Le ministre Pierre Fitzgibbon démissionne

15 days ago
Pierre Fitzgibbon

Le ministre de l’Économie, de l’Innovation et de l’Énergie du gouvernement Legault, Pierre Fitzgibbon, démissionne. La nouvelle a été éventée mardi, jour d’ouverture du caucus présessionnel de la Coalition avenir Québec (CAQ) à Rimouski.

« Pierre Fitzgibbon va d’abord parler aux députés ce soir », a déclaré aux journalistes le premier ministre François Legault à l’entrée du caucus, en après-midi. « Je vais vous rencontrer [mercredi] matin, avec Pierre Fitzgibbon, pour vous donner tous les détails », a-t-il dit avant de s’éloigner.

Lors d’un bref passage devant les médias, M. Fitzgibbon s’est lui aussi engagé à répondre à « toutes les questions » des journalistes au sujet de son départ.

Le départ du « superministre » entraînera un « ajustement » ministériel — et non pas un remaniement. Aucun nouvel élu ne devrait donc faire son entrée au Conseil des ministres. Selon nos informations, le premier ministre Legault entend s’impliquer davantage dans le dossier de l’énergie. Il souhaite aussi que le ministère de M. Fitzgibbon garde sa forme actuelle, qui jumelle les portefeuilles de l’Économie et l’Énergie. Une cérémonie d’assermentation est prévue d’ici la fin de la semaine, probablement jeudi.

Les rumeurs concernant le départ de M. Fitzgibbon ne datent pas d’hier. Dans son entourage, la nouvelle n’a guère surpris, puisqu’il s’était déjà confié sur ses intentions à quelques personnes. D’emblée, les milieux économiques se préparaient à son départ depuis des mois.

Ce départ a aussi lieu dans un contexte où le projet fétiche de M. Fitzgibbon, celui de Northvolt, fait face à des difficultés. La décision du gouvernement de ne pas assujettir le projet à un examen du Bureau d’audiences publiques sur l’environnement fait de plus l’objet de critiques persistantes. Mardi matin, le ministre défendait d’ailleurs les façons de faire du gouvernement dans ce dossier. « Je vais prendre le blâme qu’on a mal communiqué », a-t-il déclaré au micro de Mario Dumont.

Ça va être bon pour son golf !

— France-Élaine Duranceau

Issu du milieu des affaires, M. Fitzgibbon aura 70 ans en novembre prochain. Il avait été élu pour la première fois en 2018 sous la bannière de la CAQ dans la circonscription de Terrebonne. Il occupait le poste de ministre de l’Économie et de l’Innovation depuis le premier mandat du parti, et s’était également vu confier, par la suite, le portefeuille de l’Énergie.

Récemment, en mêlée de presse, le premier ministre François Legault avait déclaré que son collègue et ami pourrait, à 70 ans, en avoir assez de répondre aux questions des journalistes et vouloir passer à autre chose. Toujours vague sur ses intentions, le principal intéressé s’était montré soucieux de préparer sa relève.

À leur arrivée à Rimouski, les élus caquistes ont tour à tour louangé le travail du « superministre » et multiplié les bons mots pour « Pierre ». « Ce n’est jamais plaisant » quand un élu quitte ses fonctions en plein mandat, a toutefois convenu la ministre Martine Biron. « Ça va être bon pour son golf ! » a lancé en riant la ministre France-Élaine Duranceau.

Un projet de loi orphelin

Pierre Fitzgibbon avait présenté au printemps un imposant projet de loi sur la gestion de l’électricité au Québec. Le projet de loi 69 ouvrait notamment la porte à la modulation des tarifs résidentiels d’électricité.

Puisque l’étude du projet de loi doit s’amorcer au Parlement la semaine prochaine, les paris sont ouverts sur l’identité de celui ou celle qui aura pour mission de le défendre. Mardi après-midi, le chef intérimaire de l’opposition libérale, Marc Tanguay, a souligné qu’une « quarantaine de groupes » étaient attendus en commission parlementaire. « Qui sera capable de répondre mardi prochain à toutes nos questions ? » a-t-il lancé. Un peu plus tôt, sa députée porteuse du dossier de l’énergie, Marwah Rizqy, était allée plus loin, demandant carrément que le projet de loi soit retiré.

« C’est une perte pour le Québec, parce qu’on n’a pas énormément de gens d’affaires qui sont en politique », a néanmoins déclaré l’élue. « La CAQ, avec ce départ, n’est plus le parti de l’économie. » Son chef a aussi parlé d’« un dur coup » pour François Legault, qui perd l’équivalent de son « quart-arrière ».

On invite le gouvernement à prendre une pause

— Paul St-Pierre Plamondon

En entrevue, mardi matin, M. Fitzgibbon avait pourtant dit avoir bon espoir de voir le projet de loi adopté avant la fin de l’année.

Le chef du Parti québécois (PQ), lui, estime que François Legault doit d’abord trouver un remplaçant au ministre et procéder à un remaniement de son cabinet. « On va faire quoi la semaine prochaine ? La personne qui a poussé pour ce projet-là disparaît », a demandé Paul St-Pierre Plamondon. « On invite le gouvernement à prendre une pause », a renchéri le porte-parole du parti en matière d’énergie, Pascal Paradis.

M. St-Pierre Plamondon a aussi fait valoir qu’il n’était « pas normal » qu’un élu « abandonne son mandat si ce n’est pas pour des raisons de santé ».

Une « partielle rapide » réclamée

Selon des sources dans l’entourage du premier ministre, M. Fitzgibbon avait d’abord l’intention de quitter ses fonctions en décembre, mais M. Legault lui aurait demandé de partir dès maintenant pour que la question ne s’impose pas dans les médias tout l’automne.

Le départ du ministre Fitzgibbon force en outre la tenue dans la circonscription de Terrebonne d’une élection partielle potentiellement éreintante pour le gouvernement caquiste, à qui le PQ a déjà ravi Jean-Talon. Selon l’outil de projections électorales Qc125, le PQ a là aussi de bonnes chances d’arracher la victoire.

Déjà, des élus locaux pressent François Legault de déclencher une course électorale. Dans un communiqué transmis mardi après-midi, le président de la Table des préfets et des élus de la couronne nord et maire de Deux-Montagnes, Denis Martin, a réclamé « une partielle rapide » pour qu’un nouveau député se saisisse de l’épineux dossier du transport en commun.

Avant l’arrivée au pouvoir de la CAQ, en 2018, la circonscription de Terrebonne avait été représentée par le péquiste Mathieu Traversy pendant 10 ans. Ce dernier avait ensuite été élu maire de la Ville de Terrebonne. Aux dernières élections, le PQ était représenté par Geneviève Couture, une candidate issue du milieu du marketing.

Avec Boris Proulx

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