Après le désistement du controversé Matt Gaetz, Trump nomme ...
Impliqué dans un scandale sexuel, Matt Gaetz, que le président désigné Donald Trump avait nommé procureur général des États-Unis dans la controverse, a renoncé à ce poste jeudi. C'est un revers pour le chef de file républicain qui, un peu plus tard, a avancé la candidature d'une autre alliée, Pam Bondi.
J'ai l'honneur d'annoncer que l'ex-procureure générale de Floride, Pam Bondi, sera notre prochaine procureure générale, a annoncé Donald Trump sur son réseau Truth Social quelques heures après le désistement de Matt Gaetz.
Depuis trop longtemps, le département de la Justice est instrumentalisé contre moi et contre d'autres républicains. Plus maintenant, a-t-il ajouté avec cette nouvelle nomination qui ne marque toutefois pas un changement de ton.
Pam recentrera le département de la Justice sur son objectif premier, qui est de lutter contre la criminalité et de rendre l'Amérique à nouveau sécuritaire, a soutenu celui qui se présente depuis des mois comme une victime de persécution judiciaire.
Si Pam Bondi ne traîne pas les mêmes squelettes que celui qui avait été nommé à ce poste avant elle, elle est elle aussi une alliée loyale du président désigné. Elle a d'ailleurs pris part à plusieurs de ses batailles politiques contre les démocrates.
Elle a notamment participé à la croisade judiciaire pour faire renverser les résultats de l'élection de 2020, remportée par Joe Biden.
Elle a aussi fait partie de l'équipe juridique de Donald Trump pendant le premier procès en destitution devant le Sénat, en 2020. Le 45e président Donald Trump était accusé d'avoir exercé des pressions sur l'Ukraine pour que Kiev mène une enquête sur son rival Joe Biden, ce dont le Sénat à la majorité républicaine l'avait acquitté.
Au cours du procès criminel de Donald Trump à New York, qui a mené à un verdict de culpabilité plus tôt cette année, Pam Bondi a aussi été présente au tribunal.
Lorsqu'elle était en poste comme procureure générale de la Floride, elle et certains de ses homologues républicains avaient tenté, en vain, de faire annuler par les tribunaux la loi sur les soins abordables, surnommée Obamacare.
Pendant la campagne, le candidat républicain avait dit vouloir se venger de ses rivaux, dont des politiciens et les procureurs à l'origine des poursuites lancées contre lui, advenant son élection. Ces menaces ont alarmé les démocrates, mais aussi plusieurs experts judiciaires et constitutionnels.
Une candidature plombé par un scandale sexuelMatt Gaetz et le vice-président désigné J.D. Vance avaient rencontré des sénateurs républicains pour tenter de les convaincre d'appuyer le choix de Donald Trump.
Photo : Getty Images / Kevin Dietsch
Matt Gaetz, un politicien trumpiste, a annoncé en après-midi sur le réseau X qu'il retirait sa candidature un peu plus d'une semaine après avoir obtenu une nomination qui avait semé la consternation à Washington.
Il n'y a pas de temps à perdre dans une querelle inutilement prolongée à Washington : c'est pourquoi je retire ma candidature au poste de procureur général, a affirmé le politicien, contesté au sein de son propre parti.
Il a affirmé être arrivé à cette décision malgré un soutien incroyable de la part des sénateurs républicains qu'il avait rencontrés mercredi pour les convaincre d'avaliser sa nomination.
Même si l’élan [pour ma candidature] était grand, il est clair que la confirmation de ma nomination devenait injustement une distraction pour le travail crucial de la transition Trump-Vance.
Le département de la Justice doit être prêt à se mettre au travail au premier jour, a-t-il soutenu.
Sur son réseau Truth Social, le président désigné s'est dit certain que son allié est voué à un brillant avenir.
Même si les républicains vont reprendre le contrôle du Sénat, auquel revient la responsabilité de confirmer les nominations des membres du Cabinet choisis par le président désigné, celle de Matt Gaetz était en péril.
Malgré la campagne de lobbying faite auprès de sénateurs républicains, notamment par le vice-président désigné J.D. Vance, qui restera leur collègue jusqu'à son investiture, il ne semblait pas avoir les appuis nécessaires pour traverser cette tempête. Pour voir sa nomination confirmée, il ne pouvait perdre les votes que de trois élus républicains.
En dépit de la domination qu'exerce Donald Trump sur le caucus républicain, certains sénateurs ne semblaient pas enclins à donner leur aval à un candidat qui se trouve au centre d'allégations à caractère sexuel qui ont déjà fait l'objet de deux enquêtes : l'une menée par le département qu'il était appelé à diriger, l'autre par un comité de la Chambre des représentants.
