Il est trop tôt pour envisager une baisse du taux directeur, dit la ...
Comme elle le fait depuis septembre 2023, la Banque du Canada a laissé son taux directeur inchangé à 5 %, mercredi matin.
Malgré des signes de ralentissement de la croissance de l’économie américaine et européenne au quatrième trimestre et un taux d’inflation qui est passé sous la barre des 3 % en janvier dernier au pays, la banque centrale demeure prudente avant de s’engager dans une baisse de son taux directeur.
Un taux de 5 % reste approprié. Il est encore trop tôt pour envisager une baisse du taux directeur.
Alors qu'aux États-Unis la croissance du PIB ralentit sous l'effet des interventions de la Réserve fédérale, elle demeure étonnamment robuste et généralisée, portée par une forte contribution de la consommation et des exportations, souligne la Banque centrale.
Au Canada, le ralentissement n’est pas aussi rapide que prévu non plus. L’expansion de l’économie au quatrième trimestre a été supérieure aux attentes, mais son rythme est demeuré faible et en dessous de son potentiel, note la Banque du Canada.
Selon des données récentes, la politique monétaire fonctionne comme prévu. Mais on s'attend à ce que la progression de l'inflation soit graduelle et inégale. Et il y a encore des risques d'une hausse. Le conseil veut voir l'inflation fondamentale continuer à baisser de façon durable, a prévenu le gouverneur de la Banque du Canada, Tiff Macklem, en conférence de presse.
Le PIB réel a augmenté de 1 %, après un recul de 0,5 % au troisième trimestre. La consommation s’est accrue de seulement 1 %, et la demande intérieure finale s’est contractée sous l’effet d’une importante baisse des investissements des entreprises, constatent les gouverneurs de la Banque du Canada. Mais une forte hausse des exportations a continué de stimuler la croissance économique ces derniers mois.
Les taux d’intérêt plus élevés ont limité la demande et allégé les pressions sur les prix, mais l’inflation est encore près de 3 % et des pressions sous-jacentes persistent.
La plupart des économistes s'attendaient à ce que la banque centrale laisse son taux inchangé.
À 5 %, la politique de la Banque du Canada demeure suffisamment restrictive pour atteindre une inflation soutenue de 2 %. Il est trop tôt pour envisager des réductions, croit Phil Mesman, gestionnaire de portefeuille et responsable des obligations chez Picton Mahoney Asset Management.
Pour M. Mesman, la croissance plus élevée que prévu au quatrième trimestre, les prix toujours très élevés du logement et les pressions inflationnistes sous-jacentes qui maintiennent l'inflation fondamentale entre 3 % et 3,5 % sont des indices qui incitent à la prudence.
Lors de sa première annonce de 2024, en janvier, la banque centrale avait annoncé qu'elle avait commencé à discuter d'une baisse du taux directeur. Les discussions ne portent plus sur la question de savoir si le taux directeur est suffisamment élevé, mais plutôt sur la durée nécessaire pour le maintenir à ce niveau, avait expliqué le gouverneur Tiff Macklem.
Désirant ramener l'inflation annuelle à une cible annuelle de 2 %, la Banque du Canada a augmenté à 10 reprises son taux directeur de janvier 2022 à juillet 2023. Le taux est demeuré à 5 % depuis. Or, ces mesures semblent porter leurs fruits. En janvier, le taux d'inflation sur une base annuelle était de 2,9 %, alors qu'il était de 8,1 % en juin 2022.
Et le ralentissement devrait se poursuivre, selon le dernier rapport du directeur parlementaire du budget, déposé cette semaine à Ottawa, qui prévoit que l'inflation devrait revenir dans le giron des 2 % au cours de l'année.