Le Canadien acquiert Patrik Laine | Un pari risqué au potentiel ...

23 days ago

À la manière des spéculateurs boursiers, les directeurs généraux de la LNH doivent, au moment de conclure une transaction, jongler avec les concepts de coût, de bénéfice et de risque.

Patrik Laine - Figure 1
Photo La Presse

Publié à 15h52 Mis à jour à 21h11

Kent Hughes, du Canadien, a pratiquement érigé en modèle d’affaires les échanges dans lesquels il parie sur le bénéfice. C’est ainsi que Kirby Dach, Alex Newhook et Sean Monahan sont devenus des membres du Tricolore, parfois au prix de sacrifices, parfois en réalisant une aubaine.

En acquérant Patrik Laine des Blue Jackets de Columbus, lundi, Hughes a de nouveau mis son modèle à l’épreuve. En plus du gros ailier de 6 pi 5 po et 215 lb, le Canadien a reçu un choix de deuxième tour au repêchage de 2026, cédant en retour le défenseur Jordan Harris.

PHOTO CHRISTINNE MUSCHI, ARCHIVES LA PRESSE CANADIENNE

Kent Hughes, directeur général du Canadien

Le coût est quasi dérisoire : en tout respect pour Harris, il demeurait un acteur de soutien dont on ne savait pas s’il appartenait à l’avenir de l’organisation.

Le bénéfice potentiel est évident, presque astronomique. Bon an, mal an, à peine une douzaine de joueurs marquent plus de 40 buts dans la LNH. Laine, 26 ans, a réalisé l’exploit à sa deuxième campagne sur le circuit – 44 buts en 2017-2018. Si, comme le Finlandais l’affirme, il est encore capable de marquer « 40 ou 50 buts », Hughes aura réalisé un coup de circuit, au bas mot. Même au cours des quatre dernières années, marquées notamment par d’innombrables blessures, Laine a conservé un rythme de 31 buts par tranche de 82 parties. Chez le Canadien, seul Cole Caufield a présenté une production comparable.

Le risque, toutefois, est lui aussi manifeste. Malgré tout l’optimisme démontré par le DG du Canadien lors du point de presse virtuel faisant suite à l’échange, la valeur de Laine ne pourra jamais être aussi basse.

Depuis le début de la saison 2020-2021, il a raté 42 % des matchs de son équipe (127 sur 302), en raison de différentes blessures, mais aussi d’enjeux de santé mentale – en janvier dernier, alors qu’il soignait une blessure à la clavicule, il a joint le programme d’assistance offert conjointement par l’Association des joueurs et la LNH.

Avant même cet écueil, il avait exigé une transaction. Sa relation avec son entraîneur du moment, Pascal Vincent, était au plus mal. Être écarté de la formation, en novembre 2023, a été, selon ses dires à l’époque, « le moment le plus embarrassant de [sa] carrière ». Il n’a pas la réputation d’un joueur particulièrement engagé défensivement. Et il traîne un salaire moyen de 8,7 millions pour encore deux saisons.

Patrik Laine - Figure 2
Photo La Presse

Or, le risque était manifestement à un niveau acceptable pour Kent Hughes. Surtout à ce coût et avec un bénéfice quasi inestimable.

Besoin

Plus important peut-être : Laine comble un besoin criant pour l’organisation, celui de marquer des buts. À cinq contre cinq comme en avantage numérique, le Tricolore a terminé dans le dernier tiers de la LNH la saison dernière. La direction a tenté de combler ce manque au plus récent repêchage en sélectionnant deux attaquants offensifs au premier tour – Ivan Demidov et Michael Hage.

« Mais c’était plutôt pour le futur, a noté Kent Hughes lundi. On voulait aussi aider notre équipe dès maintenant et, d’une certaine manière, récompenser nos joueurs pour tout le travail des dernières années. »

Les négociations avec les Blue Jackets, a-t-il expliqué, ont duré « quelques semaines ». Le directeur général Don Waddell voulait à ce point trouver une destination à Laine qu’il lui avait permis de discuter avec d’autres clubs, une rareté dans le cas d’un échange.

PHOTO JAY LAPRETE, ARCHIVES ASSOCIATED PRESS

Depuis le début de la saison 2020-2021, Patrik Laine a raté 42 % des matchs de son équipe (127 sur 302), en raison de différentes blessures, mais aussi d’enjeux de santé mentale.

C’est ainsi que, le week-end dernier, l’attaquant s’est retrouvé dans une rencontre virtuelle avec Hughes, mais aussi avec Jeff Gorton, vice-président aux opérations hockey, et Martin St-Louis, entraîneur-chef.

« Nous voulions avoir une meilleure compréhension de son parcours, des difficultés qu’il a eues, de ce qu’il a fait pour s’en sortir, a énuméré le DG. Nous avons aussi eu accès à son dossier médical. »

Dans le camp du CH, cette discussion a satisfait tous les interlocuteurs impliqués. « Il est à la bonne place, mentalement », a résumé Hughes.

Parallèlement, celui-ci a aussi « parlé à plusieurs personnes » qui avaient croisé le chemin de Laine à Columbus et à Winnipeg – il a été repêché par les Jets en 2016, au deuxième rang au total, avant d’être échangé aux Jackets en 2021.

Difficile de trouver une personne qui connaisse mieux le Finlandais que Pascal Vincent, qui l’a côtoyé à Winnipeg comme à Columbus, et qui est aujourd’hui entraîneur-chef du Rocket de Laval, dans la Ligue américaine. Par le passé, le Québécois avait été dithyrambique à son égard. « Il est tellement talentueux, ce n’est même pas drôle », s’était-il exclamé il y a un an. La relation entre les deux semble toutefois s’être brouillée, au point où Kent Hughes a, par deux fois, refusé de relater aux journalistes ses discussions avec Vincent.

« Tout le monde impliqué [dans le dossier] était très à l’aise avec Patrik », a insisté le gestionnaire.

Confiance

Avec son nouvel ailier, Hughes a aussi « parlé de Montréal, de la pression qui vient avec le marché ». « Il ne s’est jamais défilé », a précisé le DG.

« Après une année qui n’a pas été facile pour lui », Hughes a confiance de « retrouver le joueur qu’il était à Winnipeg ». Celui qui, au sommet de son art, a inscrit 140 buts et amassé 250 points en 306 matchs de saison.

Le 1er juillet dernier, la direction du CH avait présenté des offres à certains attaquants offensifs sur le marché des joueurs autonomes – notamment Jonathan Marchessault – en leur tendant des contrats de courte durée. On ne voulait pas s’empêtrer de vétérans dotés de contrats-boulets qui nuiraient au développement des plus jeunes d’ici deux ou trois ans.

Hughes se reprend, en quelque sorte. Laine coûte cher à 8,7 millions, mais si l’expérience ne fonctionne pas, deux années seront vite passées, surtout à une étape de la reconstruction du club où la Coupe Stanley n’est pas encore dans le viseur.

Comme avec Dach, Newhook, Monahan, même Juraj Slafkovsky, Kent Hughes fait le pari que, « dans un environnement où [un joueur] se sent à l’aise, […] se sent valorisé, tu peux aller en chercher plus ».

Le pari est certainement légitime. Et si le bénéfice est au rendez-vous, à ce coût et en dépit du risque, il pourrait bien devenir le plus grand coup du DG à ce jour.

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