La Banque du Canada abaisse son taux directeur à 4,25%
La Banque du Canada a abaissé son taux directeur à 4,25 % mercredi matin. Il s’agit d’une troisième baisse consécutive de 0,25 point de pourcentage décrétée par la banque centrale du pays depuis le mois de juin.
Largement attendue par les marchés, cette nouvelle baisse vient alors que l’inflation au Canada est soumise à des « forces opposées », a expliqué le gouverneur de la Banque, Tiff Macklem, dans une déclaration préliminaire mercredi. D’un côté, avec le ralentissement de l’économie et la hausse du chômage, il reste peu de signes de pressions généralisées sur les prix dans l’économie, note la Banque. D’un autre côté, « la progression des frais de logement est encore forte [et] demeure le facteur qui contribue le plus à l’inflation globale ».
Aux prises avec une envolée tout aussi inattendue que soutenue de l’inflation au sortir de la pandémie de COVID-19, les banques centrales de plusieurs pays du monde ont répondu par un relèvement des taux d’intérêt tout aussi musclé afin de peser sur la demande en biens et en services des consommateurs et des entreprises. La Banque du Canada n’a pas fait exception, relevant le taux de son principal outil d’intervention de politique monétaire de 0,25 % à 5 % de mars 2022 à juillet 2023.
Ce coup de frein à la croissance économique et à la demande a fini par produire son effet, l’inflation mesurée par la croissance annuelle de l’indice des prix à la consommation reculant de son dernier sommet de 8,1 % en juin 2022 à son plus faible niveau en plus de trois ans de 2,5 % en juillet dernier. Cela fait maintenant sept mois consécutifs que l’inflation reste à l’intérieur de la fourchette cible de la banque centrale canadienne qui va de 1 % à 3 %.
Chômage et prêts hypothécairesPendant ce temps, les niveaux d’activité économique et d’emplois apparaissent de plus en plus poussifs surtout si l’on tient compte de la forte croissance de la population avec l’immigration. Le taux de chômage au Canada est ainsi passé de 5 % au début de 2023 à 6,4 % cet été. C’en est au point où Tiff Macklem a déclaré mercredi matin qu’il faut désormais « de plus en plus se protéger contre le risque que l’économie et l’inflation ralentissent trop ».
« Nous sommes déterminés à ramener l’inflation à la cible de 2 % et nous voulons qu’elle y reste. Nous ne voulons pas qu’elle soit supérieure ou inférieure à cette cible ». Dans ce contexte, a-t-il ajouté, et si l’inflation continue sur sa trajectoire, « il est raisonnable de s’attendre à d’autres réductions du taux directeur ».
Qui plus est, son institution ne sait que trop bien que de nombreux ménages canadiens doivent encore renouveler leurs prêts hypothécaires dans les prochains mois et que presque tous le feront à un taux d’intérêt bien plus élevé que celui qu’on leur a accordé il y a quelques années de cela. Maintenant que sa bataille contre l’inflation est, à toutes fins utiles, gagnée, la diminution de son taux directeur est « la meilleure façon d’éviter des difficultés inutiles liées [à ces] renouvellements hypothécaires », a fait valoir vendredi Royce Mendes, économiste au Mouvement Desjardins.
Les marchés prévoient ainsi que la Banque procédera à une baisse d’un quart de point de pourcentage de ses taux d’intérêt à chacune de ses deux annonces restantes cette année, ce qui porterait son taux directeur à 3,75 %. De nombreux observateurs prédisent qu’elle continuera sur son élan pour atteindre 3 % d’ici un an.
Le plus tôt sera le mieux si l’on veut réduire les dommages à la croissance et au niveau de vie, disent certains experts qui en appellent à des baisses à coup de 0,5 point de pourcentage plutôt que de seulement 0,25 %. D’autant plus que la Banque estime elle-même que chacun de ses changements met entre 18 et 24 mois avant de produire pleinement son effet sur l’économie.