Matt Gaetz a d'ailleurs démissionné de son poste de représentant la semaine dernière, peu avant la publication prévue d'un rapport potentiellement dévastateur du comité d'éthique de la Chambre des représentants.
Plusieurs sénateurs, même au sein du caucus républicain, voulaient pouvoir consulter le document du comité avant de se prononcer sur sa nomination, mais la majorité républicaine du comité d'éthique de la Chambre s'opposait à ce qu'il soit rendu public, invoquant la démission du représentant.
Donald Trump avait cependant évoqué le recours à un procédé qui lui permettrait de contourner le Sénat pour ses nominations.
Allégations sérieusesMatt Gaetz a fait l'objet d'une enquête du département de la Justice pour trafic sexuel et pour entrave à la justice, mais aucune accusation n'a été portée. Un de ses amis, qui avait accepté de collaborer à cette enquête, a cependant été condamné à l'emprisonnement.
Dans le même dossier, le comité de la Chambre cherchait à déterminer si Matt Gaetz, qui aurait couché avec une mineure, s'était livré à des actes d'inconduite sexuelle et à une consommation de drogues illicites, [s'il avait] accepté des cadeaux inconvenants, accordé des privilèges et des faveurs spéciales à des personnes avec lesquelles il entretenait une relation personnelle, et [s'il avait] tenté d'entraver les enquêtes gouvernementales sur sa conduite.
Matt Gaetz a toujours nié ces allégations.
Les grandes lignes des allégations au cœur de cet examen sont connues depuis quelques années, mais plusieurs détails additionnels sont sortis dans divers médias américains au cours des derniers jours.
Cette semaine, l'avocat de deux femmes qui ont comparu devant le comité a affirmé dans diverses entrevues qu'elles avaient témoigné de relations sexuelles pour lesquelles elles avaient été payées alors que l'une d'elles avait 17 ans. Matt Gaetz n'aurait pas été au courant de son âge au moment de la relation sexuelle alléguée.
Sur la foi de sources familiarisées avec le témoignage de la femme qui, à l'époque, était mineure, CNN était sur le point de divulguer que Matt Gaetz aurait eu une deuxième relation sexuelle avec elle à la même fête, une information qui n'avait jamais été publiée dans les médias. Cette relation aurait également impliqué une autre femme.
La nomination de Matt Gaetz, un complotiste qui figure parmi les élus les plus partisans de Washington, avait également déclenché des sonnettes d'alarme dans les rangs démocrates.
Cependant, il ne gagnait pas de concours de popularité au sein de son propre parti. Très critique de l'establishment républicain, il avait mené, avec succès, la fronde contre l'ancien président de la Chambre des représentants, Kevin McCarthy – un républicain –, contraint à laisser son poste.
Pas de plan BLe président désigné Donald Trump (Photo d'archives)
Photo : Getty Images / JIM WATSON / AFP
Avec la nomination de Matt Gaetz, la plus controversée d'une liste qui en contient plusieurs, le président désigné semblait vouloir non seulement défier ouvertement les démocrates mais aussi imposer un coup de force à un caucus sur lequel il exerce une domination.
Selon CNN, Donald Trump, qui ne reculait pas malgré le tollé, n'avait pas d'autre candidat en tête.
Les médias américains avaient rapporté qu'il était insatisfait des candidatures étudiées par son comité de transition et qu'il avait court-circuité le processus formel habituel de nomination quand il avait opté pour Matt Gaetz.
Avant cette nomination surprise, les sources des médias américains avaient notamment évoqué les noms du sénateur de l’Utah, Mike Lee, du procureur général du Texas, Ken Paxton, de l'ancien directeur du renseignement national, John Ratcliffe, du procureur général des États-Unis par intérim, Matt Whitaker, et de l'ancien conseiller juridique de la Maison-Blanche, Mark Paoletta.
La semaine dernière, le président désigné a en outre nommé au sein de la haute hiérarchie du département de la Justice trois des avocats criminalistes qui l'ont défendu dans des procédures judiciaires auxquelles il a fait face depuis l'an dernier : Todd Blanche, Emil Bove et John Sauer. Ils devraient respectivement être les numéros 2, 3 et 4 de ce département.
D'autres nominations font polémique, dont celle de Pete Hegseth, un ancien major de l'armée américaine devenu présentateur sur Fox News, nommé secrétaire à la Défense. Il a déjà fait l'objet d'une enquête pour agression sexuelle. Son avocat a reconnu qu'il avait versé de l'argent à la présumée victime, mais il a affirmé que la relation était consensuelle.
Donald Trump a par ailleurs nommé Robert F. Kennedy Jr., un antivaccin, à la tête du département de la Santé, et Tulsi Gabbard, qui a affiché des positions prorusses, comme directrice du renseignement national.
Avec les informations de New York Times, Washington Post, CNN et Agence France-Presse