Sam Cyr et Marylène Gendron : tout le monde les aime
Dans Séparés mais ensemble, les humoristes Sam Cyr et Marylène Gendron mettent de l'avant la profonde complicité qui les unit. Ils déballent sur scène la complémentarité artistique qu'ils ont développée depuis la création de leur balado Tout le monde s'haït.
Chaque humoriste présente 45 minutes de son univers distinct, en solo, puis des moments à deux confirment la complicité qu’ils cultivent depuis plusieurs années déjà. Souvent audacieux, les deux amis manient avec brio un humour intime qui explore les vulnérabilités humaines.
C’est avec beaucoup de naturel que Sam Cyr et Marylène Gendron invitent leur public à entrer dans leurs confidences. Au fil des rodages, ils ont affiné un équilibre délicat entre la révélation personnelle et la performance humoristique, créant un espace de dialogue spontané où chacun, tour à tour, se livre sans fard.
Excellant dans la description de sa propre maladresse dans une époque marquée par l’incommunicabilité, Marylène Gendron dresse un portrait reconnaissable de la quête amoureuse dans une mer de spécimens tous moins attrayants les uns que les autres, alors que tout ce qu’elle souhaite, c’est qu’on l’invite au Pacini. Apprivoiser la solitude ou trouver l’amour à tout prix? Marylène Gendron oscille habilement entre les deux.
Dans leur spectacle commun, Sam Cyr et Marylène Gendron présentent chacun 45 minutes de blagues en solo, ainsi que des moments à deux.
Photo : Élise Jetté
Sam Cyr, avec son humour piquant, aborde quant à lui les thèmes de la pudeur, de l’identité et de la sexualité. Marquant une approche décomplexée mais réfléchie, il se révèle en entier, racontant même sa première fois avec un certain Yan, pendant qu’un épisode des Simpson jouait en arrière-plan comme ambiance sonore. Le juste milieu de la confidence a été trouvé au fil des nombreuses représentations de rodage qui ont permis aux deux humoristes de faire le tri dans leurs histoires.
Je me rappelle avoir été embarrassé par certains de mes sujets en rodage. Après avoir fait le ménage dans le show, ça fait que là, je suis juste content de présenter ce que j'ai écrit, plutôt que de toujours me demander : les gens sont-ils mal à l'aise que je parle de mon pénis?
Les deux complices démontrent une solide emprise sur leurs discours respectifs, le tout ayant été recadré par Pascale Renaud-Hébert, qui signe la mise en scène du spectacle. Elle nous a aidés surtout en étant notre thérapeute! dit Marylène en riant. On a eu beaucoup de rencontres où on parlait moins de comment se placer sur la scène que de comment on se sent. Elle était vraiment bonne là-dedans.
Tout le monde les écouteL’amitié véritable est à la base de cette collaboration professionnelle qui prend plusieurs formes depuis que Sam et Marylène se sont rencontrés à l’École nationale de l’humour. Leur premier projet commun, le balado Tout le monde s’haït, diffusé sur YouTube et les plateformes audio depuis plus de trois ans, témoigne de cette chimie.
Cumulant en moyenne 50 000 écoutes par semaine, ce balado, dans lequel ils explorent les complexes et les insécurités de leurs invités, a récolté plus de cinq millions d’écoutes au total et continue d’attirer un public fidèle.
Non seulement les gens connus ont des complexes, mais ils éprouvent le besoin d'en parler. On pensait qu'on allait devoir choisir les invités et trouver des amis humoristes ou artistes qui ont cette sensibilité-là, qui ont envie de parler de leurs failles. Finalement, c'est presque tout le monde qui nous dit oui.
Plusieurs constats se sont présentés au duo depuis la création de ce lieu de partage, alimenté chaque semaine. On s’est rendu compte que même les gens qu’on pensait faits de cristal et de succès ont leurs côtés vulnérables, observe Sam Cyr.
