Tourmente chez Northvolt : bientôt un nouveau patron pour éviter la ...

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Northvolt - Figure 1
Photo ICI.Radio-Canada.ca

Peter Carlsson, le cofondateur du fabricant suédois de batteries, a quitté son poste de PDG, 24 heures après que l'entreprise se fut placée sous la protection de la loi américaine sur les faillites. Le projet au Québec reste sur les rails pour l'instant.

Fondée en 2016, l'entreprise connaît une crise de croissance. Elle traîne une dette de 5,84 milliards de dollars américains en plus de ne disposer que de 30 millions de liquidités, soit l’équivalent d’une semaine de fonds.

Pour éviter de disparaître, l'entreprise suédoise a obtenu un financement de 100 millions de dollars américains de l'un de ses grands clients, le constructeur de poids lourds Scania, propriété de son actionnaire Volkswagen. Elle a également obtenu 145 millions de dollars de prêt garanti sur ses actifs.

Le financement actuel va nous permettre de tenir jusqu'au début de l'année prochaine, et nous avons besoin de nous recapitaliser, mais je suis convaincu que nous serons en mesure de le faire.

La directrice financière Pia Aaltonen-Forsell et le directeur des opérations Matthias Arleth assurent la direction du groupe, avec le soutien du responsable de la restructuration Scott Millar. Northvolt s'est mis en quête d'un nouveau PDG. M. Carlsson restera conseiller principal et membre du conseil d'administration durant la période de restructuration qui s'amorce.

Malgré tout, le cofondateur Paolo Cerruti assure que Northvolt Amérique du Nord n'est pas incluse dans le processus et que le projet d'usine au Québec continue d’aller de l’avant, même si des retards de mise en service sont à prévoir.

On a de l’argent et on a la ferme intention d’aller de l’avant.

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Photo ICI.Radio-Canada.ca

Paolo Cerruti, cofondateur de Northvolt et PDG de Northvolt Amérique du Nord, en entrevue à « Tout un matin ».

Photo : Radio-Canada / Marie-Eve Cloutier

Son optimisme n'est toutefois pas partagé par tous.

Monsieur Cerutti a beau se faire très rassurant, je pense qu’il faut être inquiet, a déclaré en entrevue à l’émission radio Midi info Richard Ouellet, professeur de droit économique international à l'Université Laval. Tout d'abord, explique-t-il, Québec pourrait perdre dans le processus de restructuration son investissement de 270 millions de dollars dans la société mère en Suède par l'entremise d'Investissement Québec, en plus des 200 millions de la Caisse de dépôt et placement.

En plus, selon lui, Northvolt aura du mal à aller chercher des investisseurs en Chine, sous peine de se faire imposer une surtaxe par les États-Unis qui taxent déjà les importations d’autos électriques chinoises à hauteur de 100 %. Le professeur de l'Université Laval croit, en outre, qu’avec les retards qui s’accumulent pour l’implantation de Northvolt au Québec, la province risque de rater le virage vers la filière batteries alors que la Chine et dans une moindre mesure l’Europe sont déjà en train d’accumuler des parts de marché.

Dans le domaine des autos électriques, il faut que ça roule, il faut que ça tourne, il faut que l’écoulement des véhicules se fasse, souligne M. Ouellet. Il faut donc une production de batteries qui est stable, qui est très très prévisible et qui est suffisamment rapide pour qu’en bout de piste les entreprises qui mettent la batterie dans leur auto soient capables de dire "ton véhicule sera prêt dans les délais promis".

Cette prévisibilité, Northvolt n’est pas capable de la fournir actuellement, puisque dans le meilleur des cas, l’usine québécoise commencera à produire en 2028, souligne-t-il.

Le chantier du complexe industriel de Northvolt à la fin de l'été 2024, sur les terrains à McMasterville et à Saint-Basile-le-Grand (Photo d'archives)

Photo : Northvolt

Des mégawatts rendus?

Étant donné que le projet au Québec prendra au moins 12 mois de retard, Northvolt a offert de redonner temporairement à Québec une partie des 354 mégawatts (MW) d’électricité qui lui avaient été réservés.

Selon le nouveau scénario sur la table, l'entreprise bénéficierait de son bloc d'électricité par paliers, ce qui permettrait au Québec de dégager 100 MW d'ici 2030, dans un contexte de pénurie d’électricité où les clients industriels se bousculent pour faire partie de la liste des heureux élus.

Northvolt était considéré comme l'un des grands espoirs européens en matière de batteries pour faire face à la concurrence chinoise. Mais le groupe a accumulé d'importants retards de production ces derniers mois, en plus de faire face à une baisse de la demande pour les véhicules électriques, poussant au mois de mai le fabricant BMW à renoncer à sa commande totalisant 2 milliards d’euros.

Avec les informations de La Presse canadienne et Agence France-Presse

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