Post Malone, le coup du circuit du FEQ
Au yeux de nombreux observateurs, il s’agissait du spectacle à ne pas manquer du 56e Festival d’été. Artiste de l’heure sur la planète, Post Malone a fait accourir les festivaliers vendredi et offert une prestation à la hauteur de cette réputation, sur les plaines d’Abraham, qui affichaient complet pour la première fois cette année.
Ils étaient nombreux à attendre à l’entrée des Plaines dès 5 h vendredi matin, dans l’espoir d’assister de près à la performance de l’artiste américain de 29 ans, qui se produisait en exclusivité canadienne, à Québec.
Le petit groupe d’inconditionnels s’est rapidement agrandi au point de forcer les autorités du festival à devancer l’ouverture de l’entrée de la Croix du sacrifice et de la traditionnelle chicken run de 15 minutes, en début de soirée.
Post Malone était visiblement heureux d'être devant le public des Plaines.
Photo : Radio-Canada / Erik Chouinard
Au même moment, l’avion de l’artiste se posait à l’aéroport Jean-Lesage, où il a été aperçu dans son uniforme habituel : casquette et pyjama à carreaux. Et dans le temps de le dire, le Festival d’été annonçait que le site était bondé et qu’il devait le fermer pour assurer la sécurité des spectateurs.
Sur le coup de 21 h 30, on retrouvait finalement Post Malone sur scène, vêtu cette fois d’une chemise – qu’il ne garderait pas longtemps – et d’un jeans, verre de bière à la main et large sourire au visage, à la vue de la gigantesque foule qui l’attendait.
Post Malone était accompagné d'un trio de cordes.
Photo : Radio-Canada / Erik Chouinard
Précédé d’une intro instrumentale offerte par une section de cordes féminine, Austin Richard Post, comme il s’est lui-même présenté, est apparu sur scène au milieu d’une effusion pyrotechnique digne des Grands Feux Loto-Québec. Ce ne serait pas la dernière de la soirée.
D’abord, merci de me recevoir à nouveau dans cette belle ville! Merci d’être venu ce soir pour faire le party avec moi! Santé, ma bande d’enfoirés (motherfuckers)! a-t-il lancé, en levant son verre.
Post Malone s'est dit prêt à faire la fête avec les gens de Québec.
Photo : Radio-Canada / Erik Chouinard
Pour cette première visite au Québec en quatre ans, le natif de New York – qui a grandi au Texas – avait mitonné tout un programme aux sonorités rock, R&B, hip-hop et pop.
Puisant abondamment dans ses albums Stoney (2016), Beerbongs & Bentleys (2018) et Hollywood’s Bleeding (2019), il a proposé tous ses essentiels avec les Better Now, Psycho, Rockstar, Wow, Circles, I Like You, White Iverson, Sunflower et Had Some Help, sa récente collaboration avec Morgan Wallen.
À son habitude, le charismatique musicien a également invité un spectateur, un certain Félix Bergeron, à prendre la guitare acoustique et à l’accompagner dans l’interprétation de la ballade Stay. Le jeune homme s’est bien acquitté de sa tâche et flottait sur un nuage après avoir partagé la scène avec son idole, à qui il a par ailleurs volé un égoportrait.
Spectaculaire scénographieAppuyé par un imposant dispositif scénique alliant pyrotechnie, colonnes de feu, éclairages de pointe, projections vidéo, Post Malone ne s’est pas moqué du Festival d’été. Visuellement, ce spectacle sentait l’argent à plein nez. Mais c’est ce à quoi on s’attend d’un artiste de cette envergure, non?
Post Malone a complètement pris le contrôle de l'immense scène des Plaines.
Photo : Radio-Canada / Erik Chouinard
Tout n’était cependant pas parfait. Malone a lui-même admis avoir chanté quelques fausses notes, qu’il a attribuées à de nouveaux moniteurs intra-auriculaires (in-ear). Imperfection avouée, à demi pardonnée.
Post Malone, c’est un peu tout ça. Un artiste à la fois humble, unique et fédérateur, qui suscite une ferveur quasi religieuse chez ceux qui vibrent à sa musique. Un artiste qui amalgame un large spectre d’influences pour en faire quelque chose de mélancolique et lancinant qui, au final, porte sa signature musicale.
Post Malone a remercier le public à de nombreuse reprise.
Photo : Radio-Canada / Erik Chouinard
Mais aussi une sorte de bête de scène attachante qui, dans la même phrase, s’adresse aux spectateurs en les appelant mesdames et messieurs et mes enfoirés (motherfuckers). Qui se vautre dans la politesse et la gratitude, tout en abusant du mot en F. Qui fait preuve d’une grande sensibilité et parle ouvertement de son anxiété, de ses difficultés à socialiser.
