On a écouté le nouvel album de Taylor Swift avec Stéphanie Boulay ...

13 days ago

On peut dire sans se tromper que l’autrice-compositrice-interprète Stéphanie Boulay est l’une des plus grandes adeptes du travail musical de Taylor Swift.

Taylor Swift - Figure 1
Photo ICI.Radio-Canada.ca

On lui a donné rendez-vous à minuit pile, ce vendredi 19 avril, afin de découvrir dès sa parution The Tortured Poets Department (TTPD), le nouvel album de la plus grande vedette pop du moment.

Minuit pile sur l'horloge : c'est l'anniversaire de Stéphanie Boulay et la sortie du nouvel album de son artiste favorite.

Photo : Capture d'écran / Élise Jetté

Notre réunion virtuelle débute à minuit et des feux d’artifice apparaissent. Stéphanie Boulay lève les deux pouces en l’air. L’ambiance est déjà à la célébration : c’est la sortie de TTPD et c’est aussi le 37e anniversaire de Stéphanie. C’est vraiment un beau cadeau de fête, cet album, dit-elle.

On amorce notre écoute, décortiquant les chansons et leurs influences une à une.

Fortnight (mettant en vedette Post Malone)

Toutes les deux étonnées par l’aspect plus posé du premier extrait de l’album (un vidéoclip sortira à 20 h vendredi), on se demande tout d’abord qui est le personnage principal de la chanson. "Your wife waters flowers, I wanna kill her", c’est qui la femme? De qui parles-tu Taylor? demande Stéphanie en riant. On se rappelle que plusieurs albums de Taylor Swift mettent en scène des personnages puisqu’elle souhaite s’exprimer à partir d’un autre point de vue.

J’étais sûre que ce serait une chanson beaucoup plus mouvementée, dit Stéphanie. On est vraiment dans quelque chose qui se rapproche de Folklore (2020) et Evermore (2020). Il n’y a presque pas d'arrangements, il ne se passe presque rien. C’est vraiment un anti-single. On dirait une chanson de la bande sonore du film Drive, une chanson parfaite pour conduire la nuit.

The Tortured Poets Department

Elle est super longue, c’est comme une tirade infinie. On dirait quasiment un texte de Joni Mitchell. C’est la chanson-titre de l’album et ça paraît. Elle commence avec l’idée de la machine à écrire et de la romance ancienne. On a l’impression qu’elle parle d’amour en s’ancrant dans le passé. Elle entre dans sa thématique assumée de l’amoureux qui s’en va alors qu’elle est persuadée que personne d’autre va pouvoir lui donner autant d'amour qu'elle.

My Boy Only Breaks his Favorite Toys

La chanson parle d’un château de sable, dont Taylor Swift est la reine, puis my boy détruit le château dans le carré de sable. Elle y fait référence à Barbie avec une phrase directement destinée à Ken : I felt more when we played pretend than with all the Kens cause he took me out of my box.

Beaucoup d’hypothèses, entre autres nées de commentaires faits par Taylor Swift elle-même durant sa tournée, laissaient entendre que TTPD parlerait de sa rupture avec l’acteur britannique Joe Alwyn. Avec cette chanson, on commence à saisir l’ampleur du message qui sera lancé à son endroit sur tout le disque.

On ne veut pas faire une analyse de sa vie, mais on sent vraiment qu’il n’a pas vraiment bien pris soin d'elle, analyse Stéphanie. J’aime qu’elle dise que même si elle tombe du château de sable à cause de lui, une fois qu’elle sera réparée, il va s’ennuyer d’elle parce qu’elle ne va pas le reprendre.

Down Bad

C'est vraiment une des plus grandes forces de Taylor Swift, de faire des mélodies à trois notes avec une prosodie tellement forte que ça devient des hymnes malgré la simplicité des arrangements, explique Stéphanie Boulay. Cette chanson est la plus triste à date. On ressent la même impression de musique nocturne que dans la première chanson.

