Coup d'éclat au pont Jacques-Cartier | Trois militants passeront la ...

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Trois militants écologistes impliqués dans le coup d’éclat du pont Jacques-Cartier ont été arrêtés et comparaîtront mercredi au palais de Justice de Montréal. Deux d’entre eux avaient escaladé sa structure mardi matin, forçant sa fermeture en pleine heure de pointe.

Pont Jacques-Cartier - Figure 1
Photo La Presse

Publié à 6h04 Mis à jour à 21h07

Les individus, qui souhaitaient protester contre les énergies fossiles, pourraient faire face à des accusations de méfaits, a précisé l’agente Camille Savoie, porte-parole de la Sûreté du Québec (SQ), en mêlée de presse.

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Les policiers de la SQ ont rencontré les militants au sommet de la structure vers 10 h

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Les policiers de la SQ ont rencontré les militants au sommet de la structure vers 10 h

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Vers 19 h, un autre porte-parole de la SQ, Frédéric Deshaies, a indiqué que trois personnes étaient détenues en lien avec cet évènement, et qu’elles devaient comparaître mercredi au palais de justice de Montréal.

Pont Jacques-Cartier - Figure 2
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« C’est inacceptable ! Les activistes sont non violents et il n’existe aucune raison de les détenir ! Notre colère et notre rage nous laissent sans mot », a réagi sur les réseaux sociaux le Collectif Antigone, à l’origine du coup d’éclat — qui s’est fait de concert avec le groupe Last Generation Canada.

Une membre du Collectif Antigone, Chantal Poulin, a expliqué en entrevue avec La Presse que l’une des trois personnes arrêtées s’était portée volontaire pour aider les policiers dans les négociations, mais n’avait pas escaladé la structure.

« Notre Collectif mène des actions non violentes depuis plus de vingt ans, et les activistes sont toujours relâchés après quelques heures, sous promesse de ne plus perturber l’ordre public », explique-t-elle.

« Que trois militants passent la nuit en prison, c’est du jamais-vu au Québec », ajoute-t-elle, très inquiète.

« Le pétrole nous tue »

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Vers 6 h 45, les grimpeurs ont déployé une bannière rouge sur laquelle on peut lire : « Le pétrole nous tue. »

Selon le Collectif Antigone, les deux militants ont grimpé sur la structure du pont reliant Montréal à la Rive-Sud vers 5 heures mardi matin. Le coup d’éclat s’est fait de concert avec le groupe Last Generation Canada.

Pont Jacques-Cartier - Figure 3
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Une fois rendus au sommet d’une des deux pointes du pont, les grimpeurs ont déployé une bannière rouge sur laquelle on pouvait lire : « Le pétrole nous tue », en français et en anglais.

« La vue est super belle, mais ce qu’on vient faire ici, c’est sérieux », a lancé l’un des grimpeurs, qui se présente comme s’appelant Olivier, dans une vidéo tournée depuis le sommet du pont et diffusée sur les réseaux sociaux.

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Il a rappelé que le 8 octobre 2019, trois militants d’Extinction Rebellion avaient aussi grimpé sur la structure du pont Jacques-Cartier. À son avis, dans les cinq années écoulées depuis, l’urgence climatique s’est aggravée et les gouvernements n’ont pris aucune mesure significative pour inverser cette tendance.

« Il y a eu des incendies de forêt, des inondations, des gens qui ont perdu leur maison, des gens qui sont morts par les coups de chaleur, les canicules s’allongent d’été en été, les effets sur la santé, sur nos maisons, s’accentuent chaque année », a-t-il énuméré.

« C’est très important de faire tout ce qu’on peut pour sonner l’alarme, apporter des changements et faire des pressions sur les autorités. Tous ensemble, on est capables de faire la différence », a-t-il martelé.

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Pont Jacques-Cartier - Figure 4
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Une équipe spécialisée du Service de sécurité incendie de Montréal est arrivée sur les lieux peu avant 8 h.

La circulation perturbée

Les activistes ont provoqué la fermeture du pont Jacques-Cartier pendant près de sept heures, ce qui a inévitablement entraîné de la congestion sur les autres axes routiers, surtout sur la Rive-Sud.

