Tuerie à Polytechnique : « un devoir de mémoire, mais surtout de ...
Port d'un ruban blanc, dépôt de gerbes de roses blanches, mise en berne des drapeaux de l'aube au crépuscule et illumination de 14 faisceaux lumineux au-dessus du mont Royal : en ce 6 décembre, les gestes sont nombreux pour commémorer la tragédie qui a coûté la vie à 14 jeunes femmes, il y a 34 ans, à Polytechnique Montréal.
Maud Cohen se dit toujours un peu émue quand arrive le 6 décembre. Première femme à avoir été nommée directrice générale de Polytechnique Montréal, l’ancienne présidente de l’Ordre des ingénieurs du Québec dit que ça marque le moment.
Maud Cohen se destinait à la médecine au cégep, comme elle l'a raconté mercredi à Tout un matin sur ICI Première. Mais les événements, comme elle nomme la tragédie du 6 décembre 1989, lui ont fait connaître le génie. Je ne dirais pas que c'est à cause des événements que je suis allée dans cette profession-là, mais le génie était peu connu des femmes et peu encouragé auprès des femmes qui avaient des parcours scientifiques.
C'est aussi de cette manière, brutale, qu'elle avait connu l'institution qu'elle dirige désormais et d'où elle était sortie en 1996, diplôme de génie industriel en poche.
Au sein de la communauté de Polytechnique Montréal, le sort tragique de ces treize aspirantes ingénieures et d'une employée de l'institution marque l'imaginaire, dit-elle.
Des fleurs ont déposées au matin du 6 décembre 2023 pour commémorer le massacre de Polytechnique survenu il y a 34 ans, lorsqu'un individu armé a abattu 14 jeunes femmes et en a blessé 13 autres dans cette institution d'enseignement et de recherche en génie, à Montréal.
Photo : La Presse canadienne / Ryan Remiorz
Les 10 000 étudiants, dont 29 % sont des femmes, n'étaient pas nés quand c'est arrivé. Mais dans cette école vieille de 150 ans, il se trouve encore des gens qui étaient là, ou qui ont connu quelqu'un qui était là quand le tueur est entré armé, sinistrement déterminé.
Et je pense que c'est la même chose pour l'ensemble de la communauté montréalaise, affirme Maud Cohen.
Par conséquent, les jeunes qui entrent à Polytechnique sont conscientisés à cet événement-là. Mais ils le sont parce que cet établissement d'enseignement est résolu à bien les accueillir, à faire en sorte qu'ils s'y épanouissent, insiste-t-elle.
On a un devoir de mémoire, mais surtout, on a un devoir de changer les choses et d'apprendre de ce qui s'est passé.
Plus il y a de femmes en génie, plus il va y avoir des modèles, souligne Mme Cohen, pour qui ces modèles peuvent aussi inspirer les gens issus de la diversité.
Le génie, note-t-elle, est encore un secteur dominé par les hommes. Et jusqu'à un certain point, il faut qu'il y en ait des professions où il y a, peut-être, un peu plus d'hommes que de femmes, parce que dans d'autres [secteurs], c'est complètement l'inverse.
Mais, en même temps, ça ne veut pas dire qu'on peut tolérer la discrimination, ou qu'on ne peut pas agir dans ce sens-là.
Il y a encore, de façon marquée, de la violence envers les femmes et il faut continuer d'agir là-dessus.
Plusieurs élus, dont le ministre Dominic LeBlanc, les premiers ministres Justin Trudeau et François, et la ministre Martine Biron à la commémoration des 34 ans du drame de Polytechnique à Montréal.
Photo : Radio-Canada / Ivanoh Demers
Dans les couloirs de l'Assemblée nationale, mercredi, François Legault a tenu à rappeler la tragédie de Polytechnique avant de répondre à quelques questions des journalistes lors d'un impromptu de presse. Le premier ministre du Québec dit se souvenir de ce drame épouvantable comme si c'était hier.
Au Québec, l'égalité entre les hommes et les femmes, ça, c'est non négociable, a poursuivi M. Legault, qui participera, à compter de 16 h 45, aux côtés de son homologue fédéral Justin Trudeau, à la vigile organisée en hommage aux victimes du massacre de Polytechnique.
On a un devoir de mémoire.
Par communiqué, Justin Trudeau a rappelé la Journée nationale de commémoration et d'action contre la violence faite aux femmes, qui a été instaurée par le Parlement à la suite de cet acte violent de misogynie [qui] a secoué notre pays.
Nous nous souvenons des 14 jeunes femmes qui ont été froidement assassinées et des 13 autres qui ont été blessées à l'École polytechnique de Montréal.
De nombreuses femmes, filles et personnes de diverses identités de genre au Canada et dans le monde sont encore la cible de la misogynie violente ayant conduit à cette tragédie, écrit encore le premier ministre canadien.
Le premier ministre du Québec et sa conjointe ont pris part aux commémorations.
Photo : Ivanoh Demers
Les victimes du 6 décembre 1989 : Geneviève Bergeron, Hélène Colgan, Nathalie Croteau, Barbara Daigneault, Anne-Marie Edward, Maud Haviernick, Maryse Laganière, Maryse Leclair, Anne-Marie Lemay, Sonia Pelletier, Michèle Richard, Annie St-Arneault, Annie Turcotte, Barbara Klucznik-Widajewicz
La présidente de l'Ordre des ingénieurs du Québec, Sophie Larivière-Mantha, affirme que l'Ordre s'est associé au Théâtre du Nouveau Monde (TNM) pour la présentation d'une pièce de théâtre documentaire, Projet Polytechnique, qui est présentée actuellement à Montréal et qui sera en tournée dans l'ensemble du Québec par la suite.