Talbot: La belle histoire de Patrik Laine
Notre chroniqueur considère que le retour au jeu du Finlandais offre enfin un bon équilibre à Martin St-Louis
par Maxime Talbot
Chroniqueur LNH.com
06 décembre 2024
Maxime Talbot a joué un peu plus de 700 matchs (704) dans la LNH. Choix de huitième tour des Penguins en 2002, il a passé six ans à Pittsburgh, où il a gagné la Coupe Stanley en 2009, marquant deux buts lors du septième match de la finale contre les Red Wings de Detroit. Après les Penguins, le combatif centre a porté les couleurs des Flyers de Philadelphie, de l’Avalanche du Colorado et des Bruins de Boston. Il a poursuivi sa carrière pour trois autres saisons dans la KHL à Iaroslavl et à Omsk. L’ancien capitaine des Olympiques de Hull/Gatineau dans la LHJMQ a accroché ses patins à la fin de la saison 2018-2019. Depuis ce temps, il occupe un poste d’analyse sur les ondes de RDS. Il a également agi comme adjoint à Joël Bouchard lors de la saison 2021-2022 avec les Gulls de San Diego dans la Ligue américaine (LAH). Il a accepté de collaborer avec l'équipe de LNH.com pour traiter de divers sujets touchant les activités de la ligue.
Patrik Laine a l’ADN d’un marqueur. Il n’a pas perdu ce talent à son retour au jeu après une absence de près d’un an. Il a marqué à ses deux premiers matchs. C’est une bonne chose pour lui, mais aussi pour l’équipe. Je trouve qu’il apporte une nouvelle énergie aux Canadiens.
À son tout premier match dans l’uniforme des Canadiens contre les Islanders de New York, Laine a déjoué Ilya Sorokin d’un tir parfait en se plaçant dans son bureau, soit le cercle des mises en jeu à la droite du gardien. Il a répété pratiquement la même scène à sa deuxième rencontre en touchant la cible encore une fois avec un bon tir des poignets exactement du même endroit.
Les deux fois, il a marqué en supériorité numérique. À cinq contre quatre contre les Islanders et à cinq contre trois contre les Predators.
Laine exerce une présence sur la glace. Quand il a la rondelle sur la palette, on dirait que le jeu ralentit un peu. Mais il faut rester prudent. Il ne remplira pas le rôle du sauveur même s’il est un très bon joueur. Il est capable du meilleur, mais parfois aussi du pire. Oui, il a un grand talent offensif, mais il peut aussi commettre trois revirements au sein d’une même présence. Pour l’instant, je n’ai pas vu le mauvais côté de la médaille.
J’ai regardé ses deux matchs et je vois un joueur engagé et émotif. Il a joué avec intensité et avec cœur. Je n’ai pas juste aimé ses deux buts, j’ai aussi remarqué de bonnes mises en échec, des replis défensifs et des tirs bloqués. Il n’a pas la réputation de l’ailier le plus défensif, mais il a quand même bloqué trois tirs contre les Predators. Pour moi, c’est un signe qu’il veut se sacrifier.
Si je vous parle de Laine, je n’ai pas le choix de décrire son tir. Il n’a pas peur de décocher des tirs. Je le regardais jeudi soir pendant la période d’échauffement. On dirait qu’il couvre sa rondelle quand il fait son tir des poignets. Le gardien réagit toujours à la dernière seconde. On dirait que ce n’est pas comme un tir qui est franc. Il a une dégaine unique. Il force le gardien à deviner un peu la trajectoire de son tir.
NSH@MTL: Laine double l'avance avec un tir des ligues majeures
À mes yeux, Laine a l’un des cinq tirs les plus lourds de la LNH.
L’échantillon reste minime après deux rencontres. Mais pour l’instant, j’aime vraiment son énergie. J’ai aimé aussi ses propos après son premier match contre les Islanders. Il a reçu le titre de première étoile, mais il demeurait très modeste en disant qu’il avait fermé ses yeux lors de son tir où il a battu Sorokin. Il a également tenu des propos réalistes en rappelant qu’il n’avait pas connu un match grandiose. Il disait qu’il se sentait terrible sur la glace.
Après deux matchs, c’est une très belle histoire. Laine revient de loin. Et c’est le type d’histoire que les partisans aiment. Comme tous les marqueurs, Laine roulera par séquences. Il y a des matchs où il s’endormira un peu plus. Quand il passera cinq ou sept matchs sans marquer, les partisans ne réagiront pas de la même manière avec lui. Le ciel ne sera pas toujours bleu.
Un équilibre au sein des trios
Avec le retour de Laine, Martin St-Louis compte maintenant sur toutes les pièces de son casse-tête. Il a une équipe en santé. Il n’a pratiquement jamais eu ce luxe depuis ses débuts derrière le banc de l’équipe. Il y a maintenant plus de stabilité et il y a un équilibre au sein des quatre trios à l’attaque.
Kirby Dach et Juraj Slafkovsky, deux joueurs qui se cherchent, ont maintenant plus d’essence dans leur réservoir avec l’arrivée de Laine. Ils n’ont qu’à le suivre et à se nourrir de cette énergie nouvelle. Il y a comme un gros coup de foudre. On espère qu’il durera longtemps, mais ce n’est pas toujours éternel !
À cinq contre cinq, Dach, Slafkovsky et Laine n’ont pas joué deux rencontres parfaites. J’ai toutefois ressenti un engagement plus notoire de la part de Slafkovsky et Dach a réalisé quelques bons jeux même si je m’attends à plus.
Au cours de ma carrière, j’ai souvent reçu des responsabilités en infériorité numérique. Je peux vous dire que le CH est maintenant une équipe bien plus dangereuse avec sa première vague du jeu de puissance. Ils ont deux réelles menaces avec Laine et Caufield et il ne faut pas oublier que Nick Suzuki a aussi un bon tir des poignets.
Il y a un autre élément clé à cette unité et c’est Lane Hutson. Depuis qu’il occupe le rôle à la pointe de la première vague, je trouve que l’avantage numérique du Tricolore a encore plus d’énergie et que la rondelle bouge encore plus rapidement. Hutson est un gars qui est dans l’action, il ne se pose pas des dizaines de questions. S’il voit une ligne de tir, il la prend. Slafkovsky se place aussi devant le filet et il peut cacher un gardien avec son gabarit. Il y a une belle synergie au sein de cette première unité. Je trouve qu’elle devient aussi plus imprévisible.
Un gros bravo à Montembeault
Samuel Montembeault a gagné son pari. Il a décroché l’un des trois postes avec l’équipe canadienne pour la Confrontation des 4 nations. Je me réjouis pour lui.
Montembeault n’a pas un rôle facile. Il n’est pas juste un gardien québécois qui porte le chandail des Canadiens, il doit le faire en plein cœur d’une reconstruction. C’est lui qui a les grosses jambières et il endure toute la pression d’un rôle de numéro un à Montréal. Il jongle bien avec cette pression.
On ne sait pas qui sera le gardien partant du Canada entre Adin Hill, Jordan Binnington et Montembeault. Sam a déjà gagné l’or au Championnat du monde en 2023
Montembeault a déjà trois blanchissages cette saison avec le CH. Il n’a pas la meilleure défensive de la LNH devant lui. Loin de là. Avec une défensive comme l’équipe canadienne, il sera un gardien encore plus solide.
*Propos recueillis par Jean-François Chaumont, journaliste principal LNH.com