Convoi des camionneurs : Pat King reconnu coupable
Le verdict dans le procès de Pat King est tombé. Il est reconnu coupable de méfaits, d'avoir conseillé à d'autres personnes de commettre des méfaits et d’avoir conseillé l'obstruction à la police. Par contre, le juge a estimé qu'il n'était pas coupable d'intimidation, d'avoir conseillé de commettre une intimidation et d’obstruction à la police.
Au total, M. King a été reconnu coupable de cinq des neuf chefs d'accusation qui pesaient contre lui pour son rôle présumé durant le convoi des camionneurs qui a paralysé le centre-ville de la capitale fédérale en 2022.
Plusieurs personnes attendaient Pat King à sa sortie du palais de justice d'Ottawa. Malgré l’ambiance électrique due à la présence de nombreux journalistes et de caméras, Pat King arborait un visage souriant.
Son sourire contrastait avec la décision rendue quelques minutes plus tôt par le juge de la Cour supérieure de l’Ontario, Charles Hackland.
Celui-ci a conclu dans son verdict que certains actes de M. King ont franchi les limites de la loi.
Dans la lecture de son jugement de 42 pages, le juge Charles Hackland a rappelé les actions de Pat King durant le convoi des camionneurs.
Le juge a estimé que certains de ses agissements ont porté préjudice aux résidents du centre-ville d’Ottawa.
Ce comportement avait pour but et pour effet d'interférer avec l'utilisation et la jouissance des biens des résidents et des travailleurs du centre-ville, et d'en entraver l'exercice, a-t-il lancé.
La preuve est accablante que M. King a incité et encouragé ces activités à la fois initialement et de façon continue pendant une période de trois semaines.
Le juge de la Cour supérieure de l'Ontario a aussi estimé que M. King avait incité les manifestants à faire de la résistance passive en les appelant notamment à tenir la ligne.
La cour est convaincue, au-delà de tout doute raisonnable, que M. King voulait que ses adeptes en ligne, dont certains au moins faisaient partie des manifestants du "convoi de la liberté" présents dans le centre-ville d'Ottawa, fassent obstruction à la police à plusieurs reprises, a dit le juge en lisant son verdict.
Concernant la question de son leadership qui était au cœur de l'affaire, M. Hackland a tranché :
Les commentaires qu'il a faits avant d'arriver à Ottawa permettent de conclure qu'il était un organisateur et un dirigeant d'au moins une composante majeure du "convoi de la liberté".
Toutefois, le juge a plaidé que la Couronne n'avait pas prouvé hors de tout doute raisonnable que Pat King voulait intimider les résidents et les travailleurs du centre-ville, mais il avait plutôt pour objectif de changer la politique du gouvernement concernant les mesures sanitaires.
Enfin, le juge a estimé que Pat King n'a pas fait d'obstruction à la police, notamment durant son arrestation le 18 février 2022 qui s'est passé de manière coopérative.
La peine de M. King devrait être connue le 16 janvier prochain.
Pat King plaidait non coupableAu cours des trois semaines de témoignages entendus ce printemps et cet été, M. King a soutenu qu'il n'était pas coupable. Les deux parties avaient cependant des points de vue très différents sur le rôle que ce dernier a joué lors des manifestations.
Alors que la Couronne a soutenu que son influence était indéniable, la défense de M. King a affirmé qu'il ne contrôlait pas le convoi.
Son avocate, Natasha Calvinho, a fait valoir que la police et le gouvernement fédéral avaient barricadé les manifestants dans le centre-ville d'Ottawa, les empêchant de quitter la ville. Elle a également rappelé les moments où M. King a demandé à ses partisans de rester pacifiques et de coopérer avec les autorités.
Comme dans les autres procès des personnalités du convoi, la Couronne a présenté de nombreuses preuves tirées des réseaux sociaux, notamment des messages dans lesquels M. King ordonnait aux camionneurs de klaxonner malgré une injonction de la cour interdisant cette pratique dans le centre-ville d'Ottawa.
Les policiers et certains manifestants qui ont témoigné ont dit que M. King était considéré comme un des leaders du mouvement, mais celui-ci a minimisé son rôle, se qualifiant lui-même de simple partisan.
Pat King à son arrivée au palais de justice d'Ottawa, le 22 novembre 2024
Photo : La Presse canadienne / Sean Kilpatrick
Son arrestation en février 2022 a fait les gros titres lorsqu'il a été placé en détention provisoire en direct sur les réseaux sociaux.
Le verdict marque un tournant dans les suites juridiques du convoi des camionneurs, qui a attiré l'attention internationale et a conduit à l'invocation sans précédent de la Loi sur les mesures d'urgence par le gouvernement fédéral.
Une poignée de partisans de M. King l’ont accueilli à son arrivée au palais de justice d'Ottawa vendredi matin.
Plus de détails suivront