Luxe montréalais | Le Royalmount voit le jour

Il manquait des lettres pour former le mot Royalmount sur certaines façades, mardi. Les ouvriers, qui ont travaillé jour et nuit au cours des derniers jours, passaient le balai dans la passerelle qui surplombe l’autoroute 15 et relie le métro au site. Repoussée à quelques reprises, l’ouverture de cette destination de luxe se fera finalement jeudi, avec la moitié de l’offre commerciale ouverte… et aucun logement encore construit.

« On avait le vent dans la face et finalement, on ouvre dans 48 heures », a lancé, visiblement soulagé, Claude Marcotte, vice-président exécutif et associé de Carbonleo, qui pilote le projet, au cours d’une visite des lieux organisée pour les médias, alors que le bruit des travaux se faisait toujours entendre.

Pour la première année, on prévoit recevoir 25 millions de visiteurs et générer 1 milliard en ventes.

Destination commerciale centrée sur le luxe, absence de logements, projet entraînant un fort achalandage de voitures en raison de sa situation géographique au carrefour des autoroutes 15 et 40 : les critiques envers le Royalmount depuis son annonce, en 2015, ont été nombreuses.

Malgré tout, les promoteurs réunis dans le parc urbain du Royalmount n’ont pas mâché leurs mots mardi en qualifiant leur projet de « midtown » ou encore de deuxième centre-ville, où ils estiment que 30 % des visiteurs gagneront la destination en transports en commun. Ceux qui viendront en voiture devront payer pour la garer dans l’un des 1800 espaces de stationnement.

PHOTO HUGO-SÉBASTIEN AUBERT, LA PRESSE

Signe que l’on s’affairait aux derniers préparatifs, il manquait toujours le « T » pour compléter le mot Royalmount.

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Des travailleurs étaient à pied d’œuvre mardi, à quelques jours de l’ouverture.

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La passerelle enjambant l’autoroute Décarie

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Les clients reconnaîtront plusieurs enseignes, dont Canada Goose.

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La première phase du projet Royalmount, qui compte 170 boutiques avec des noms comme Louis Vuitton, Gucci, Versace et Saint Laurent, a nécessité un investissement de plus de 1 milliard de dollars sur un total de 7 milliards à 10 milliards.

Sur les plans du Royalmount, près de 6000 logements sont prévus. Or, pour le moment, aucun n’a été construit. C’est que la question du zonage n’a toujours pas été réglée avec la Ville de Mont-Royal, où se trouvent les terrains du centre commercial. L’absence d’espace habitable à l’occasion de l’ouverture du Royalmount n’a toutefois pas porté ombrage à la fierté de Nicolas Désourdy, président et associé de Carbonleo.

« On n’est pas déçus parce que ça nous a permis de mettre toutes les infrastructures pour accueillir les résidants plus tard, affirme-t-il. La passerelle au métro, c’est fait. On a les restaurants, les services. » Des tours de bureaux sont également prévues dans la deuxième phase.

Selon M. Désourdy, la perception de gens de Mont-Royal va changer quand le centre commercial sera ouvert.

Le projet a également été montré du doigt en raison de l’achalandage de voitures – déjà très lourd – qu’il allait générer. Pour faciliter l’accès en transport collectif, on a construit une passerelle de 200 mètres enjambant l’autoroute 15 et qui relie la station de métro De la Savane au centre commercial. « Ç’a été complexe, ç’a coûté une cinquantaine de millions », a lancé sans détour M. Marcotte. Son installation a nécessité la fermeture de l’autoroute Décarie pendant sept ou huit nuits.

« On a tendance à oublier que des villes ont déroulé des boulevards, ce qui n’est pas le cas ici, souligne-t-il. Les gens se plaignent de la congestion, mais en même temps, on est au cœur de Montréal, les gens sont déjà dans le réseau. On a amélioré les accès. »

Depuis le début du projet, le Royalmount n’a pas caché son intention de se payer du luxe. Ainsi, Louis Vuitton, Gucci et Tiffany & Co. comptent parmi les 170 boutiques dont l’ouverture est prévue dans la première phase. Ces icônes du luxe devraient accueillir leurs premiers clients d’ici un mois. La designer québécoise Marie Saint Pierre, croisée par hasard lors de la visite, y ouvrira également une boutique éphémère.

Selon Carbonleo, près de 50 % de l’offre commerciale sera « composée de nouvelles marques et de nouveaux concepts jamais vus encore sur le marché québécois ».

Ainsi, il n’y aura pas seulement les amateurs de sacs de luxe signés Louis Vuitton qui trouveront leur compte. Les consommateurs qui sillonneront les lieux à partir du 5 septembre verront des détaillants qu’ils connaissent bien comme Aldo, Dynamite, La Vie en Rose, David’sTea, Garage et Canada Goose.

Zara (qui ouvrira son plus grand magasin au pays), Uniqlo et Nike, notamment, s’ajoutent aux marques internationales. En entrevue il y a plus d’un an, Carbeonleo disait avoir le souci d’offrir du « luxe inclusif » s’adressant à une plus large clientèle.

Pour se sustenter, la foire alimentaire le Fou Fou offrira une douzaine d’options de restaurants, des bars et un service de traiteur. Avec l’aide d’un code QR, il sera possible de faire sa commande et on viendra la déposer sur la table des clients.

L’aquarium de « classe mondiale » qui devait élire domicile en 2024 sur le site ouvrira finalement dans un an et demi. Les cinéphiles, quant à eux, devraient pouvoir fréquenter les salles d’ici Noël, a-t-on assuré. On prévoit également ouvrir un hôtel. Le lobby est déjà construit… mais on ignore toujours quel hôtelier s’y installera.

Par ailleurs, malgré l’offre commerciale et de divertissement que l’on retrouve au Royalmount, il n’y a qu’un seul centre-ville dans la métropole, affirme sans hésitation Glenn Castanheira, directeur général de Montréal centre-ville. « Un centre d’achats, on a beau l’appeler midtown, life style center, power center, tous les anglicismes que vous voudrez, ça reste un centre d’achats. Le centre-ville, il n’y en a qu’un par ville.

« Maintenant, c’est sûr que ce n’est pas un projet qui va venir renforcer le centre-ville de Montréal, reconnaît-il. Ça peut être vu comme une forme de compétition. À certains égards, ça l’est. On vit avec ça. Ce n’est pas notre premier rodéo. »