Pablo Rodriguez sera candidat à la direction du PLQ

Un aspirant d'envergure s'ajoute à la course à la chefferie du Parti libéral du Québec (PLQ).

Le ministre fédéral des Transports, Pablo Rodriguez, confirmera à 11 h jeudi qu'il tentera de faire le saut d'Ottawa à Québec en se portant candidat à la direction du PLQ. L'information, d'abord publiée par La Presse, a été confirmée de source sûre. L'annonce aura lieu à Gatineau.

Il y a un mois et demi, Radio-Canada révélait que M. Rodriguez réfléchissait sérieusement à se lancer. Depuis, le principal intéressé restait discret, se contentant de dire qu'il n'avait pas d'annonce à faire.

Pablo Rodriguez démissionnera donc de son poste de ministre fédéral des Transports et de lieutenant québécois de Justin Trudeau pour mener sa course à la chefferie du PLQ. Il restera toutefois député de la circonscription d'Honoré-Mercier, qu'il représente depuis 2004, jusqu'aux prochaines élections.

M. Rodriguez a annoncé la nouvelle au caucus québécois du Parti libéral du Canada (PLC), mercredi matin. Poursuivi par nos caméras plus tard dans la matinée, il a toutefois gardé le silence sur ses intentions, se gardant bien de confirmer quoi que ce soi.

La démission de M. Rodriguez est une perte de taille pour le PLC, le député d'Honoré-Mercier ayant assumé d'importantes responsabilités depuis les élections de 2019, d'abord comme leader du gouvernement à la Chambre des communes, puis comme ministre du Patrimoine, avant d'être muté aux Transports, l'an dernier.

Elle intervient au lendemain d'une défaite crève-cœur de son parti dans la circonscription de LaSalle-Émard-Verdun, un château fort tombé lundi aux mains du Bloc québécois à l'issue d'une partielle visant à combler le départ de David Lametti.

Son retrait survient aussi au moment où les libéraux fédéraux tirent de l'arrière dans les sondages face au Parti conservateur de Pierre Poilievre, qui déposera mardi prochain une motion de censure théoriquement capable de faire tomber le gouvernement et de provoquer des élections générales.

Dans tous les cas, Justin Trudeau devra entre-temps remanier son Cabinet pour nommer un nouveau ministre des Transports. Il pourrait aussi se choisir un nouveau lieutenant québécois – ou décider de ne pas en avoir, comme ce fut le cas après les élections de 2015.

Même si Pablo Rodriguez a milité au sein de la Commission-Jeunesse du PLQ avant de s'impliquer en politique fédérale, son arrivée dans la course fait craindre à certains militants du parti que ce dernier ne soit perçu comme une succursale du PLC.

Charles Milliard, un des candidats déclarés, a affirmé que ses adversaires ayant fait leurs classes à Ottawa, comme Pablo Rodriguez et Denis Coderre, devraient faire une profession de foi envers le Québec.

Cela dit, d'autres politiciens avant MM. Rodriguez et Coderre ont fait le saut de la politique fédérale à la politique provinciale québécoise avec succès, notamment Jean Lesage, Lucien Bouchard et Jean Charest.

Outre MM. Coderre, Milliard et Rodriguez, le député montréalais Frédéric Beauchemin et l'avocat matanais Marc Bélanger ont annoncé qu'ils seraient candidats.

M. Beauchemin a d'ailleurs sorti les gants mercredi en apprenant l'arrivée de M. Rodriguez dans la course, déclarant qu'il n'était pas en accord avec sa feuille de route au niveau de la gestion des finances publiques, de l'invasion des champs de compétence du Québec et de la vision économique du gouvernement Trudeau.

Dans une courte déclaration transmise aux médias, Charles Milliard, de son côté, a dit souhaiter que M. Rodriguez puisse se consacrer à temps plein à la course, alors qu'il devrait confirmer jeudi qu'il terminera son mandat de député fédéral d'Honoré-Mercier.

La course à la direction du PLQ a été rendue nécessaire par la démission de Dominique Anglade en novembre 2022, quelques mois après que son parti eut obtenu le pire score de son histoire aux élections. Depuis, le parti est dirigé par intérim par Marc Tanguay, qui a envisagé de se porter candidat avant de se raviser, l'an dernier.

Il aurait dû, pour ce faire, quitter ses fonctions de chef de l'opposition officielle, dans la mesure où il serait mal venu pour les officiers libéraux de s'impliquer ou de prendre position dans la course à la chefferie, comme l'a rappelé mercredi son leader parlementaire, Monsef Derraji, qui a lui aussi songé un temps à briguer le poste.

Le PLQ compte 19 élus à l'Assemblée nationale. Du lot, seulement deux se sont prononcés sur la course à la chefferie jusqu'ici.

Sona Lakhoyan Olivier a exprimé son appui à Frédéric Beauchemin, alors que Désirée McGraw a apporté le sien à Pablo Rodriguez avant même que ce dernier ne confirme sa candidature – un soutien qu'elle a réitéré mercredi, après la période des questions au Salon rouge.

Les autres membres du caucus interrogés par Radio-Canada – Marwah Rizy, Madwa-Nika Cadet, Virgine Dufour et Jennifer Maccarone – se sont contentés mercredi de saluer l'arrivée de M. Rodriguez dans la campagne, sans pour autant prendre position pour ou contre sa candidature.

La course à la direction du PLQ sera officiellement lancée en 2025. Le nouveau chef sera connu le 14 juin de la même année, à Québec. Il aura ensuite un an et des poussières pour se préparer aux prochaines élections, qui auront lieu à l'automne 2026.

Les défis à relever seront nombreux pour le prochain chef des libéraux : l'aiguille des sondages ne bouge pas en leur faveur, leurs appuis chez les francophones sont faméliques, les jeunes ont déserté le parti et il doit reconquérir les régions du Québec.

Avec les informations de La Presse canadienne