Oasis confirme son improbable retour sur scène

17 days ago

La rumeur circulant depuis quelques jours était donc fondée : mardi matin, les frères Liam et Noel Gallagher, pourtant à couteaux tirés depuis quinze ans, ont confirmé le retour sur scène du légendaire groupe Oasis qu’ils avaient cofondé en 1991. Incroyable, mais vrai : le plus excitant et important groupe de la vague britpop offrira quatorze concerts, en Angleterre ainsi qu’en Irlande, à l’été 2025, concrétisant l’une des plus improbables réunions de l’histoire du rock — et confirmant, corollairement, que les poules ont des dents.

Oasis - Figure 1
Photo Le Devoir

L’histoire de la musique populaire est jalonnée de célèbres fratries, des frères Wilson (The Beach Boys), Young (AC/DC) et Gibbs (Bee Gees) aux groupes Heart, The Carpenters, The Jackson 5 et The Allman Brothers, pour ne nommer qu’eux. En revanche, rarement autant d’animosité s’est développée entre les membres d’une même famille que chez les Gallagher qui, déjà dès les débuts du groupe, n’essayaient même pas de maquiller la vive tension qui existait entre eux et qui, peut-on imaginer, contribuait à rendre aussi excitantes les performances d’Oasis.

Depuis le tristement célèbre concert annulé du 28 août 2009 à Paris, avant lequel Liam et Noel s’étaient battus à coups de poing avant que le premier fracasse la guitare du second, les frères se sont mutuellement insultés par entrevues interposées. En 2019, le guitariste et principal auteur-compositeur, Noel, de six ans l’aîné, accordait une entrevue au quotidien The Guardian coiffée de cette brutale citation : « J’ai aimé ma mère jusqu’à ce qu’elle donne naissance à Liam. » Pour sa part, le cadet aussi montrait ses crocs, distribuant les vannes sur son compte X (autrefois Twitter) ; quelques heures avant l’annonce officielle, les fans du chanteur avaient remarqué que celui-ci avait purgé son compte de plusieurs insultes adressées à son frère.

Le concert inaugural de cette réunion se tiendra le 4 juillet 2025 au Principality Stadium de Cardiff. Oasis donnera ensuite quatre concerts au parc Heaton de Manchester, leur ville natale, puis quatre autres au Wembley Stadium de Londres. Les billets seront mis en vente dès samedi. La rumeur que le groupe jouera en tête d’affiche du mythique festival Glastonbury (du 25 au 29 juin 2025) n’a toutefois pas été confirmée, ni d’ailleurs infirmée.

Aucun spectacle à l’extérieur de la Grande-Bretagne et de l’Irlande n’apparaît à leur agenda, pas plus que la perspective de retourner en studio enregistrer ce qui serait le huitième album d’Oasis — le dernier, Dig Out Your Soul, est paru en octobre 2008, un mois seulement après le concert que le groupe avait donné au Centre Bell. Les derniers accompagnateurs des Gallagher, Andy Bell (basse) et Gem Archer (guitares) n’ont pas été conviés à cette réunion ; ce seront plutôt les membres du Noel Gallagher’s High Flying Birds qui compléteront la formation partante de l’Oasis millésime 2025.

Photo: Mike Clarke Agence France-Presse Noel Gallagher, Andy Bell et Liam Gallagher à Hong Kong en 2006

« Cool Britannia »

Cette annonce survient presque quinze ans pile après la dissolution du groupe, mais aussi trente ans après la parution, le 29 août 1994, de son premier disque, Definitely Maybe, album phare du britpop, sorte de réponse, hédoniste et caractérielle, au mouvement grunge taciturne venu des États-Unis. Classique du rock alternatif British des années 1990, ce premier album avait marqué son époque grâce à la gouaille du chanteur, Liam, et à l’efficace simplicité des compositions de Noel.

Les Rock’n’Roll Star, Live Forever et Supersonic (« I need to be myself / I can’t be no-one else / I’m feeling supersonic / Give me gin and tonic », croasse Liam sur les premières mesures de la chanson écrite par son frère) deviennent des classiques instantanés. Oasis dispute alors à Blur, Pulp, Suede et à The Verve la couronne britpop et celle d’icône musicale du mouvement social Cool Britannia porté par la jeune génération et exprimant, après des années de règne politique conservateur, une créativité et un optimisme qui culmineront avec l’écrasante victoire électorale, en 1997, du Parti travailliste de Tony Blair, alors le plus jeune premier ministre (43 ans) britannique du XXe siècle.

Un an après Definitely Maybe, Oasis lance (What’s the Story) Morning Glory ?, album grâce auquel il deviendra un phénomène rock planétaire, atteignant même la première position des ventes au Canada (et se hissant jusqu’à la 4e position au Billboard américain). Moins abrasif que le premier, aux refrains encore plus accrocheurs, il recèle les immortelles Roll with It, Don’t Look Back in Anger, l’épique Champagne Supernova et l’incontournable ballade Wonderwall, chanson qui propulsa Oasis en Amérique — et que détestait profondément Liam qui, en 2008, déclarait : « I can’t fucking stand that fucking song. Every time I have to sing it I want to gag. » (« Je ne peux pas supporter cette chanson. Chaque fois que je dois la chanter, j’ai un haut-le-coeur »). Parions qu’il la chantera tout de même l’été prochain.

À voir en vidéo
Read more
Similar news
This week's most popular news