(Ottawa) Le chef du Parti conservateur, Pierre Poilievre, souhaite des élections fédérales dès cet automne. Et il demande au NPD et au Bloc québécois de l’aider à renverser le gouvernement minoritaire de Justin Trudeau à la reprise des travaux parlementaires.
Publié à 10h03 Mis à jour à 11h05
« Les Canadiens ne peuvent pas se permettre une autre année de Justin Trudeau », a lancé le chef conservateur durant une conférence de presse devant les portes du Parlement.
« Justin Trudeau ne va pas démissionner. Il faut le congédier », a ajouté M. Poilievre en invitant le chef du NPD Jagmeet Singh à mettre fin à la « coalition coûteuse » qui assure la survie des libéraux de Justin Trudeau depuis mars 2022 et qui doit prendre fin en juin 2025.
PHOTO PATRICK DOYLE, ARCHIVES LA PRESSE CANADIENNE
Le chef du Nouveau Parti démocratique, Jagmeet Singh
« Le NPD doit se retirer de cette coalition coûteuse et se joindre aux conservateurs de gros bon sens pour demander une élection sur la taxe carbone », a-t-il dit.
Le NPD n’a pas été impressionné par la sortie du chef conservateur.
« Quitter l’entente a toujours été et sera toujours sur la table pour Jagmeet Singh. Soyons clairs : Pierre Poilievre veut gagner les élections parce qu’il veut couper dans les soins de santé, les pensions et l’assurance-emploi pour donner plus aux grandes entreprises et aux PDG. Il veut s’assurer que l’assurance-médicaments ne soit pas mise en place cet automne pour protéger les grandes compagnies pharmaceutiques », a affirmé le chef adjoint du NPD, Alexandre Boulerice.
« Nous sommes fondamentalement en désaccord : couper dans les services fera mal aux gens, ça ne les aidera pas. Les Canadiens et Canadiennes ont toujours cru dans la valeur de prendre soin les uns des autres. C’est ce que nous avons toujours fait avec notre pouvoir et c’est ce qui va continuer de nous guider avant et après les élections », a-t-il ajouté dans une déclaration écrite transmise à La Presse.
Avant de prendre la parole devant les journalistes, M. Poilievre avait envoyé une lettre au chef du NPD l’invitant à déchirer l’entente en question.
Dans cette lettre, M. Poilievre a sommé Jagmeet Singh de « faire passer les travailleurs canadiens » avant sa pension de 2,2 millions de dollars qu’il pourrait toucher s’il les élections ont lieu l’an prochain. « Personne n’a voté pour la coalition libérale-NPD et personne ne veut d’une autre année de misère économique de Trudeau ».
En vertu de cette entente, le NPD s’est engagé à appuyer le gouvernement minoritaire de Justin Trudeau lors des votes de confiance aux Communes, notamment ceux portant sur le budget, pendant une période de trois ans. En échange, le gouvernement Trudeau s’est engagé à mettre en œuvre certaines mesures qui sont chères au NPD comme la création d’un programme national de soins dentaires, l’adoption d’une loi anti-briseurs de grève, et des investissements pour créer un programme d’assurance-médicaments, entre autres choses. Les éléments les plus importants de cette entente ont été mis en œuvre au cours des derniers mois.
M. Poilievre a soutenu que la récente retraite du cabinet de Justin Trudeau à Halifax confirme selon lui que le gouvernement libéral n’a pas l’intention de corriger le tir sur plusieurs fronts, notamment au chapitre de la gestion des finances publiques.
« La coalition de Jagmeet Singh avec Justin Trudeau a été un désastre pour les travailleurs canadiens. La vie n’a jamais été aussi chère : les familles doivent payer 700 $ de plus pour l’épicerie cette année qu’en 2023, et des millions de Canadiens doivent faire la queue aux banques alimentaires pour survivre. »
En principe, les prochaines élections fédérales doivent avoir lieu en octobre 2025.
Lundi, la leader du gouvernement en Chambre, la ministre Karina Gould, a dit avoir bon espoir que l’entente qui lie le NPD et le gouvernement va demeurer en vigueur comme prévu jusqu’en juin 2025.
M. Poilievre a lancé ce défi au NPD et au Bloc québécois tandis que son parti mène largement dans les sondages depuis plus d’un an. En moyenne, le Parti conservateur détient une avance variant entre 15 et 20 % sur le Parti libéral du Canada, au pouvoir depuis 2015.
