L'ex-animateur scout Raphaël Bélisle ira en prison pour combien de ...

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Bélisle a récemment été reconnu coupable de sept chefs d’accusation, tous reliés à son passé d’animateur scout. Et malgré ce verdict, Bélisle n’a jamais effectué d’introspection quant à ses gestes, croit Me Belgharras, qui pense qu’une longue sentence de détention le pousserait à réfléchir à ses actes.

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Photo La Tribune

«Il n’est même pas capable de se remettre en question sur la proximité qu’il a pu avoir avec certaines adolescentes, même en contexte de jeu ou dans les vidéos présentées au procès», a dénoncé la procureure devant le juge Serge Champoux de la Cour du Québec.

L’avocat de Bélisle, Me Lemyre-Cossette, a rétorqué que l’absence d’introspection de son client ne peut pas lui être reprochée, puisqu’il a «toujours clamé son innocence». «Il a toujours maintenu sa version», a-t-il répliqué.

D’ailleurs, Bélisle a porté en appel le verdict de culpabilité du juge Champoux.

Pas de mots pour les victimes

Raphaël Bélisle a été le dernier à prendre la parole lors de l’audience. Il a effectué un long exposé sur les conséquences du processus judiciaire pour sa personne, mais n’a pas parlé des victimes et ne s’est pas excusé.

«La prison est quelque chose qui me terrifie.»

—  Raphaël Bélisle, accusé

Questionné par le magistrat sur son sentiment quant aux victimes, l’accusé lui a répondu qu’il avait «beaucoup de frustration, car il y a plusieurs propos [qu’il] ne considère pas vrais». «J’ai respecté votre verdict, a-t-il déclaré. Je vais en appel, je fais des procédures, mais je considère que j’ai fait preuve d’intégrité. Je n’ai pas de contrôle sur ce que les gens vont faire.»

Le jeune homme a réitéré tout ce qu’il avait perdu. «J’étais enseignant et famille d’accueil, animateur et impliqué dans plusieurs conseils d’administration. J’étais aussi propriétaire d’un condo, j’étais épanoui. Du jour au lendemain, tout a changé avec les accusations. J’ai reçu beaucoup d’insultes et de menaces. Mon adresse était publique et j’ai dû vendre mon condo. J’ai tout perdu, car je devais payer mes avocats», s’est-il attristé.

Raphaël Bélisle est accompagné de son avocat Me Nicolas Lemyre-Cossette. (Tommy Brochu/La Tribune)

Bélisle a donc mis le cap vers Trois-Rivières pour s’impliquer bénévolement. Il s’est également inscrit à un cours pour devenir charpentier-menuisier.

L’accusé est devenu émotif lorsqu’il a parlé du soutien de sa famille et de sa conjointe.

Les victimes témoignent

Deux victimes ont lu des lettres détaillant l’impact qu’ont eu sur elles les gestes de Bélisle. Me Laïla Belgharras a également lu les mots d’une victime qui n’était pas à l’aise de se présenter devant le Tribunal. Stoïque, le délinquant a écouté chacune des lettres sans sourciller.

«J’espérais que j’étais dans un rêve, a exprimé la première adolescente. Malheureusement, ce n’était vraiment pas le cas.»

La jeune femme, qui avait 9 ou 10 ans lors de sa rencontre avec Raphaël Bélisle, avait créé un lien de confiance avec lui. «Je me sentais importante quand j’étais avec lui, a-t-elle décrit.

«Après l’été 2022, j’ai ressenti une trahison.»

—  Victime de Raphaël Bélisle

La victime imaginait son agresseur partout. «Ça me rendait nerveuse. J’avais honte, donc je gardais ça pour moi», dit celle qui a fait des crises de panique et qui a eu «des idées noires».

«Je me suis moi-même perdue durant un bon bout de temps», explique la victime qui est «passée à deux doigts de couler son année scolaire».

Une deuxième victime considérait Bélisle «comme un adulte énergique, vraiment le fun». «J’étais impressionnée de voir un homme qui nous ressemblait», a dit celle qui a été touchée aux cuisses par l’accusé et qui a également senti ses organes génitaux en érection.

«Il y avait une absence de règles importantes, comme le fait que les adultes dormaient avec les enfants», s’est-elle rappelée.

La jeune femme s’est également rappelée le choc qu’elle a vécu lorsqu’elle a vu le visage de son agresseur sur les réseaux sociaux. «J’ai trouvé la force d’aller porter plainte à la police», a-t-elle lancé.

Une troisième victime a trouvé le processus judiciairement particulièrement difficile. «J’ai vécu beaucoup de stress à cause de l’interrogatoire. J’ai eu de la difficulté à dormir durant quelques semaines. Je culpabilisais d’avoir dénoncé Raphaël. J’avais l’impression de trahir mon animateur», s’est attristée l’adolescente dans sa lettre lue par la procureure.

«Au moment de son [témoignage], je l’entendais s’exprimer. Il racontait des trucs complètement faux pour se défendre», a-t-elle déclaré.

Preuve documentaire

L’avocat de Bélisle a, de son côté, déposé une attestation de fréquentation scolaire et une lettre du ministère de l’Immigration comme quoi son passeport avait été résilié. Il a aussi déposé une liasse de 17 articles de journaux, visant à démontrer les effets de la médiatisation a eu lieu de la comparution jusqu’à jeudi.

Plus d’une vingtaine de lettres de soutien à Bélisle ont également été déposées. Employeur, amis et famille ont démontré «leur perception de l’impact et de qui il est en dehors» de la salle de cour. Selon Me Lemyre-Cossette, ces lettres le décrivent comme une personne «altruiste, qui a besoin d’aider les gens sans retour».

L’avocat a décrit son client comme quelqu’un de «travaillant, persévérant, passionné, ambitieux, qui a une influence positive sur certaines personnes». «Malgré les gestes commis, il a eu un impact positif sur les plaignantes, mais a trahi cette confiance», a mentionné Me Lemyre-Cossette.

Dans le rapport présententiel, le risque de récidive est qualifié de «dans la moyenne». Le jeune homme est allé chercher de l’aide auprès d’un coach de vie et d’une travailleuse sociale. Pour l’avocat, «excluant les gestes qu’il a commis sur trois victimes», la déviance sexuelle n’est pas prouvée hors de tout doute.

Pour Me Lemyre-Cossette, Bélisle présente une «très belle capacité de réinsertion sociale».

Le juge Champoux rendra sa décision le 8 janvier.

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