opposant les candidats à la vice-présidence en vue de l’élection américaine de novembre.

Tim Walz - Figure 1
Photo La Presse

MM. Walz, le gouverneur démocrate du Minnesota, et Vance, le sénateur républicain de l’Ohio, risque d’être tout deux sur l’offensive.

Todd Graham, professeur de débat à la Southern Illinois University, affirme que M. Walz avait une tâche principale : continuer à dire que son adversaire est « trop bizarre pour la Maison-Blanche ».

Selon lui, M. Vance va surtout tenter de démontrer qu’il n’est pas bizarre et qu’on peut lui faire confiance.

Cela peut sembler une prédiction étrange pour le sujet d’un débat vice-présidentiel, mais M. Walz s’est fait connaître en qualifiant les républicains rivaux de bizarres.

C’est à présent l’attaque la plus réussie pour les démocrates, après un été tumultueux qui a commencé par un débat désastreux entre Donald Trump et Joe Biden et le retrait du président de la course.

C’est aussi l’un des facteurs qui a poussé la vice-présidente Kamala Harris à nommer M. Walz pour être à ses côtés.

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Kamala Harris et Tim Walz

Deux candidats, deux approches

L’attaque visait particulièrement M. Vance pour ses commentaires sur l’avortement, sur les « femmes à chats sans enfants » et ses précédentes suggestions selon lesquelles les dirigeants politiques qui n’ont pas d’enfants biologiques n’ont pas de raisons concrètes les attachant au bien du pays.

Tim Walz - Figure 2
Photo La Presse

Des mèmes et des vidéos ont joué sur ces remarques, ainsi que des interactions que M. Vance a eu avec les électeurs, dont une rencontre virale dans un magasin de beignes.

Le candidat à malgré tout montré qu’il pouvait contourner les critiques et a ne s’est pas gêné pour faire d’autres de commentaires controversés.

Il a maintenu une affirmation non vérifiée selon laquelle les immigrants haïtiens de l’Ohio ont mangé des animaux de compagnie. Donald Trump les a même répétés lors du débat présidentiel au début du mois.

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Donald Trump et J.D. Vance

Les responsables de la ville de l’Ohio ont déclaré qu’il n’y avait aucune preuve que cela est vrai, mais J.D. Vance a affirmé sur les ondes de CNN le 15 septembre qu’il avait entendu des témoignages de première main de ses électeurs et a accusé les médias d’ignorer les problèmes liés à l’immigration.

« Si je dois créer des histoires pour que les médias américains prêtent réellement attention à la souffrance du peuple américain, alors c’est ce que je vais faire », avait alors soutenu Vance.

Il pourrait tout de même s’avérer être un adversaire féroce pour M. Walz, estime Aaron Kall, le directeur des débats de l’Université du Michigan.

J.D. Vance, 40 ans, s’est fait connaître avec la publication en 2016 de ses mémoires, Hillbilly Elegy. Ancien critique de Donald Trump, il a été élu au Sénat américain en 2022 après être devenu l’un des plus fervents défenseurs de l’ancien président.

Il a été choisi pour se connecter aux électeurs blancs de la classe ouvrière, qui jouent un rôle important quant aux chances de M. Trump dans le Wisconsin, la Pennsylvanie et le Michigan.

Tim Walz - Figure 3
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Ces États ont basculé du côté républicain lorsque M. Trump a gagné en 2016. En 2020, ils ont plutôt contribué à faire entrer Joe Biden à la Maison-Blanche.

Les démocrates espèrent que l’attitude de « bon gars du Minnesota » de Tim Walz, âgé de 60 ans, son passé d’entraîneur de football et son franc-parler sauront toucher ces mêmes électeurs cruciaux.

M. Graham estime que les deux auront trois tâches dans le débat : défendre leur candidat présidentiel, attaquer le candidat de l’autre et prouver qu’ils sont capables d’être le président cela devait arriver.

Alors que Donald Trump a remporté le débat de juin contre M. Biden, les experts politiques ont déclaré Mme Harris gagnante lorsque les deux se sont affrontés.

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Donald Trump et Joe Biden lors du débat organisé par CNN, le 27 juin 2024, à Atlanta.

Elle a provoqué M. Trump à propos de la taille de la foule lors de ses rassemblements et de la défaite de 2020, l’incitant à des tirades qui l’ont distrait de ses objectifs du débat, l’immigration et l’économie.

Il est peu probable que M. Vance tombe dans le même piège.

« Peu importe ce que Walz essaiera de dire, il ne tombera pas dans le piège. Il s’en tiendra aux problèmes », prédit M. Kall.

Une politique protectionniste des deux bords

Les deux choix de vice-président ont une connexion avec le Canada. L’État de M. Walz partage une frontière de 885 kilomètres avec l’Ontario et le Manitoba. Il n’y a pas si longtemps, il a joué au football avec le premier ministre de l’Ontario, Doug Ford.

De son côté, M. Vance est allé à l’université avec Jamil Jivani, le député conservateur de Durham. M. Jivani a qualifié Vance de meilleur ami de Yale et a lu un passage de la Bible au mariage du politicien américain.

Les deux partis ont présenté des politiques que les experts ont qualifiées de protectionnistes. Donald Trump a répété son projet d’imposer des droits de douane de 10 % sur les importations et M. Vance est un opposant virulent à l’aide militaire américaine à l’Ukraine pour repousser l’invasion russe.

La semaine dernière, Mme Harris a rappelé qu’elle était l’une des 10 sénatrices américaines à avoir voté contre l’accord Canada-États-Unis-Mexique sous le gouvernement Trump, affirmant qu’il n’était pas suffisant pour protéger les travailleurs américains. Si elle devient présidente, Mme Harris a déclaré qu’elle fera pression pour que l’accord commercial soit révisé en 2026.

Matthew Lebo, spécialiste de la politique américaine à l’Université Western de London en Ontario, a déclaré que les Canadiens qui regarderont le débat de mardi ne glaneront probablement pas beaucoup de détails sur ces politiques commerciales. MM. Walz et Vance parleront de questions économiques personnelles et d’inflation pour entrer en contact avec les électeurs américains.

Dans une élection aussi serrée, le vice-président peut jouer sur la popularité du candidat présidentiel, affirme M. Lebo.

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