Elle fait vraiment ici quelque chose qu’on voit beaucoup dans la musique pop américaine ces temps-ci, et que j’adore : il n’y a presque rien à part la voix et la voix est extrêmement bien produite. Je remarque à quel point plus elle vieillit, plus sa voix est belle et bien maîtrisée. J’ai aussi le sentiment que, depuis le début de l’album, elle fait des références à différentes périodes de sa vie. Et ici, on est vraiment dans un sentiment adolescent de cœur brisé. Quand on pense qu’on va juste mourir et ne plus jamais se relever.

I might just die, it would make no difference, down bad, waking up in blood, staring at the sky, come back and pick me up.

Taylor Swift - Figure 2
Photo ICI.Radio-Canada.ca
So Long, London

On poursuit ici notre périple dans la rupture de Taylor Swift avec Joe Alwyn étant donné que ce dernier est britannique et qu’elle dit au revoir, Londres.

La chanson commence avec une chorale, donc on comprend que, comme beaucoup d’artistes pop du moment, Beyoncé, par exemple, Taylor décide d’y aller pour un album super éclectique où elle ne s’oblige pas à choisir un style et à y rester, soutient Stéphanie. Avant, il fallait qu'il y ait une homogénéité, fallait que ça se tienne, que ça se suive, mais là, ça n'a pas besoin. Les productions ne sont pas raccords et tout est beau quand même.

On est au cœur de la rupture, au moment où elle choisit de tout laisser tomber et de partir. Elle chante I stopped CPR, donc elle arrête la réanimation. C’est comme une suite de la chanson You’re Losing Me, l’année passée, dans laquelle elle chantait I can’t find the pulse. Oui. Elle nous dit : comment tu peux dire que tu aimes quelqu'un si tu ne te rends même pas compte que la personne est en train de mourir?

But Daddy I Love Him

On revient encore à l'immaturité de ses amours de jeunesse, la référence à daddy vient de Love Story qui était la chanson sur Roméo et Juliette. Il y a beaucoup de fils conducteurs entremêlés avec ses albums passés.

Fresh Out the Slammer

On remarque que les pièces de TTPD respectent rarement des structures classiques. Les chansons sont tellement déconstruites. On est loin de Cruel Summer [sur l’album Lover en 2019], dit Stéphanie. On assiste à une révolution de la pop.

Florida!!!! (mettant en vedette Florence + The Machine)

C’est une de mes préférées, lance Stéphanie, ébahie. C’est magnifique le texte que Florence Welch et Taylor Swift ont écrit ensemble. Et c’est encore plus intéressant qu’elles fassent chacune une partie en plus de marier leurs voix. La collaboration avec Post Malone, dans la première pièce, c’était vraiment plus effacé, en retrait.

La chanson semble parler du point de vue d’un personnage qui souhaite aller vivre certains moments dans un autre État, en Floride, pour fuir la douleur comme si ces instants allaient moins exister en étant vécus hors du quotidien.

Guilty as Sin?

Ici, l’analyse qui circule en ligne, c’est que ça parlerait de sa brève relation avec Matty Healy pour laquelle elle a été pointée du doigt. C’est une façon de nommer sa colère d’être incluse dans les actions négatives d’un gars qu’elle a fréquenté, alors qu’elle en savait trop peu pour pouvoir prendre une bonne décision.

Who’s Afraid of Little Old Me?

Le titre et le propos de cette chanson seraient liés au film Who's Afraid of Virginia Woolf? Elle me fait penser à la chanson de Folklore qui s'appelle Mad Woman. Durant toute la pièce, elle est dans un personnage, cette femme qui est vue comme étant une folle parce que c’est l’image que son mari projette d’elle, explique Stéphanie. Mais à la fin, on sent qu'il y a un retour à soi. Brièvement, on sort du personnage et la métaphore se reflète sur elle.

I Can Fix Him (No Really I Can)

Elle va vraiment loin ici dans sa manière de dépeindre l’homme qu’elle dit être capable de changer. Il a les mains gercées d’avoir trop tenu son pistolet, quand même, dit Stéphanie. Mais même si elle est super forte et puissante durant toute la chanson, à la fin elle dit que peut-être elle ne peut pas le changer et en faire quelqu’un de meilleur.