Et ce faisant, Post Malone trouve écho chez monsieur et madame Tout-le-monde. Et au final, c’est peut-être ce qui explique le mieux son succès. Un gros coup du Festival d’été!
Post Malone trouve écho chez monsieur et madame Tout-le-monde.
Photo : Radio-Canada / Erik Chouinard
Après la prestation léchée de Valley, la pop rebelle de Jessie Murph faisait l’effet d’une claque, en milieu de programme. La jeune Américaine de 19 ans, à l’allure à mi-chemin entre Avril Lavigne et Billie Eilish, tape dans une tout autre palette d’émotions.
Jessie Murph est entrée sur scène avec un large sourire devant l'imposante foule des Plaines.
Photo : Radio-Canada / Erik Chouinard
Moins lisse que la formation qui l’a précédée, l’autrice-compositrice-interprète puise à plusieurs sources d’inspiration musicales – le R&B, le hip hop, le country et la pop – pour concocter une proposition éclectique lui permettant de s’exprimer toute la gamme de ses émotions.
Avec sa voix un brin nasale et immature, dont elle joue habilement (trop?) des inflexions, la jeune écorchée chante le rejet des conventions dans le sud des États-Unis où elle a grandi.
Jessie Murph était visiblement étonnée par l'importance du public sur les Plaines.
Photo : Radio-Canada / Erik Chouinard
Visiblement intimidée par le gigantisme des plaines d’Abraham, le regard inquiet, elle a admis d’entrée de jeu : C’est la plus grande foule devant laquelle elle ait jamais chanté!
Il a fallu encore quelques titres avant que les nerfs cèdent la place au confort, et par le fait même à l’émotion. Une reprise réussie de S&M de Rihanna a également réveillé une foule qui n’en avait visiblement que pour la tête d’affiche de la soirée.
Jessie Murph était accompagnée trois musiciens et deux choristes.
Photo : Radio-Canada / Erik Chouinard
La jeune artiste a néanmoins continué à livrer la marchandise, notamment avec la mémorable Pray, terminant sa prestation avec l’interprétation coup de poing de Son of a Bitch, qu’elle a chantée un bâton de baseball – personnalisé avec des cristaux, svp – à la main.
Avec un plus d’assurance et d’expérience, Jessie Murph pourrait facilement exploser sur la scène musicale, comme elle l’a d’abord fait sur TikTok et YouTube. Seul le temps le dira!
La chanteuse a montré à plusieurs occasions le potentiel de sa voix.
Photo : Radio-Canada / Erik Chouinard
En nomination pour le Juno du groupe de l’année en 2022, la formation torontoise Valley demeure plutôt confidentielle de ce côté-ci du ROC. La proposition du trio formé du chanteur et guitariste Rob Laska, du bassiste et claviériste Alex Dimauro et de la batteuse et chanteuse Karah James a pourtant de quoi séduire!
Le trio torontois Valley était accompagné d'un guitariste supplémentaire sur scène.
Photo : Radio-Canada / Erik Chouinard
Avec sa pop-rock ensoleillée, la formation augmentée d’un guitariste sur scène a rapidement convaincu les adeptes de Post Malone de lui prêter l’oreille, ces derniers répondant même spontanément à ses hymnes fédérateurs en battant la mesure des bras.
Que ce soit dans Lost In Translation, pièce-titre du troisième album du groupe, ou encore dans Break For You, le chanteur Rob Laska se promène habilement entre la voix de tête et le falsetto, ce qui explique sûrement la comparaison avec Coldplay, qui s’arrête toutefois là.
Le chanteur de Valley, Rob Laska
Photo : Radio-Canada / Erik Chouinard
Plus générique que celle de la formation britannique, la musique du trio, qui met la mélodie à l’avant, possède néanmoins tout ce qu’il faut pour se frayer un chemin sur les ondes radiophoniques, avec des titres comme Have A Good Summer (without me) et Bass Players’ Brother notamment.
Le bassiste et claviériste de Valley, Alex Dimauro
Photo : Radio-Canada / Erik Chouinard
Sur scène, les Torontois ont rapidement établi une bonne connexion avec le public, sortant tous les trucs du métier. En français et en anglais, Laska a qualifié Québec de l’une des plus belles places au monde et s’est dit Québécois par procuration parce que la famille de sa petite amie provient de la Belle Province. Quant au bassiste Alex Dimauro, il n’a pas hésité à enfiler un chandail des Nordiques pour gagner la faveur des festivaliers. Des astuces vieilles comme le monde, mais qui ont quand même eu le mérite de les avoir rendus sympathiques!
La batteuse de Valley, Karah James
Photo : Radio-Canada / Erik Chouinard
On venait ici quand on était jeunes. C’était un rêve de jouer à Québec. Merci d’être arrivés tôt! On se revoit le 12 novembre! a conclu le chanteur, dont le groupe sera alors à l'affiche du Grizzly Fuzz.