Réquisitoire implacable contre Peter Nygard à son procès

La Couronne au procès de Peter Nygard affirme au jury dans son discours d'ouverture que le magnat de la mode déchu est un homme de pouvoir qui n'hésitait pas à appâter de jeunes femmes et même une adolescente pour les violer dans son atelier de Toronto.

Avertissement : Le contenu de cet article pourrait choquer certains lecteurs.

L'homme d'affaires de 82 ans est inculpé pour 6 chefs d'agression sexuelle et séquestration. Les faits qui lui sont reprochés se seraient produits d'avril 1986 à mars 2005.

Les plaignantes étaient âgées de 16 à 28 ans. Elles ont porté plainte à la police de Toronto en 2021 après des années de silence.

Peter Nygard est un homme influent, il a bâti un empire et une richesse opulente, avec sa maison de mode, son jet privé et des résidences autour du monde, déclare la procureure Ana Serban.

Ces 5 femmes vous expliqueront comment elles l'ont rencontré avant qu'il ne les viole dans son atelier de la rue Niagara à Toronto.

L'identité des présumées victimes est protégée par un interdit de publication.

Me Serban a résumé, plaignante par plaignante, le sort qu'il leur a fait endurer dans une chambre à coucher dérobée de l'atelier, en précisant qu'une psychiatre témoignera au sujet du traumatisme qu'elles ont expérimenté aux mains de l'accusé. Ce dernier a utilisé le même modus operandi d'une victime à l'autre, selon la Couronne.

Me Serban explique que la première plaignante est une femme qui avait 26 ans à l'époque des faits reprochés et que Peter Nygard en avait 46.

Elle s'en allait aux Bahamas avec une amie en 1998 et il s'avère que Peter Nygard était sur le même vol. Elle ne le connaissait pas.

Le créateur de mode l'a invité à sa résidence, mais elle a décliné son offre. Il lui donnera alors sa carte professionnelle.

Selon la Couronne, la plaignante lui a donné un coup de fil quelques jours plus tard lorsqu'elle l'a reconnu à la télévision. Peter Nygard lui donne alors un rendez-vous pour une entrevue pour un emploi à son atelier.

La procureure souligne que Peter Nygard lui a fait faire le tour du propriétaire avant de lui montrer la chambre. Elle s'est sentie mal à l'aise et elle lui a alors demandé de s'en aller, ajoute la procureure.

Il l'a alors jetée sur le lit, lui a arraché ses vêtements et l'a violée, soutient-elle. Selon la Couronne, l'homme d'affaires a alors été interrompu par un appel interne dans l'atelier, le prévenant d'un rendez-vous. Il aurait alors laissé partir la jeune femme de 26 ans.

La Couronne soutient que la deuxième plaignante avait 21 ans lorsqu'elle et sa mère ont rencontré Peter Nygard dans une boîte de nuit à Québec en 1987.

Nygard, qui avait 47 ans, a alors suggéré à la jeune femme de venir le voir à son atelier pour une entrevue. Ils se reverront un mois plus tard à Toronto.

Après un dîner, Peter Nygard l'a invitée à son atelier. En entrant dans la chambre, la femme a constaté qu'un téléviseur diffusait un film pornographique.

Il s'est alors jeté sur elle, alors qu'elle se débattait en criant et en rejetant ses avances.

Elle lui suppliait d'arrêter, mais il la sermonnait, parce qu'elle n'était pas coopérative, ajoute-t-elle. Peter Nygard la laissera se rhabiller par la suite avant de la laisser partir en débloquant à distance la porte de la chambre, dit la procureure.

La prochaine plaignante est une actrice de 26 ans qui a rencontré Peter Nygard aux Bahamas avec une amie en 1989.

De retour à l'aéroport Pearson de Toronto, il leur offre de les reconduire au centre-ville. L'homme et la femme se fréquenteront quelques jours de façon platonique.

Il l'a alors invitée à un concert des Rolling Stones à Toronto. Après le spectacle, il l'a raccompagnée chez elle, mais il lui a suggéré d'arrêter à son atelier pour un dernier verre.

À entendre la porte de la chambre se barrer derrière elle, l'actrice prend peur et demande à son hôte de partir. La Couronne affirme que Nygard l'a alors poussée sur le lit avant de la pénétrer pendant qu'elle criait Non.

Après le viol, dit la Couronne, Peter Nygard lui a donné un billet de 100 $ en déverrouillant la porte. La femme a quitté les lieux en pleurant et sans prendre l'argent.

La Couronne allègue que la quatrième plaignante est un mannequin de 24 ans qui était à bord du même vol que Peter Nygard de retour des îles Turques-et-Caïques vers Toronto en 1986.

Elle décide de travailler pour l'homme d'affaires de 45 ans, parce que le salaire est bon, à en croire la procureure Serban. Elle est embauchée pour une soirée à l'atelier où se réunissent des invités de Nygard.

Elle est toutefois mal à l'aise lorsqu'elle réalise qu'une orgie est organisée si bien qu'elle se verse un verre, précise la procureure.

Selon la Couronne, la femme se réveillera nue dans le lit de Nygard, qui est en train de la violer sous le regard d'invités. Après le viol, dit la Couronne, la plaignante est partie en profitant du départ de deux autres personnes.

La dernière plaignante est une adolescente de 16 ans qui a assisté à une fête après un défilé à Toronto en 2004. Peter Nygard est alors âgé de 63 ans.

Croyant que la fête se poursuit chez Peter Nygard, la jeune fille s'y rend volontiers, mais elle réalise qu'il n'y a que deux hommes et une femme avec eux. Il lui offre un verre.

Elle s'est alors sentie désorientée et désarmée, explique Me Serban qui ajoute que l'adolescente a été violée sur le lit.

Elle s'est ensuite précipitée aux toilettes pour vomir. En sortant de la chambre, une femme toujours présente dans l'atelier lui a donné des pilules contraceptives au moment où elle sortait, poursuit Me Serban.

La Couronne a conclu son réquisitoire en disant que les cinq femmes avaient été impuissantes et qu'elles avaient été attirées chez Peter Nygard sous de faux prétextes dans une chambre dont il contrôlait le mécanisme de fermeture.

Le premier témoin à charge appelé par la Couronne est d'ailleurs un détective de police spécialisé en science médico-légale des preuves associées à la configuration d'un bâtiment où un crime a été commis.

Abi Yusufi décrit en détail l'atelier de Nygard tel qu'il l'a vu en juin 2021 : les étages, les portes d'entrée et de sortie, la nature de chaque pièce, le garage, le hall de réception, le bureau et la suite privée.

L'objectif était de relever les distances entre chaque pièce et de rendre le plan de la maison pour les fins de l'enquête, dit-il.

Le procès devrait durer sept semaines.