Loml

Loml est l’abréviation de love of my life (amour de ma vie). C’est vraiment la power ballad de l’album, dit Stéphanie. C’est tellement beau et triste. Le texte est vraiment puissant. J’ai un faible pour le bout où elle dit qu’elle aimerait ne pas se rappeler à quel point ils avaient tout pour eux.

You shit-talked me under the table, talking rings and talking cradles, I wish I could unrecall, how we almost had it all.

I Can Do It with a Broken Heart

Nous nous entendons toutes les deux sur le fait que c’est la chanson la plus surprenante de l’album. Le refrain se déploie sur un rythme techno et on sent dans la voix de la chanteuse qu’elle simule la joie, alors que tout s’écroule.

L’album TTPD a été créé pendant une période où Taylor Swift était déjà en tournée mondiale avec Eras et sa rupture amoureuse se juxtaposait à tout le stress vécu.

Dans cette chanson-là, elle est carrément en train de nous dire qu’elle n’a jamais craqué en public malgré tout. Elle a eu le cœur brisé, mais elle ne pouvait jamais être toute seule. Elle nous explique la force que ça prend, faire ce qu’elle fait.

The Smallest Man Who Ever Lived

Même s’il s’agit d’une image, en lisant le titre de la chanson, on ne peut pas s’empêcher, probablement parce qu’il est très tard durant notre écoute, d’imaginer un tout, tout, tout petit monsieur et ça nous fait rire.

La montée dramatique de la fin est incroyable, soutient Stéphanie. Ça paraît vraiment que c’est LA chanson où elle envoie promener son ancien chum. Quand elle était avec lui, elle ne sortait plus en public, elle se faisait discrète, elle ne portait plus de couleurs vives, elle était moins girly. Elle explique dans cette chanson-là que même s’il agissait comme si la célébrité et ce que ça apporte, lui il était au-dessus de ça, il était quand même toujours en train de créer un personnage qu’il montrait au monde entier.

The Alchemy

C’est la première toune de Taylor qui parle de Travis Kelce, indique Stéphanie. On y aborde la chimie intense et inattendue entre les deux amoureux. Le texte est construit à même un champ lexical issu du football et du sport. Il y a des trophées, il y a une équipe, il y a quelqu’un sur le banc. Tous les ingrédients sont présents.

Clara Bow

Clara Bow est une actrice américaine née en 1905 et décédée durant les années 1960. L’histoire se souvient d’elle comme l’une des premières sex-symbols de l’histoire du cinéma.

Mais on parle aussi de ses problèmes de santé mentale, ajoute Stéphanie. Je trouve que c’est dans la continuité de sa thématique de prendre ce personnage historique plutôt qu’un exemple récent. Elle nous explique la beauté, le succès et ce que ça veut dire de devoir toujours être parfaite sous le regard des autres. Je ne veux pas exagérer, mais j’ai l’impression que Taylor Swift parle de sa fatigue, du fait qu’elle vieillit et que ça se pourrait que ce soit bientôt fini, parce que cette pression ne peut pas être éternelle.

En direct de sa chambre d'hôtel au Saguenay, l'autrice-compositrice-interprète Stéphanie Boulay a répondu à notre appel minuit pile, ce vendredi 19 avril 2024.

Photo : Capture d'écran / Élise Jetté

Un album double

Notre appel est terminé depuis peu quand, à 2 h, une version étoffée (et le mot est faible) apparaît sur les plateformes d’écoute. Taylor Swift a partagé sur Instagram un lien intitulé A 2AM Surprise (Une surprise de 2 h) : The Tortured Poets Department : The Anthology.

Le 11e album de Taylor Swift devient ainsi un album double secret de 31 chansons. L’anthologie de TTPD contient 15 chansons de plus, dont les quatre titres qui avaient été annoncés comme les pièces bonus des quatre versions différentes de l’album physique : The Bolter, The Albatross, The Black Dog, The Manuscript.

J'avais écrit tellement de poésie torturée au cours des deux dernières années et je voulais tout partager avec vous, alors voici le deuxième volet de TTPD : The Anthology. Quinze chansons supplémentaires. Et maintenant, l’histoire n’est plus la mienne… elle est entièrement à vous, peut-on lire dans la publication Instagram de Taylor Swift.

The Tortured Poets Department est disponible partout.

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