Essais olympiques de natation | Summer McIntosh bat son record ...

17 May 2024

(Toronto) Mary-Sophie Harvey voulait un programme chargé aux Jeux olympiques de Paris, mais pas à tout prix. Souhaitant préserver son énergie pour la suite de la compétition, elle a renoncé à participer au 400 m quatre nages aux Essais canadiens, jeudi, au Centre sportif panaméricain de Toronto.

Summer McIntosh - Figure 1
Photo La Presse

La Québécoise a donc assisté en spectatrice au record du monde réalisé par l’incroyable Summer McIntosh lors de la finale en soirée.

Poussée par la foule à partir de la portion de brasse, l’Ontarienne de 17 ans les a tous fait lever pendant les deux longueurs de crawl, arrêtant le chrono à 4 min 24,38 s, soit presque une seconde et demie de mieux que sa propre marque établie un an plus tôt au même endroit

Avant même de se retourner pour regarder le temps au tableau, la représentante des Sharks de Sarasota affichait un large sourire, sachant probablement ce qu’elle venait d’accomplir. L’annonceur avait hurlé le fameux world record !

« Je peux sentir le soutien des spectateurs et ça me motive à continuer », a confié l’adolescente, tout sourire, aux journalistes entassés de l’autre côté du ruban. « S’ils n’étaient pas là, je ne crois pas que j’aurais eu le record de 4 minutes 25 en premier lieu, encore moins celui-ci de ce soir. »

PHOTO FRANK GUNN, LA PRESSE CANADIENNE

Summer McIntosh

La comparaison avec 2023 s’arrêtait là pour la double championne mondiale de la discipline.

Mon état d’esprit était très différent l’an dernier. Je m’efforce d’avoir du plaisir et de prendre un 100 m à la fois parce que cette course représente un grand défi mental. En général, je suis très contente. Mon but était d’avoir du plaisir et j’en ai assurément eu.

Summer McIntosh

La double championne mondiale était particulièrement fière de son amélioration à la brasse, « de loin [s]on style le plus faible ».

« Le 100 brasse dans un 400 quatre nages est la portion la plus dure. J’ai fait quelques ajustements techniques. Mais c’est très difficile de réaliser la transition du dos à la brasse à moins d’être super fatiguée. Je suis encore en train d’apprendre à gérer ça. Ne pas perdre la fluidité de mon style, ça prend du temps à maîtriser. J’y travaille toujours. »

La suite s’annonce palpitante pour McIntosh, gagnante des 200 et 400 m libre plus tôt cette semaine. Le 100 m libre, le 200 m papillon – où elle est également double championne du monde – et le 200 quatre nages sont maintenant dans son viseur.

« Un luxe »

Dans une moindre mesure, Mary-Sophie Harvey aura, elle aussi, un horaire de première ministre aux Jeux de Paris. Après ses qualifications au 100 m papillon et au 200 m libre, elle a dû se résigner à mettre le 400 QNI de côté. Elle ne veut pas compromettre ses chances au 100 m libre de vendredi et au 200 QNI de dimanche.

Summer McIntosh - Figure 2
Photo La Presse

PHOTO FRANK GUNN, ARCHIVES LA PRESSE CANADIENNE

Summer McIntosh et Mary-Sophie Harvey, mardi dernier

« C’est une décision difficile, mais avoir le luxe de prendre des décisions difficiles, ça se prend bien », a commenté Harvey après un entraînement et un massage avant la séance des finales.

C’est certain que j’ai une petite pensée pour le 400 quatre nages. Ça a toujours été mon épreuve quand j’étais jeune et je sais que je suis en bonne forme actuellement. Mais c’est très important de respecter mon plan.

Mary-Sophie Harvey

Son plan consiste à se concentrer sur les distances plus courtes. Elle ne s’est pas du tout préparée pour le 400 QNI, l’une des disciplines les plus éreintantes.

