Troisième vol test | SpaceX salue « un jour incroyable » malgré la ...

14 Mar 2024
SpaceX

(Boca Chica) Le troisième vol d’essai de l’immense fusée Starship de SpaceX, destinée à des voyages vers la Lune et Mars, s’est soldé jeudi par la perte du vaisseau au moment de son retour vers la Terre, mais l’entreprise spatiale américaine s’est félicitée d’un « jour incroyable » après un vol bien plus long que les deux précédents tests.

Publié à 9h43 Mis à jour à 13h07

Cette fusée, la plus puissante et la plus grande du monde (120 mètres), n’avait jamais volé « aussi loin et aussi vite », a déclaré une commentatrice lors de la retransmission vidéo de l’entreprise du milliardaire Elon Musk.

Ce direct vidéo a montré des images impressionnantes du vaisseau volant au-dessus de la Terre, puis illuminé de plasma orange alors qu’il rentrait dans l’atmosphère terrestre, sous l’effet de la chaleur provoquée par la friction.

« Immenses félicitations à toutes les équipes pour ce jour incroyable », a écrit sur X Gwynne Shotwell, la numéro 2 de SpaceX, en énumérant toutes les étapes franchies durant le vol.

Le décollage a eu lieu tôt jeudi matin depuis la base spatiale « Starbase » de SpaceX, à Boca Chica, dans l’extrême sud du Texas.  

Après deux premiers tests achevés dans de spectaculaires explosions l’année dernière, SpaceX avait cette fois dit vouloir accomplir plusieurs nouveaux « objectifs ambitieux ».

La fusée est composée de deux étages : l’étage de propulsion Super Heavy et, au-dessus, le vaisseau Starship, qui donne par extension son nom à la fusée entière.

Les deux étages se sont séparés avec succès quelques minutes après le décollage.

Super Heavy devait ensuite retomber en douceur dans le golfe du Mexique, mais n’a pas complètement réussi cette manœuvre et a expérimenté un « amerrissage dur », selon un commentateur.

Le vaisseau a lui continué sa course durant environ une heure. Il a largement dépassé la frontière de l’espace, atteignant plus de 200 km d’altitude selon SpaceX.

Il devait ensuite retomber dans l’océan Indien pour clore le test (sans survivre à l’impact). Mais le vaisseau a été « perdu » alors qu’il redescendait vers la Terre, a dit un commentateur.

C’était la première fois que SpaceX testait lors d’un tel vol l’efficacité du bouclier thermique de Starship, constitué de 18 000 tuiles noires en céramique.

Le régulateur aérien américain (FAA) a ensuite annoncé, comme lors des deux précédents tests, qu’il allait superviser une enquête, menée par SpaceX, sur les incidents concernant à la fois Super Heavy et le vaisseau.  

Transfert de carburant

L’entreprise du milliardaire Elon Musk mise sur Starship pour réaliser son but de faire de l’humanité une espèce multiplanétaire en l’installant sur Mars.

Son développement est aussi très important pour la NASA, qui compte sur ce vaisseau pour faire atterrir ses astronautes sur la Lune lors de sa mission Artémis 3, prévue en 2026.

Le patron de la NASA, Bill Nelson, a félicité jeudi SpaceX, qualifiant le vol d’essai de « réussi ».

Durant le vol, SpaceX a également testé l’ouverture de la trappe qui pourra servir à l’avenir à libérer dans l’espace des cargaisons, par exemple des satellites.  

La société devait aussi réaliser un transfert de carburant en vol, mais sa réussite doit encore être confirmée, selon Gwynne Shotwell.

Ce transfert devait avoir lieu entre deux réservoirs à l’intérieur du vaisseau, selon la presse spécialisée.

Mettre au point cette fonction est essentiel, car pour atteindre la Lune, Starship devra se ravitailler en carburant une fois dans l’espace, grâce à un vaisseau préalablement rempli par d’autres et servant de station-service spatiale.  

La méthode SpaceX

Pour ces tests, les prototypes utilisés ne transportent aucune cargaison. Et SpaceX a d’ores et déjà fabriqué plusieurs exemplaires de sa fusée.

La méthode de développement de SpaceX est différente de celle des entreprises traditionnelles et des agences spatiales nationales.

Si ces dernières fonctionnent avec l’argent du contribuable, SpaceX peut prendre davantage de risques en utilisant ses fonds propres.  

L’entreprise revendique en outre une technique de développement par itération, reposant sur des tests successifs enchaînés à une cadence rapide – quitte à ce qu’ils se terminent par des explosions.

Les leçons tirées permettent alors de procéder rapidement à des modifications.  

« C’est toujours mieux de sacrifier du matériel que de sacrifier du temps », avait déclaré en janvier Elon Musk face à des employés.

Le développement des fusées Falcon de SpaceX, qui avec 96 missions réussies en 2023 dominent aujourd’hui le marché des lancements américains, s’est aussi appuyé sur de multiples tests apparemment ratés.  

Outre sa taille démesurée, la véritable innovation de Starship est qu’elle doit à terme être entièrement réutilisable, afin de réduire les coûts. Actuellement, seul le premier étage de la fusée Falcon 9 revient se poser après chaque lancement pour être réutilisé.

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