Le milieu de la musique country ébranlé par le décès de Paul Dwayne

17 days ago
Paul Dwayne

Qualifié de «gentleman du country acadien», l’auteur-compositeur-interprète Paul Dwayne de Bouctouche s’est éteint lundi à l’âge de 60 ans. C’est une lourde perte pour l’ensemble de la communauté musicale qui le considère comme un pionnier ayant ouvert la voie aux chanteurs country acadiens vers de plus grands marchés francophones.

Bien que la cause de son décès demeure inconnue, le chanteur acadien souffrait de problèmes cardiaques depuis de nombreuses années, ont fait savoir ses proches. Celui qu’on appelait aussi affectueusement Paul à Herb est décédé subitement à Campbellton alors qu’il s’apprêtait à faire le tour de la Gaspésie.

Paul Dwayne a commencé à jouer de la musique à l’âge de 14 ans. Il a enregistré sept albums, reçu de nombreuses nominations tout pavant la voie aux musiciens country de l’Acadie. Au cours des dernières années, il donnait moins de spectacle, se limitant à la scène locale, en raison de ses ennuis de santé. Son décès a créé une onde de choc au sein de la communauté musicale country.

«C’est sûr que c’était un choc pour nous. Je savais qu’il avait une condition, mais on n’est jamais prêt assez pour le départ de quelqu’un. Paul a beaucoup aidé à établir les Acadiens comme moi, Rhéal LeBlanc et d’autres chanteurs au Québec. Après Bobby Haché et d’autres Acadiens qui ont été là, Paul Dwayne a été comme le prochain d’une autre génération qui a vraiment exposé la musique acadienne, country, au Québec», a exprimé Hert LeBlanc qui le connaît depuis l’enfance.

À ses débuts, le chanteur de Bouctouche allait le voir jouer avec son orchestre dans un sous-sol à Girouardville (localité qui fait partie de Grand-Bouctouche). Il s’en est inspiré.

«Nous autres, on rêvait de faire ça aussi. Il avait de la bonne musique et une énergie spéciale sur le stage.»

Selon Hert LeBlanc, son style était unique s’apparentant à celui de Nashville, mais en français. Du jamais vu à l’époque.

«Ça fait que quand il est arrivé avec ça, c’était une nouveauté, une fraîcheur pour les Québécois.»

Sa carrière s’étend sur près d’un demi-siècle. Un concert d’éloges a suivi son décès. On souligne, entre autres, sa grande générosité, sa présence sur scène, son charisme, son amour du public et son ardeur au travail. Rhéal LeBlanc, aussi de Bouctouche, le connaît depuis 30 ans.

«Si ce n’était pas de lui (Paul Dwayne), probablement que j’aurais jamais existé au Québec parce qu’en 2005, Paul Dwayne a voulu apporter ma musique dans les radios communautaires dans le Québec. C’est lui qui a bâti le chemin pour les Acadiens vraiment parce que les Québécois n’avaient pas l’oreille à notre accent, mais quand Paul Dwayne est rentré là, le monde a commencé à voir qu’il y avait quelque chose d’autre de country avec notre accent», a relaté le chanteur qui a joué dans plus de 300 festivals au Québec depuis 2005.

Paul Dwayne n’hésitait pas à partager la scène avec d’autres artistes. «C’est un pionnier de notre musique acadienne française, au même niveau que Cayouche (décédé en mai dernier).»

Rhéal LeBlanc a vu son ami pour la dernière fois au Festival de bluegrass de Rogersville en fin de semaine et ils ont joué de la musique ensemble.

«Il y avait quelque chose dans sa voix qui me fait penser à Julie Daraîche. Ce n’était pas la plus grosse voix de country, mais il avait quelque chose que le monde aimait beaucoup, de l’âge de 10 ans jusqu’à 90 ans. […] Il y a quelque chose de magique dans sa voix qui apportait le monde vers lui.»

L’auteur de Mon petit chenou qui avait une grande expérience de la vie était souvent entouré d’amis, il aimait parler avec les gens. «C’est certain qu’on va le manquer. On allait le voir, on allait au camping, on allait à des festivals, on était beaucoup ensemble. Puis, on jouait de la musique ensemble pour le fun aussi.»

Il a transmis sa passion à son fils James Després qui est aussi musicien.

Un vaste répertoire 

Son répertoire est vaste, allant du country swing acadien au pop-rock en passant par le country plus traditionnel. Reg Allain a commencé à jouer avec Paul Dwayne vers la fin des années 1970 dans le groupe Blue Flame. Il a fait ses débuts en anglais pour ensuite se tourner vers la musique francophone. C’est le 27 juillet dernier que Reg Allain a joué avec lui pour la dernière fois. C’était à l’occasion d’une noce.

«Paul embarquait sur une scène, il emmenait le monde à lui. C’était un showman. Il était de même aussi quand il était jeune. Il était bon avec le monde et le monde l’aimait.»

Le chanteur a offert plusieurs spectacles au Pays de la Sagouine. La directrice artistique et codirectrice générale Monique Poirier garde de très bons souvenirs de ses prestations. Il était apprécié de l’ensemble de la communauté de musique country du comté de Kent et même au-delà.

«Quand il venait faire des spectacles, c’était comme un phénomène. C’était comme une référence incontournable pour beaucoup de chanteurs country dans la grande région du comté de Kent.»

«[…] Sur scène, il était vraiment terre à terre, avec beaucoup d’humour. Les commentaires que j’ai eus avec des collègues ce matin, c’est comment il était chaleureux, puis il avait envie de parler avec tout le monde. Ce n’est pas quelqu’un qui était beaucoup réservé, puis il aimait le monde.»

Au-delà de sa musique, Paul Dwayne a donné confiance aux jeunes chanteurs country francophones, pas seulement sur la scène, mais dans l’écriture, estime Monique Poirier.

«De faire confiance à ce que les gens ont à dire, à ce qu’ils portent, de créer en français, de créer dans l’univers de la musique country, qu’il y a une place pour ça, que c’est important de le faire. Je pense que c’est ce qu’il va laisser, puis aussi sa joie de vivre. C’était un bon bonhomme», a-t-elle ajouté.

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