Les manifestants descendent de la structure

2 days ago

Le pont Jacques-Cartier est maintenant rouvert à la circulation après que deux militants écologistes qui avaient escaladé la structure mardi matin, forçant sa fermeture en pleine heure de pointe matinale, ont été arrêtés.

Pont Jacques-Cartier - Figure 1
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Publié à 6h04 Mis à jour à 13h26

La Sûreté du Québec (SQ) a indiqué que l’opération policière sur le pont était terminée. La circulation a repris vers midi. Deux individus ont été arrêtés par les policiers et seront rencontrés par les enquêteurs. « Personne n’a été blessé lors de l’évènement », a ajouté le corps policier. Ils pourraient faire face à des accusations de méfaits, a précisé l’agente Camille Savoie, porte-parole, en mêlée de presse.

PHOTO PATRICK SANFAÇON, LA PRESSE

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Pont Jacques-Cartier - Figure 2
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« La situation revient tranquillement à la normale, les voies de circulation sont maintenant ouvertes. Nous remercions la population de sa patience et de sa confiance », a écrit la SQ sur le réseau social X, environ sept heures après la fermeture du pont.

Les deux manifestants ont provoqué la fermeture du pont pendant près de sept heures. Les policiers de la SQ les ont rencontrés au sommet de la structure vers 10 h. Les négociations entre les manifestants et les autorités se sont déroulées de façon pacifique. « Nos policiers déployés ont des formations spécialisées. L’opération s’est faite graduellement pour assurer la sécurité de tout le monde », a expliqué l’agente Savoie.

« Le pétrole nous tue »

Selon le Collectif Antigone, qui est composé de « grimpeurs activistes d’expérience », les deux militants ont grimpé sur la structure du pont reliant Montréal à la Rive-Sud vers 5 heures mardi matin. Le coup d’éclat s’est fait de concert avec le groupe Last Generation Canada.

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Pont Jacques-Cartier - Figure 3
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Vers 6 h 45, les grimpeurs ont déployé une bannière rouge sur laquelle on peut lire : « Le pétrole nous tue. »

Une fois rendus au sommet d’une des deux pointes du pont, les deux grimpeurs ont déployé une bannière rouge sur laquelle on pouvait lire : « Le pétrole nous tue ». Le message était inscrit en français et en anglais.

« La vue est super belle, mais ce qu’on vient faire ici, c’est sérieux », a lancé l’un des grimpeurs, qui se présente comme s’appelant Olivier, membre de Last Generation, dans une vidéo tournée depuis le sommet du pont et diffusée sur les réseaux sociaux.

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Il a rappelé que le 8 octobre 2019, trois militants d’Extinction Rebellion avaient aussi grimpé sur la structure du pont Jacques-Cartier. À son avis, dans les cinq années écoulées depuis, l’urgence climatique s’est aggravée et les gouvernements n’ont pris aucune mesure significative pour inverser cette tendance.

« Il y a eu des incendies de forêt, des inondations, des gens qui ont perdu leur maison, des gens qui sont morts par les coups de chaleur, les canicules s’allongent d’été en été, les effets sur la santé, sur nos maisons, s’accentuent chaque année », a-t-il énuméré.

Pont Jacques-Cartier - Figure 4
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« Donc les gouvernements sont incapables d’en faire assez pour réduire la crise climatique, et en plus, ils sont incompétents pour nous protéger contre les effets », a-t-il dénoncé.

De son côté, Benoît Richard, porte-parole de la Sûreté du Québec, avait indiqué plus tôt que les négociateurs et les enquêteurs du corps policier « tentent d’avoir une reddition pacifique » des manifestants.

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Une équipe spécialisée du Service de sécurité incendie de Montréal est arrivée sur les lieux peu avant 8 h.

Olivier a assuré que lui et son collègue Jacob étaient en sécurité. Dans la vidéo, on pouvait voir que les deux hommes portaient un casque et disposaient de l’équipement spécialisé dont ils ont eu besoin pour escalader l’imposante structure verte.