À deux, est-ce mieux?Mener des projets en équipe plutôt que seuls au front, ça change les façons de faire et les résultats. Pour Sam et Marylène, il y a dans cette approche une grande force commune construite avec passion.
On a la chance de pouvoir se parler au quotidien de ce qu’on vient de vivre professionnellement, parce qu’on est souvent à la même place, en même temps, en train de faire la même affaire. C’est assez rare d’avoir une personne dans ton parcours qui comprend autant ce que tu vis tous les jours, fait remarquer Marylène Gendron.
On réalise aussi que le travail d’équipe, ça a des défauts. Il y a des espèces de moments de comparaison entre nous deux qui ne seraient pas là si on était seuls, ajoute Sam Cyr.
Forts d’un succès commun, les humoristes ont poursuivi leur collaboration avec un nouveau projet, le balado Populaires!, lancé récemment sur la plateforme OHdio de Radio-Canada. Chaque émission plonge dans la passion d’une vedette pour une autre : Stéphanie Boulay parle de son amour pour Marjo, par exemple, ou encore Katherine Levac décline toutes les facettes de son intérêt pour Britney Spears.
Marylène Gendron apprécie la rigueur qui lui est imposée dans le cadre de ce nouveau projet. Marylène adore ça, faire des recherches et avoir les bonnes réponses, dit Sam Cyr en plaisantant.
Marylène a toujours ses deux écrans devant elle et elle fait ses vérifications. Elle peut faire ses recherches pendant que moi, je continue la discussion avec l'invité. Il y a moins de balles qui sont échappées. J’adore la pop culture des années 2000 et on me donne l’occasion de plonger dedans. C’est intéressant aussi, contrairement à notre habitude, de parler d’autre chose que de nous.
Cette collaboration à deux est pour eux bien plus qu’une simple association professionnelle; une vision commune de la comédie et une passion pour l’authenticité se dressent à la base du travail des deux artistes.
Amis pour la vieSam trouve que Marylène est fonceuse et spontanée, et qu’elle le motive à provoquer les choses, alors que Marylène croit que Sam est minutieux, original, brillant et perfectionniste. Il est aussi très rigide, avec un petit trouble d’opposition, dit-elle en riant. Je pense que c’est l’âge qui lui fait ça. Quand on parle, on a toujours l’impression que Sam et moi, on a le même âge, mais quand on parle de différents référents culturels, on se rend vite compte que je suis plus jeune que lui.
Ouais, t’as 16 ans, c’est ça? lance Sam Cyr. Oui, j’aimerais vraiment ça qu’on lance la rumeur que j’ai 16 ans, répond en riant Marylène, qui met souvent de l’avant leur différence d’âge dans les conversations de Tout le monde s’haït.
Sam Cyr et Marylène Gendron envisagent leur partenariat comme un engagement à long terme. Avec humour, Sam imagine leur avenir : Quand on aura 80 ans, j’aimerais qu’on présente un prix ensemble dans un gala, comme les vieux amis qu’on sera devenus.
Nos projets actuels sont des projets communs, et tant que le feu est encore en santé, on continue de l'alimenter, je pense. Le balado Tout le monde s’haït, on ne voit pas quand ça va finir; on est encore en train de l'alimenter. Il y a des façons de le bonifier. Le nouveau balado aussi, on veut que ça continue; que ce ne soit pas juste une petite collection.
Marylène Gendron, pragmatique, plaisante sur leur sens des responsabilités, garantissant qu’ils éviteront les querelles par amour du travail. On est beaucoup trop carriéristes pour se chicaner et se séparer, affirme-t-elle. On a signé des contrats communs.
Le spectacle Séparés mais ensemble sera présenté un peu partout au Québec d’ici la fin de l’année et au début de 2025 (Nouvelle fenêtre).
Le balado Populaires! est accessible sur OHdio, et Tout le monde s’haït (Nouvelle fenêtre) se poursuit.