Les policiers de la SQ les ont rencontrés au sommet de la structure vers 10 h. Les négociations entre les manifestants et les autorités se sont déroulées de façon pacifique. « Nos policiers déployés ont des formations spécialisées. L’opération s’est faite graduellement pour assurer la sécurité de tout le monde », a expliqué l’agente Savoie.

La circulation sur le pont a finalement repris vers midi. « Personne n’a été blessé lors de l’évènement », a indiqué la SQ.

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Les négociations entre les manifestants et les autorités se sont déroulées de façon pacifique.

Revendications environnementales

Sur Facebook, lorsqu’un internaute a reproché au Collectif Antigone de « déranger les travailleurs ordinaires qui n’ont aucun pouvoir », le groupe a répondu : « Tous les autres moyens ont été tentés. Il est urgent que le message soit entendu. »

Pont Jacques-Cartier - Figure 5
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Last Generation Canada réclame notamment que le gouvernement fédéral adhère au Traité de non-prolifération des combustibles fossiles, « afin d’arrêter l’extraction et la combustion du pétrole, du gaz et du charbon d’ici 2030 et de soutenir et financer d’autres pays pour qu’ils effectuent une transition rapide, équitable et juste ».

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La circulation sur le pont a finalement repris vers midi. « Personne n’a été blessé lors de l’évènement », a indiqué la SQ.

Les deux groupes demandent aussi à Ottawa de créer une agence nationale de gestion des urgences pour répondre aux catastrophes climatiques, comme les incendies de forêt et les inondations, et réclament la fermeture de l’oléoduc 9B d’Enbridge, qui transporte du pétrole de l’Ouest canadien jusqu’au Québec.

Selon Olivier, cet oléoduc représente « la plus grande bombe à retardement qui menace l’eau potable et la sécurité des habitants de la grande région de Montréal et partout sur le long du fleuve Saint-Laurent ».

Guilbeault préfère d’autres moyens de militer

Dans une déclaration écrite transmise à La Presse canadienne, le ministre fédéral de l’Environnement, Steven Guilbeault, a soutenu qu’il ne s’excusera pas de travailler au sein du « seul parti fédéral à disposer d’un plan climatique crédible ».

Pont Jacques-Cartier - Figure 6
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« Les mesures que nous avons mises en place nous ont permis de passer d’une situation où, en 2015, nous devions rater nos objectifs en matière d’émissions à une situation où, pour la première fois, les émissions diminuent alors que l’économie tourne à plein régime », a-t-il fait valoir.

En 2001, M. Guilbeault, qui militait alors pour Greenpeace, avait lui-même fait les manchettes lorsqu’il avait escaladé la tour du CN, à Toronto. Avec son collègue Chris Holden, il avait déployé une bannière sur laquelle on pouvait lire : « Canada and Bush — Climate Killers ».

« J’apprécie la mobilisation de ce groupe en faveur de l’action climatique et je l’invite à se pencher plus avant sur notre bilan. En tant que militant, je préfère les méthodes de lutte qui permettent de garder la population de notre côté », a ajouté le ministre dans sa déclaration.

De son côté, lorsque la manifestation a débuté mardi matin, le ministre l’Environnement du Québec, Benoit Charette, a écrit sur les réseaux sociaux que celle-ci était « complètement injustifiable et totalement condamnable ! ».

« Ces personnes n’aident en rien l’environnement. Elles ne font que frustrer les gens », a-t-il ajouté.

Des propos controversés

Dans un message sur X, François Bonnardel a également dénoncé la couverture médiatique de l’évènement, affirmant que « donner du temps d’antenne à ces groupes extrémistes, c’est leur donner raison et les encourager à recommencer ».

Ses propos ont été rapidement condamnés par la Fédération professionnelle des journalistes du Québec (FPJQ).

« Il se trompe complètement de cible, c’est évident que c’est le travail des journalistes, des médias, de rapporter et de rendre compte d’un évènement qui affecte le quotidien de milliers de personnes », a expliqué Éric-Pierre Champagne, président de la FPJQ.

Il a ajouté que cette déclaration « malheureuse » et « troublante » du ministre était « un exemple de plus » du « manque de compréhension » de certains élus du rôle que jouent les journalistes dans la société.

Avec Stéphane Blais, La Presse Canadienne

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