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« C’est très important de faire tout ce qu’on peut pour sonner l’alarme, apporter des changements et faire des pressions sur les autorités. Tous ensemble, on est capables de faire la différence », a-t-il martelé.

La circulation perturbée

De son côté, la Sûreté du Québec (SQ) a dirigé l’opération visant à convaincre les deux manifestants de descendre. Celle-ci s’est finalement mise en branle vers 11 heures, lorsque des secouristes ont été rejoindre les deux hommes au sommet et les ont accompagnés lors de la descente.

Consultez l’état de la circulation

La fermeture du pont Jacques-Cartier en pleine heure de pointe matinale a inévitablement entraîné de la congestion sur les autres axes routiers, surtout sur la Rive-Sud.

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Selon le lieutenant Benoit Richard, qui est porte-parole pour la SQ, malgré ce constat, il aurait été impossible de maintenir une voie de circulation ouverte sur le pont pendant l’opération, et ce, pour des raisons de sécurité.

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« Si ça prend dix minutes, ça va prendre dix minutes, mais si ça prend plus de temps que ça, on va s’assurer de la sécurité des gens qui sont impliqués », avait-il affirmé lors d’une mêlée de presse vers 7 h 30.

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Revendications environnementales

Sur Facebook, lorsqu’un internaute a reproché au Collectif Antigone de « déranger les travailleurs ordinaires qui n’ont aucun pouvoir », le groupe a répondu : « Tous les autres moyens ont été tentés. Il est urgent que le message soit entendu. Le pétrole nous tue et les changements climatiques perturbent déjà la vie de milliers de personnes. »

Last Generation Canada réclame notamment que le gouvernement fédéral adhère au Traité de non-prolifération des combustibles fossiles, « afin d’arrêter l’extraction et la combustion du pétrole, du gaz et du charbon d’ici 2030 et de soutenir et financer d’autres pays pour qu’ils effectuent une transition rapide, équitable et juste ».

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Les deux groupes demandent aussi à Ottawa de créer une agence nationale de gestion des urgences pour répondre aux catastrophes climatiques, comme les incendies de forêt et les inondations, et réclament la fermeture de l’oléoduc 9B d’Enbridge, qui transporte du pétrole de l’Ouest canadien jusqu’au Québec.

Selon Olivier, cet oléoduc représente « la plus grande bombe à retardement qui menace l’eau potable et la sécurité des habitants de la grande région de Montréal et partout sur le long du fleuve Saint-Laurent ».

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Guilbeault préfère d’autres moyens de militer

Dans une déclaration écrite transmise à La Presse canadienne, le ministre fédéral de l’Environnement, Steven Guilbeault, a soutenu qu’il ne s’excusera pas de travailler au sein du « seul parti fédéral à disposer d’un plan climatique crédible ».

« Les mesures que nous avons mises en place nous ont permis de passer d’une situation où, en 2015, nous devions rater nos objectifs en matière d’émissions à une situation où, pour la première fois, les émissions diminuent alors que l’économie tourne à plein régime », a-t-il fait valoir.

En 2001, M. Guilbeault, qui militait alors pour Greenpeace, avait lui-même fait les manchettes lorsqu’il avait escaladé la tour du CN, à Toronto. Avec son collègue Chris Holden, il avait déployé une bannière sur laquelle on pouvait lire : « Canada and Bush – Climate Killers ».

« J’apprécie la mobilisation de ce groupe en faveur de l’action climatique et je l’invite à se pencher plus avant sur notre bilan. En tant que militant, je préfère les méthodes de lutte qui permettent de garder la population de notre côté », a ajouté le ministre dans sa déclaration.

De son côté, lorsque la manifestation a débuté mardi matin, le ministre l’Environnement du Québec, Benoit Charette, a écrit sur les réseaux sociaux que celle-ci était « complètement injustifiable et totalement condamnable ! ».

« Ces personnes n’aident en rien l’environnement. Elles ne font que frustrer les gens », a-t-il ajouté. Le ministre de la Sécurité publique François Bonnardel s’est également prononcé comme étant en désaccord avec ce geste.

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