La Banque du Canada diminue son taux directeur de 25 points de ...

5 Jun 2024
Taux directeur

Après avoir haussé son taux directeur à dix reprises de mars 2022 à juillet 2023, la Banque du Canada jette un peu de lest à sa politique monétaire et diminue de 25 points de base son taux directeur, qui s’établit maintenant à 4,75 %. Il s’agit de la première baisse du taux directeur de la banque centrale depuis mars 2020.

Dans le communiqué expliquant sa décision, la Banque du Canada écrit que les données montrent que l'inflation sous-jacente ralentit et que la politique monétaire n'avait plus besoin d'être aussi restrictive.

Les données récentes ont renforcé notre confiance que l’inflation va continuer de se diriger vers la cible de 2 %. Néanmoins, des risques entourent encore les perspectives d’inflation. Le Conseil de direction surveille de près l’évolution de l’inflation fondamentale et continue de porter une attention particulière à l’équilibre entre l’offre et la demande, aux attentes d’inflation, à la croissance des salaires et aux pratiques d’établissement des prix des entreprises, ajoute la banque centrale.

Cette décision marque un changement de discours de la part de la Banque du Canada. Pas plus tard qu’en avril, la banque centrale affirmait que la pression sur les prix était encore trop forte pour s’engager dans un mouvement baissier des taux d’intérêt.

Nous ne voulons pas maintenir ces politiques restrictives plus longtemps qu'il le faut. Mais si nous les diminuons ou les abolissons trop vite, nous pourrions mettre en péril les progrès que nous avons réalisés en réduisant l'inflation, affirmait à ce moment le gouvernement de la Banque du Canada, Tiff Macklem.

Au Canada, l’expansion économique a repris au premier trimestre de 2024, après avoir stagné dans la deuxième moitié de 2023. Se chiffrant à 1,7 %, la croissance du produit intérieur brut au premier trimestre a été plus faible que prévu, écrit la banque centrale dans son communiqué.

Un marché du travail plus serré

L’économie canadienne a créé 90 000 emplois en avril – laissant le taux de chômage inchangé à 6,1 % –, ce qui laissait planer à ce moment quelques doutes sur une réduction du taux directeur dès juin. Selon Statistique Canada, la hausse de l'emploi au pays en avril a été majoritairement attribuable au travail à temps partiel, qui a augmenté de 1,4 %, et au secteur privé.

Reste que le marché du travail s’est considérablement resserré depuis le creux de 4,8 % du taux de chômage en juillet 2022.

La même tendance s’observe du côté des postes vacants. Au Canada, le nombre de postes vacants est passé de 991 680 au troisième trimestre de 2022 à 737 530 au troisième trimestre de 2023, selon Statistique Canada. Le taux de postes vacants est passé de 5,6 % à 4,1 % au cours de la même période.

Après avoir atteint un sommet de 8,1 % sur une base annuelle en juin 2022, l’inflation a glissé sous la barre des 3 % depuis janvier 2024. Selon les données les plus récentes de Statistique Canada, l’indice des prix à la consommation a avancé de 2,7 % sur une base annuelle en avril, ce qui représentait un recul par rapport à mars (+ 2,9 %).

Un mouvement baissier qui ne favorisera pas la construction résidentielle, selon Desjardins

Dans une note publiée en début de semaine, Desjardins s’attendait à ce que la Banque du Canada commence à réduire ses taux dès juin et à ce que d’autres mesures d’assouplissement monétaire favorisent un rebond généralisé des ventes et des prix des propriétés existantes plus tard dans l’année.

Cela dit, le ralentissement de la croissance économique au Canada prévu au cours des prochains trimestres, les taux d’intérêt hypothécaires relativement élevés ainsi que l’abordabilité encore très limitée restreindront l’ampleur de cette hausse des ventes et des prix, écrivent les économistes principaux Hélène Bégin, Marc Desormeaux et l’économiste Kari Norman.

D’ailleurs, Desjardins ne s’attend pas à ce que le mouvement baissier du taux directeur se traduise par un essor généralisé de la construction résidentielle. Il faudra du temps aux réductions de taux d’intérêt pour relancer les projets en attente, et l’industrie canadienne doit relever une multitude de défis structurels.

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