« Toute l’année, on s’est entraînées pour le 200 libre et le 200 quatre nages. Je dois arriver au 200 QNI prête, parce que je pense que ça va être la course la plus difficile de la semaine. Ça va se jouer à celle qui aura le plus d’énergie à la fin. »

L’athlète de 24 ans a longuement discuté avec son entraîneur Greg Arkhurst pendant son congé mercredi. Elle s’était levée avec un inconfort à l’épaule gauche, une vieille blessure qu’elle traîne depuis plusieurs années.

Son coach en a été inquiété, au point qu’il a indiqué qu’il s’agissait du principal facteur ayant pesé dans la décision.

Or la douleur a disparu durant la journée de jeudi, si bien que la nageuse a balayé cet élément d’un revers de main, soutenant qu’elle avait simplement dormi de façon « bizarre » la nuit précédente (sur le côté plutôt que sur le dos).

« Respecter une logique »

L’horaire olympique est l’autre paramètre majeur qui a été pris en considération. Les finales du 200 m libre et du 400 QNI sont disputées lors de la troisième soirée.

« Summer va justement se concentrer sur le 400 quatre nages et ne pas nager le 200 libre, a révélé Harvey. Moi, je ferai l’inverse. Ça va bien, j’ai la chance d’avoir le talent pour nager pas mal toutes les épreuves, ce serait facile de me laisser emporter par ça et de me dire : je vais essayer d’en faire plein. »

D’autant que son temps d’inscription au 400 QNI, réussi à sa grande surprise lors d’une compétition à Nice en mars, lui aurait permis de terminer deuxième jeudi. Comme il s'agit d'un temps de qualification olympique, elle pourrait se faire offrir de s'aligner aux JO dans l'éventualité où elle n'atteindrait pas la finale du 200 m, a fait remarquer un représentant de la Fédération de natation du Québec.

Sur papier, ce chrono l’aurait également classée sixième tant aux JO de Tokyo qu’aux Mondiaux de Fukuoka en 2023. En d’autres termes, elle a possiblement fait une croix sur une finale olympique.

« Il faut respecter une certaine logique, a noté Arkhurst. On ne peut pas courir après 18 lièvres à la fois. »

Le technicien n’est cependant pas sans savoir que ce retrait a fait sourciller une partie de la communauté de la natation canadienne.

On parle d’un potentiel sur une performance qu’elle n’a pas encore faite. On en a beaucoup parlé ensemble. C’est la meilleure décision.

Greg Arkhurst, entraîneur de Mary-Sohpie Harvey

Le début de compétition s’annonce déjà chargé à Paris, avec les séries et demi-finales du 100 m papillon et le relais 4 x 100 m libre la première journée. Le lendemain, elle s’alignera dans les préliminaires et possiblement dans les demi-finales du 200 m libre et la finale du 100 m papillon.

« Que fais-tu si elle est en finale du 400 QNI et du 200 libre ? Summer n’enchaînera pas les deux courses. Aux Jeux, elle ne fera pas le 200 libre. Mary-Sophie a 24 ans. Les Jeux, c’est neuf jours. Il faudra être au top jusqu’à la dernière journée. »

Relayeuse de confiance

Harvey a d’ailleurs réitéré sa volonté de participer à un maximum de relais dans la Ville Lumière, comme aux Jeux panaméricains où elle est montée sept fois sur le podium l’automne dernier.

« Je pense que Natation Canada va essayer de me reposer [en séries]. Aux Panams, ils ont vu qu’ils pouvaient compter sur moi à tous les relais. Je leur ai prouvé que je suis une personne fiable. C’est un rôle que je voulais avoir depuis longtemps. »

Elle a cependant l’intention de revenir au 400 QNI après les Jeux de Paris. « C’est une épreuve qui me titille depuis longtemps. Je n’en ai jamais fait un à la hauteur de mes attentes. Dans le passé, le 400 quatre nages et moi, on était meilleurs amis. Ça s’est brisé [à partir de 2021]. J’avais dit que je n’en faisais plus. Là, je recommence à l’apprivoiser. Et je ne pense pas que mes meilleures années soient derrière moi… »

Qui sait si le Canada ne pourra pas compter sur une deuxième prétendante au podium ? En attendant, on ne se lasse pas d’admirer Summer McIntosh.

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