Des manifestants forcent la fermeture du pont Jacques-Cartier

Deux manifestants de Last Generation Canada et du Collectif Antigone ont escaladé la structure du pont Jacques-Cartier, très tôt mardi matin, forçant sa fermeture complète dans les deux directions.

Une fois au sommet de la structure, les manifestants ont déployé une banderole sur laquelle on peut lire : Le pétrole nous tue.

Des négociateurs et des enquêteurs de la Sûreté du Québec (SQ), assistés de pompiers, tentent de faire descendre les deux manifestants pacifiquement et de façon sécuritaire. Toutes les voies du pont demeurent fermées jusqu'à nouvel ordre.

On est très conscients de l'impact que ça a sur la circulation. Toutefois, on doit s'assurer que les gens peuvent descendre de façon sécuritaire, et assurer la sécurité de tous les intervenants qui sont présentement sur le pont.

Comme il fallait s'y attendre, la fermeture du pont Jacques-Cartier en pleine heure de pointe matinale provoque d'importants bouchons sur la Rive-Sud à l'approche des ponts Victoria et Samuel-De Champlain et du tunnel Louis-Hippolyte-La Fontaine, où seules deux voies sont ouvertes.

À Brossard, les bouchons commencent à l'autoroute 30, qui est elle aussi congestionnée en raison du flot de circulation en provenance du pont Jacques-Cartier. À Boucherville, les automobilistes sont arrêtés sur l'autoroute 20 est à la hauteur de l'autoroute 30. La circulation est aussi très lourde sur la route 132 vers l'ouest et sur la route 112 à l'approche du pont Victoria.

Les nombreux cyclistes qui empruntent le pont chaque jour doivent aussi faire un important détour pour traverser le fleuve via les écluses de Saint-Lambert, l'île Notre-Dame et l'île Sainte-Hélène.

Dans un communiqué, Last Generation Canada et le Collectif Antigone déplorent que le gouvernement fédéral n'a pris aucune mesure significative au cours des cinq années qui se sont écoulées, alors que l'urgence climatique s'est aggravée.

Les deux groupes pressent Ottawa d'adhérer au traité de non-prolifération des combustibles fossiles afin d'arrêter l'extraction et la combustion du pétrole, du gaz et du charbon d'ici 2030.

Les activistes demandent également la création d'une agence nationale de gestion des urgences pour répondre aux catastrophes climatiques telles que les incendies de forêt et les inondations.

Malheureusement, quand on cible les industries pétrolières, on voit qu'il y a beaucoup moins d'attention et c'est beaucoup plus difficile de faire passer un message, a expliqué Mathilde, organisatrice de l'événement, sur les ondes d'ICI RDI. Ce n'est pas un plaisir de devoir bloquer pour faire passer les messages.

On est vraiment désolés de les déranger [les automobilistes]. Je pense que eux aussi sont conscients des risques et des conséquences du dérèglement climatique [...] et c'est aussi pour eux qu'on fait ça.

Il s'agit d'une action similaire à celle menée en 2019 par des membres du groupe Extinction Rebellion.

Interpellé personnellement par les allégations des manifestants sur le bilan climatique du Canada, le ministre fédéral de l’Environnement, Steven Guilbeault, lui-même un ancien activiste écologiste, n’a pas tardé à réagir.

J'ai lu les déclarations de ce groupe concernant notre bilan en matière de climat et je ne saurais être plus en désaccord, a-t-il déploré dans une déclaration.

Affirmant avoir lancé en 2022 le plan climatique le plus complet de l'histoire du pays et avoir travaillé sur plus de 100 mesures pour réduire les émissions de GES au pays, Steven Guilbeault a rappelé que son gouvernement a investi plus de 100 milliards de dollars pour aider les Canadiens à prendre le virage de l’électrification des transports et de l’efficacité énergétique des maisons.

Je ne m’excuserai pas de travailler au sein du seul parti fédéral à disposer d'un plan climatique crédible, ajoute le ministre, qui rappelle que les émissions du Canada sont aujourd'hui à leur niveau le plus bas depuis 25 ans, et ce, alors que l’économie tourne à plein régime.