Northvolt annonce la suppression de 1600 emplois dans ses usines ...

23 Sep 2024

Faisant face à un « environnement macroéconomique difficile », le fabricant de batteries suédois Northvolt annonce qu'il doit réduire ses effectifs d'environ 20 % à l'échelle mondiale et de 25 % en Suède, ce qui implique la suppression d'environ 1600 emplois dans les installations suédoises du constructeur.

Northvolt - Figure 1
Photo ICI.Radio-Canada.ca

Selon un communiqué publié lundi par l'entreprise, 1000 postes seront abolis à l'usine de Skellefteå, 400 à l'usine de Västerås et 200 autres à Stockholm. Northvolt assure que ces suppressions de postes seront faites dans un cadre de négociations avec les syndicats. L'entreprise emploie présentement 6500 personnes.

Après avoir présenté le 9 septembre dernier un plan de restructuration qui comprenait l'annulation d'un projet d'usine en Suède et la rationalisation de ses opérations, notamment en Pologne et en Californie, Northvolt n'avait pas encore annoncé l'ampleur des pertes d'emplois qui allaient en découler.

L'entreprise en pleine expansion internationale – qui doit composer avec un important manque de liquidités – explique qu'elle ajuste ses ambitions pour se concentrer sur la montée en puissance des premiers 16 GWh de production de Northvolt Ett, une méga-usine de production de batteries lithium-ion située en Suède.

Le groupe annonce par ailleurs qu'il suspend les projets de développement de cette usine pour se concentrer plutôt sur l'augmentation de sa cadence de production.

En juillet, le groupe industriel disait viser un rythme de production de 1 GWh en rythme annuel d'ici la fin de 2024, ce qui est loin des 16 GWh prévus à plein régime.

L'usine Northvolt à Västerås, en Suède (Photo d'archives)

Photo : Reuters / Helena Soderpalm

En ajustant ses ambitions à court terme [...] Northvolt s’assure qu'elle respecte ses engagements envers ses clients actuels du secteur automobile, explique la compagnie, qui affirme avoir multiplié par trois la production de cellules à Northvolt Ett depuis le début de l'année.

Les récents records de production à Northvolt Ett montrent que nous sommes sur la bonne voie, mais les décisions que nous prenons aujourd'hui, même si elles sont difficiles, sont nécessaires pour assurer l'avenir de Northvolt.

En dépit de son discours rassurant, Northvolt, qui prévoit construire une méga-usine en Montérégie au Québec, continue de susciter des inquiétudes, notamment de ses créanciers, qui ont sollicité la firme d’investissement PJT Partners – une banque spécialisée en restructuration financière – afin de les conseiller sur les options qui s'offrent à eux au cas où les choses tourneraient mal chez Northvolt.

Selon l'agence Bloomberg, il n'y aurait toutefois pas de discussions de restructuration en cours entre Northvolt et ses créanciers.

Les principaux actionnaires de Northvolt sont Volkswagen (21 % des parts), Goldman Sachs (19 %) et Vargas Holding (7 %). La Caisse de dépôt et placement du Québec a aussi investi 200 millions de dollars dans la compagnie. Lundi dernier, le premier ministre suédois Ulf Kristersson avait déclaré qu'il n'était pas prévu que le pays devienne actionnaire de l'entreprise.

Il y a une dizaine de jours, les employés de Northvolt avaient aussi reçu un ordre interne de ne plus faire certains déplacements et certaines dépenses afin de réduire les dépenses de l'entreprise.

Devant un marché mondial des batteries qui croît moins vite que prévu et la concurrence de puissances industrielles telles que la Chine, la Corée du Sud et les États-Unis, Northvolt, qui connaissait auparavant une croissance phénoménale, doit aujourd'hui faire des choix difficiles pour demeurer à flot.

Le groupe dit avoir plus de 55 milliards de dollars de contrats pour fournir des batteries à des clients tels que Volkswagen, Scania et Volvo. En mai dernier, le constructeur automobile BMW a toutefois renoncé à une commande de 2 milliards d'euros (3 G$ CA) en raison des retards de production.

Le projet d'usine au Québec tient bon

L'entreprise a annoncé lors du dépôt de son plan de restructuration qu'elle maintient ses engagements pour les projets Northvolt Drei en Allemagne, ainsi que pour l'usine Northvolt Six au Québec, tout en précisant qu'une révision des échéanciers devrait être annoncée au cours de l'automne.

Selon Northvolt, les suppressions de postes en cours ne touchent pas le Québec, les travaux continuent en Montérégie où l'excavation du premier bâtiment est complétée à 60 %.

Au cabinet de la ministre de l’Économie, de l’Innovation et de l’Énergie, Christine Fréchette, on rappelle dans une déclaration qu’il y a actuellement un ralentissement mondial qui touche la filière batterie.

Le bureau de la ministre assure être en contact constant avec Northvolt tout en réitérant que le projet au Québec n’est pas affecté par ces annonces.

Avec Northvolt, Volta, GM-Posco ou Ford-Ecopro, on est venu positionner le Québec dans cette industrie, alors que le monde entier se bat pour accueillir de tels projets. C’est un risque contrôlé.

Le ton est le même au cabinet du ministre fédéral de l’Innovation, des Sciences et de l’Industrie, François-Philippe Champagne, où l'on assure que l'usine canadienne demeure une priorité.

Les constructeurs automobiles et fabricants de batteries du monde entier investissent massivement dans la production de véhicules électriques au Canada. Ils doivent parfois ajuster leurs échéanciers et leurs plans afin de garantir un succès à long terme, a expliqué Audrey Millette, attachée de presse du ministre Champagne.

Rappelons que Québec et Ottawa ont investi 7,3 milliards de dollars dans ce projet d’usine de batteries pour véhicules électriques qui sera construit sur un terrain d’une superficie équivalente à celle de 318 terrains de football américain entre les municipalités de Saint-Basile-le-Grand et de McMasterville, en Montérégie.

Plus de 3000 personnes doivent travailler dans ce vaste complexe, qui doit, en théorie, commencer à produire des batteries dès 2026. Or, le 31 août dernier, le cabinet de l'ex-ministre québécois de l'Économie et de l'Innovation, Pierre Fitzgibbon, estimait que le projet pourrait aboutir avec 12 ou 18 mois de retard.

L'inquiétude gagne l'opposition

Ces retards suscitent l'inquiétude sur les bancs de l'opposition, compte tenu de la succession de mauvaises nouvelles financières qui se sont abattues sur Northvolt au cours des dernières semaines.

Ce qui amène le Parti libéral du Québec à demander au gouvernement Legault de redistribuer le bloc d'énergie de 354 mégawatts qu'il a réservés pour Northvolt à des entreprises d'ici qui sont prêtes, elles, à décarboner leurs activités dès maintenant, a déclaré lundi la porte-parole libérale en matière d'énergie, Marwah Rizqy, au micro de l'émission Tout un matin.

Au Parti québécois (PQ), le chef Paul Saint-Pierre Plamondon a quant à lui réclamé un débat d'urgence demain à l'Assemblée nationale pour faire le point sur les sommes qui ont été engagées jusqu'à maintenant par le gouvernement du Québec dans le projet Northvolt.

Le gouvernement ne veut pas nous donner l’information sur ce fameux "deal" passé par Pierre Fitzgibbon qui n’est plus là pour répondre aux questions, a déploré le chef du PQ.

Ça fait deux semaines en Chambre qu’on essaie d’avoir la vérité notamment sur les fonds publics engagés déjà dans Northvolt. On ne l’obtient pas.

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