En France, le « front républicain » tient tête au Rassemblement ...

8 Jul 2024

Coup de tonnerre en France : la gauche arrive en tête à la suite du second tour des élections législatives anticipées, dépasse le Rassemblement national (RN), pourtant en position de force après le premier tour, et prend du même coup sa revanche contre Emmanuel Macron, qui l’avait laminée lors de son arrivée au pouvoir, en 2017.

Nouveau Front populaire - Figure 1
Photo ICI.Radio-Canada.ca

Les dernières estimations des résultats du second tour créditent le Nouveau Front populaire (NFP), le bloc de gauche, de 177 à 192 sièges.

La coalition présidentielle Ensemble pour la République devrait compter entre 152 et 158 sièges.

Le Rassemblement national et ses alliés devraient faire élire de 138 à 145 députés. Pour sa part, la droite des Républicains gagnerait de 63 à 67 sièges.

Il s’agit de tout un revirement de situation puisque le Rassemblement national avait remporté 33 % des suffrages lors du premier tour des élections législatives. La coalition présidentielle n'avait alors obtenu que 20 % des voix, ce qui laissait croire qu’elle allait subir une défaite cuisante au second tour.

Il s’agit donc d'une réussite pour le front républicain, cette stratégie mise en œuvre par la gauche et par une partie de la coalition d’Emmanuel Macron pour faire barrage au RN lors des courses triangulaires au second tour.

Appel à un gouvernement du NFP

Le chef de file de La France insoumise, Jean-Luc Mélenchon, a été le premier à prendre la parole à la suite du dévoilement des résultats préliminaires.

Il s'est félicité dans un discours de l'élan de mobilisation civique des Français. Selon lui, la solution du pire, le Rassemblement national, a été écartée. Le président doit s'incliner, le premier ministre doit s'en aller, a-t-il lancé.

Le président a le devoir d’appeler le Nouveau Front populaire à gouverner.

Pour sa part, Olivier Faure, le premier secrétaire du Parti socialiste, constate que ce scrutin a permis d'éviter le pire. Il doit ouvrir à une refondation.

Il a par ailleurs fermé la porte à toute alliance avec la coalition d'Emmanuel Macron. Nous ne nous prêterons à aucune coalition des contraires qui viendrait trahir le vote des Français.

Nouveau Front populaire - Figure 2
Photo ICI.Radio-Canada.ca

5:00

Notre correspondante à Paris Tamara Altéresco fait le point.

Démission du premier ministre sortant Gabriel Attal

Devant ces résultats, le premier ministre sortant, Gabriel Attal, compte présenter sa démission lundi matin au président Emmanuel Macron, mais il compte assumer ses fonctions aussi longtemps que le devoir l'exigera alors que la France accueillera les Jeux olympiques dans quelques jours.

Dans la foulée des résultats du second tour, Gabriel Attal a annoncé qu'il remettra demain matin sa démission à Emmanuel Macron.

Photo : Getty Images / LUDOVIC MARIN / AFP

Cette dissolution [de l'Assemblée nationale], je ne l’ai pas choisie, mais j’ai décidé de ne pas la subir, a-t-il indiqué.

Pour lui, une nouvelle ère politique commence en France.

Le centre de gravité du pouvoir sera entre les mains du Parlement. Notre responsabilité est immense.

Le premier ministre sortant a aussi rappelé que la coalition centriste est encore bel et bien en vie. Nous sommes debout, avec trois fois plus de députés que certaines estimations lors du début de la campagne électorale.

Une alliance de la honte et du déshonneur, selon le RN

Déshonneur et honte : ce sont les mots utilisés respectivement par Jordan Bardella, président du Rassemblement national, et par Éric Ciotti, transfuge des Républicains au RN, pour décrire l’alliance entre le gauche et la coalition présidentielle afin de leur faire barrage.

Jordan Bardella a dénoncé dans son discours cette alliance du déshonneur qui, selon lui, prive les Français d’une politique de redressement.

Ces accords [entre le Nouveau Front populaire et la coalition d'Emmanuel Macron] jettent la France dans les bras de l'extrême gauche de Jean-Luc Mélenchon.

Nouveau Front populaire - Figure 3
Photo ICI.Radio-Canada.ca

Pour sa part, Marine Le Pen, élue députée au premier tour des élections législatives anticipées à Hénin-Beaumont, dans le nord de la France, a dit estimer dimanche soir que la progression du Rassemblement national au second tour augure d'une victoire pour l'avenir.

La marée monte. Elle n'est pas montée assez haut cette fois-ci, mais elle continue à monter et, par conséquent, notre victoire, en réalité, n'est que différée, a-t-elle déclaré sur TF1.

Par ailleurs, l’Élysée a déclaré que le président Emmanuel Macron veillera au respect du choix souverain des Français à la suite du second tour des élections législatives anticipées.

Conformément à la tradition républicaine, le président de la République attendra la structuration de la nouvelle Assemblée nationale pour prendre les décisions nécessaires, précise-t-on.

Le président français n’a pas pris la parole dimanche soir.

Un équilibre délicat

Si le « front républicain » contre l'extrême droite s'est avéré un succès, il laisse toutefois place à un équilibre délicat où aucun des trois partis n'a été en mesure d'obtenir une majorité absolue, dont la barre est fixée à 289 sièges.

À Rennes, des électeurs du Nouveau Front populaire ont célébré l'arrivée en tête de l'alliance de gauche.

Photo : Getty Images / SEBASTIEN SALOM-GOMIS / AFP

Au lendemain d'une lutte au coude-à-coude en tant que rivaux, il n'est pas certain que la coalition présidentielle et l'union des partis de gauche, déjà fragile, trouveront un terrain d'entente pour former le prochain gouvernement.

Face à une Assemblée divisée, il va falloir se comporter en adultes, a jugé Raphaël Glucksmann (gauche). Il va falloir parler, il va falloir discuter, il va falloir dialoguer.

Pour leur part, Les Républicains (LR, droite) conservent un contingent d'élus suffisant (de 57 à 67) pour se positionner en arbitres des négociations malgré la tourmente suscitée par le soutien de leur chef, Éric Ciotti, au RN.

Fort d'une mobilisation record avec un taux de participation de 67 %, le plus élevé depuis 1981, le scrutin de dimanche illustre cependant des divisions profondes au sein de l'électorat français.

En Amérique du Nord

Le candidat nord-américain d'Ensemble, Roland Lescure, a été réélu au terme d'un décompte des scrutins qui lui accorde 54,25 % des voix, soit près de neuf points de pourcentage devant son rival Oussama Laraichi (NFP), qui a pour sa part obtenu 45,75 % des suffrages.

Le taux de participation en Amérique du Nord se situe à 36,81 %.

Avec les informations du Monde, de l'Agence France-Presse et de Reuters

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