Le milieu minoritaire francophone a hâte de rencontrer Rachel ...
À peine nommée ministre des Langues officielles, Rachel Bendayan a suscité de vives réactions en ne répondant pas à une question sur la préservation du français au Québec. Cependant, dans l’Ouest du pays, c’est bien la survie du français en milieu minoritaire qui anime les esprits.
Plusieurs organismes disent qu'ils ne connaissent pas Rachel Bendayan, mais qu’ils feront de leur mieux pour lui expliquer la situation des francophones de l’Ouest.
On va donner la chance au coureur. Elle a, si j'ai bien compris, un père francophone [et] une mère anglophone. Donc, elle connaît la dualité linguistique de l'intérieur, dit Marie-Nicole Dubois, présidente de la Fédération des francophones de la Colombie-Britannique (FFCB).
Rachel Bendayan est effectivement issue d’une famille exogame. Je vis cette dualité linguistique et je sais à quel point c'est important, ça fait partie de la richesse du Canada, a déclaré la ministre.
Cette avocate de confession juive, qui a été la cible d’acte de vandalisme antisémite dans le passé, et qui a récemment traversé une commotion cérébrale, est issue d’une famille marocaine immigrée au Canada.
En 2022, elle rendait hommage à l’immigration. « On sait tous qu'au Canada et au Québec l'immigration est une richesse. Les immigrants nous apportent énormément, et surtout alors qu'on vit une pénurie de main-d'œuvre. »
Sensibiliser la ministre à la situation dans l'OuestMarie-Nicole Dubois dit ne pas savoir quel est le niveau de connaissances de la ministre sur les communautés de langues officielles dans une situation minoritaire étant donné qu’elle est au Québec, et plus spécifiquement la situation en Colombie-Britannique.
On est différents des autres provinces. Nous n'avons pas de bastion francophone, on est éparpillés partout et ça fait en sorte que, quand on donne des services, il faut s'assurer qu'on nous les donne pour notre vitalité et non pas au niveau des nombres, parce que, sinon, ça ne fonctionnera pas. Donc, ça, ça va être à nous de se retrousser les manches, puis de lui expliquer, de lui faire comprendre notre réalité.
La présidente de la Fédération des francophones de la Colombie-Britannique (FFCB), Marie-Nicole Dubois.
Photo : Radio-Canada / Mélinda Trochu
Alors que Rachel Bendayan est aussi nommée ministre associée de la Sécurité publique, la présidente de la FFCB dit qu’il est rare que le ministre aux Langues officielles ne s’occupe que de cette question. Quelque part, on va souhaiter qu'elle ait la fibre, l'intérêt pour ce dossier-là.
Lors d’une mêlée de presse, vendredi, la députée d'Outremont, élue en 2019 dans une circonscription qu’elle a ramenée dans le giron des libéraux, n’a pas répondu directement à une question sur le déclin du français.
Le plus récent recensement confirmait que le français poursuit son déclin partout au pays. La proportion de Québécois qui parlent principalement cette langue à la maison est passé de 79 % à 77,5 % entre 2016 et 2021.
Je pense que mon rôle en tant que ministre des Langues officielles, c'est de s'assurer que nous maintenons le bilinguisme, c'est de s'assurer que la minorité anglophone au Québec soit protégée et que la minorité francophone hors Québec soit protégée, afin que le bilinguisme soit protégé partout à travers le pays et que nous maintenons la dualité linguistique que nous avons et dont nous sommes si fiers.
De son côté, la Fédération des communautés francophones et acadienne du Canada (FCFA) a félicité Rachel Bendayan pour sa nomination. Elle dit ne pas avoir eu l’occasion d’avoir de contacts avec la nouvelle ministre, mais qu'elle a hâte de faire sa connaissance.
L’idéal serait que nous puissions avoir une rencontre avec la nouvelle ministre dès le mois de janvier pour échanger sur les réalités et les enjeux de nos communautés, particulièrement en ce qui a trait au financement provenant du Plan d’action pour les langues officielles, et sur comment elle entrevoit ses responsabilités et ce que seront ses priorités.
La présidente de la Fédération des communautés francophones et acadienne du Canada (FCFA), Liane Roy.
Photo : Radio-Canada / Simon Lasalle
La FCFA rappelle en même temps qu'il s’est écoulé 18 mois depuis l’entrée en vigueur de la nouvelle Loi sur les langues officielles et [que] en l’absence de règlements pour la mettre en œuvre, peu d’institutions fédérales ont modifié leurs façons de faire pour s’y conformer.
L'organisme dit craindre que les règlements ne soient pas adoptés avant les prochaines élections.
La FCFA et la FFCB félicitent également la nouvelle présidente du Conseil du Trésor, Ginette Petitpas-Taylor, qui occupait le poste de ministre des Langues officielles au moment de la modernisation de la Loi sur les langues officielles.
« Je trouve que la nomination de Mme Ginette Petitpas-Taylor au Conseil du Trésor, ça arrive vraiment à point nommé, [car] c'est elle qui va être là pour amener à terme l'adoption des règlements », se réjouit Marie-Nicole Dubois.
Avec des informations d’Anaïs Elboujdaïni et de La Presse canadienne