Pierre Poilievre participera à l'assemblée annuelle de l'APN à ...

26 Jun 2024
Pierre Poilievre

OTTAWA — Le chef conservateur Pierre Poilievre devrait assister à la prochaine assemblée générale annuelle de l’Assemblée des Premières Nations (APN) pour la première fois depuis qu’il dirige le Parti conservateur.

Son porte-parole, Sebastian Skamski, a confirmé mardi que M. Poilievre assistera à l’assemblée générale de l’APN le mois prochain à Montréal et qu’il y prononcera un discours.

M. Poilievre devrait également participer à une séance de questions-réponses avec les chefs des Premières Nations, dont certains ont déjà exprimé leur scepticisme quant à ses promesses de réconciliation avec les Autochtones.

Le chef de la Première Nation de Nipissing, Scott McLeod, dit qu’il s’attend à ce que Poilievre apporte des détails sur les politiques, et non des platitudes.

«Nous voulons savoir ce qu’il va réellement faire. Pas ce que l’autre gars fait de mal», a résumé M. McLeod.

Le chef conservateur a déjà rencontré des chefs autochtones pour leur dire qu’en tant que premier ministre, il ne leur mettrait pas de bâtons dans les roues, surtout lorsqu’ils voudront générer de la croissance économique pour leurs communautés.

Le premier ministre Justin Trudeau et le chef du Nouveau Parti démocratique (NPD) Jagmeet Singh ont déjà assisté à l’assemblée. Un porte-parole du NPD a confirmé que M. Singh serait également présent à la réunion de cette année.

Sa participation prévue à l’assemblée générale annuelle en juillet à Montréal survient alors que la cheffe nationale nouvellement élue tente de tisser des rapprochements au sein de ce parti après des tensions avec les gouvernements conservateurs précédents.

Plus tôt cette année, la cheffe nationale, Cindy Woodhouse Nepinak, a déclaré qu’elle préférait demeurer «optimiste» et croire que M. Poilievre collaborerait avec les Premières Nations s’il remportait les prochaines élections. Elle a souligné que les jeunes Autochtones avaient été particulièrement frustrés par les gouvernements de Stephen Harper.

«Ce n’est certainement pas la relation que je souhaite», a-t-elle déclaré.

Une relation tendue

Le gouvernement Harper a vu naître l’un des plus grands mouvements de défense des droits autochtones de ces derniers temps, «Idle No More». Le mouvement a été déclenché par le dépôt par le gouvernement conservateur du projet de loi omnibus C-45, également connu sous le nom de Loi sur l’emploi et la croissance, et s’est accéléré en novembre 2012.

Les peuples autochtones se sont opposés à ce projet de loi qui diminuait leurs droits, tout en donnant aux gouvernements et aux entreprises plus de pouvoir pour développer les ressources sans évaluation environnementale stricte.

Le mouvement de protestation s’est étendu pour englober plus largement les droits environnementaux et autochtones et a obtenu un large soutien parmi les peuples autochtones de tout le pays – et du monde entier.

M. Poilievre s’était déjà adressé à l’APN en décembre 2022, dans un message vidéo qui avait été hué par certains participants présents à l’assemblée extraordinaire.

M. McLeod, s’était ensuite exprimé au micro en exhortant les organisateurs à «ne jamais présenter une vidéo comme celle-là aux survivants des pensionnats», ce qui a suscité les applaudissements des personnes présentes.

De nombreux Autochtones se souviennent de M. Poilievre pour les commentaires qu’il avait tenus le jour où le premier ministre Harper a présenté les excuses du Canada aux survivants des pensionnats à la Chambre des communes en 2008.

S’adressant à la station de radio CFRA avant les excuses solennelles en Chambre, M. Poilievre avait déclaré qu’il n’était pas sûr que les Canadiens «en aient pour leur argent», en parlant des indemnités versées aux anciens élèves autochtones qui avaient été forcés de fréquenter les pensionnats fédéraux. M. Poilievre s’était excusé peu de temps après.

La Convention de règlement relative aux pensionnats indiens, mise en œuvre en septembre 2007, a alloué 1,9 milliard $ aux anciens élèves.

Des mesures concrètes?

Lors d’une entrevue mardi, M. McLeod a affirmé que M. Poilievre avait «une pente très raide à gravir».

Le chef de la Première Nation de Nipissing, qui devrait être présent à l’assemblée, ne veut pas que Poilievre «parle en rond sur l’autonomisation des Premières Nations et utilise tous ces mots à la mode».

«Quel est son programme concernant les peuples autochtones? Que compte-t-il faire? Soutiendra-t-il les initiatives déjà en cours?»

M. McLeod a souligné que M. Poilievre devait aux peuples autochtones de fournir des détails, et «de ne pas simplement lui faire dire des choses qu’il pense que nous voulons entendre».

M. Poilievre a tenté depuis de faire des percées auprès des Premières Nations, notamment en suggérant, plus tôt cette année, une mesure pour que ces communautés puissent percevoir elles-mêmes des taxes auprès de l’industrie des ressources naturelles — ce qui, selon lui, accélérerait les négociations et l’approbation des projets d’exploitation.

Cette mesure avait été élaborée par la Commission de la fiscalité des Premières Nations, un organisme indépendant, et présentée par la suite au Parti conservateur.

Pourtant, de nombreux chefs restent sceptiques et craignent qu’un éventuel gouvernement conservateur ne réduise le financement des communautés, ce qui entraînerait une période d’austérité.

Ils craignent que cela ne marque la fin d’une époque, lancée par les peuples autochtones et les dirigeants du mouvement «Idle No More» et en partie provoquée par les libéraux de M. Trudeau, centrée sur les relations de nation à nation.

Lorsque M. Poilievre parle de réconciliation, il met souvent l’accent sur le développement économique des communautés et sur la nécessité pour les peuples autochtones de récolter les fruits du développement des ressources naturelles. Pendant ce temps, les dirigeants des Premières Nations parlent de plus en plus de récupération des terres ou de restitution du territoire autochtone.

M. Poilievre, lors de l’annonce de la redevance sur les ressources des Premières Nations, a déclaré que «la meilleure approche d’Ottawa a été la pauvreté, les infrastructures et les logements de qualité inférieure, l’eau potable insalubre et le désespoir ».

«En redonnant aux Premières Nations le contrôle de leur argent et en leur permettant de profiter des avantages de l’exploitation des ressources, nous obtiendrons une adhésion plus rapide à la réalisation de bons projets», a-t-il dit.

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