Les meilleurs films de Michelle Yeoh

2 Mar 2023
Michelle Yeoh

Il y a moins d’un an, personne n’aurait misé un kopeck sur une potentielle victoire de Michelle Yeoh aux Oscars. Mais depuis, Everything Everywhere All at Once est passé par là. Dans la foulée de sa présentation à SXSW, le film est devenu l’un des succès surprise de l’année et, la saison des récompenses venue, le nom de l’actrice s’est soudainement retrouvé sur toutes les lèvres. La performance exigeante et complexe de Michelle – dans une scène, elle savate des méchants, dans l’autre elle tente de resserrer des liens familiaux distendus – n’est pas passée inaperçue, et une bonne partie du succès du film lui est imputable. L’actrice part désormais favorite pour décrocher l’Oscar de la meilleure interprétation féminine pour le rôle d’Evelyn, patronne de laverie au bord du gouffre, qui, en allant plaider sa cause dans les bureaux du fisc, va se retrouver propulsée dans une aventure à cheval sur plusieurs univers. À 60 ans, l’étoile de Michelle Yeoh brille plus intensément que jamais, et c’est loin d’être terminé : on la retrouvera bientôt dans les prochains opus de la franchise Avatar, dans une nouvelle adaptation d’Agatha Christie signée Kenneth Branagh, ou dans la série American Born Chinese ; enfin, elle devrait tenir un rôle important dans la future adaptation de la série de romans à succès Wicked.

Tout ça paraît plutôt improbable, mais après tout, une bonne partie de sa carrière l’est tout autant. Née en Malaisie, la jeune Michelle fait de l’athlétisme et de la danse classique. À l’insistance de sa mère, elle s’inscrit à contrecœur au concours de Miss Malaisie, qu’elle remporte. Elle enchaîne ensuite les publicités (c’est dans ce contexte qu’elle croisera pour la première fois Jackie Chan), ce qui la mène à ses premiers rôles au cinéma au sein d’une industrie cinématographique hongkongaise alors florissante, puis enfin jusqu’à Hollywood où elle joue les James Bond girls. Michelle travaille alors régulièrement aux États-Unis, sans jamais toutefois dépasser un certain stade de notoriété, malgré ses rôles dans des succès comme Tigre et Dragon.

Ces dernières années, elle décroche des rôles importants dans des productions à succès comme Crazy Rich Asians et Shang-Chi et la Légende des Dix Anneaux et finit par s’imposer. Ses nouveaux fans ont donc pas mal de choses à rattraper et ceux qui la connaissent de longue date seront ravis de (re)découvrir ses performances marquantes. C’est dans cet esprit que nous avons rassemblé ici quelques-uns des plus grands rôles de Michelle Yeoh.

Le Sens du devoir 2 (1985) 

Créditée dans ses premiers films sous le nom de “Michelle Khan”, son premier grand rôle sera celui d’une flic en quête d’un microfilm disparu impliquant un chef de gangs. Si l’essentiel du film, réalisé par le prolifique acteur, metteur en scène et chorégraphe de combats Corey Yuen, se prend les pieds dans un comique un peu balourd, ses séquences d’ouverture et de fin sont des scènes d’action à couper le souffle, dans lesquelles Michelle Yeoh et sa partenaire Cynthia Rothrock font elles-même leurs propres cascades. Le film propulse aussitôt Michelle au rang de star du cinéma d’action, et donne par la même occasion le coup d’envoi d’une série de films d’action hongkongais mettant en vedette des femmes. Il va également imposer un personnage à l’écran qui lui collera longtemps à la peau, celui d’une femme sûre d’elle dans un monde dominé par les hommes.

Police Story 3: Supercop (1992)

Après une pause de quelques années, Michelle fait son grand retour en sidekick de Jackie Chan dans le troisième opus de la franchise Police Story, même si dans ce cas précis, le terme “sidekick” ne lui rend pas vraiment justice. Jackie Chan est alors au faîte de sa gloire, mais Michelle lui pique allègrement la vedette dans chaque scène où elle apparaît grâce des acrobaties de trompe-la-mort, à la fois sidérantes et quand même un peu terrifiantes (en particulier dans le bêtisier de cascades ratées qui défile durant le générique de fin). Michelle maîtrise le kung fu, saute sur des véhicules lancés à vive allure, et possède un charisme qui crève l’écran. La panoplie idéale de la star de films d’action en somme. Avec Police Story 3, l’Occident stupéfait découvrait enfin Michelle Yeoh.

The Heroic Trio (1993)

Difficile à décrire (et malheureusement désormais aussi difficile à voir), ce film d’action réalisé par Johnnie To associe Michelle à ses copines stars de Hong Kong Anita Mui et Maggie Cheung (la performance de cette dernière en motarde à la gâchette facile surprendra ceux qui ne l’ont vu que chez Wong Kar-Wai ou Olivier Assayas). La Yeoh joue quant à elle une femme qui, grâce une robe magique, peut devenir invisible, et se retrouve contrainte de voler des bébés contre son gré pour le compte d’un super méchant. Elle va s’associer avec la justicière jouée par Cheung et la vengeuse masquée interprétée par Anita Mui (qui s’appelle Wonder Woman, au mépris des règles les plus basiques de la propriété intellectuelle) pour redresser les torts. L’intrigue et l’action débridée semblent destinées à plonger le spectateur dans un état à mi-chemin entre hébétude et delirium tremens avancé.

Tai Chi Master (1993)

En 1993, l’année de The Heroic Trio, pas moins de six films avec Michelle débarquent sur les écrans de Hong Kong, parmi lesquels Supercop 3 et Executioners, le suite des aventures du trio héroïque. Tai Chi Master pour sa part est un wuxia classique, dans lequel on retrouve notre héroïne aux côtés de Jet Li, qui interprète Zhang Sanfeng, légendaire inventeur du Tai Chi. Dans ce film entre conte populaire et biopic, Jet Li est incontestablement la star, mais Michelle ne joue pas pour autant les faire-valoir. Elle travaille sous la direction d’un réalisateur qui va parfaitement savoir exploiter ses nombreux talents : Yuen Woo-ping, chorégraphe de combats archi respecté, essentiellement connu en Occident pour ses contributions à Matrix et sa ribambelle de suites.  

Wing Chun (1994)

Michelle et Yuen Woo-ping se retrouvent l’année suivante pour un autre film d’action en costumes, dont elle est cette fois le personnage principal (aux côtés d’un Donnie Yen alors en pleine ascension). Elle y campe Wing Chun, qui tient l’échoppe de tofu de son village aux côtés de sa tante. Sa particularité ? Elle s’habille avec des vêtements d’homme. Ce qui trouble son amour de jeunesse (Yen), de retour au village après plusieurs années, qui confond Wing Chun avec une veuve des plus avenantes. Pour ajouter à la confusion, des bandits vont débarquer et contraindre les tourtereaux à utiliser leurs talents de combattants. Mélangeant grosse farce, critique acerbe des rôles traditionnels assignés aux hommes et aux femmes, et séquences d’action bluffantes, le film permet à Michelle de briller : elle est désormais la Hong Kong star par excellence. 

Demain ne meurt jamais (1997)

Au milieu des années 1990, Hollywood la remarque enfin. Parallèlement, les soubresauts qui agitent le cinéma de Hong Kong et la rétrocession de l’île à la Chine poussent les talents locaux à aller voir ailleurs, avec plus ou moins de bonheur. Face à un Pierce Brosnan qui endosse le smoking de James Bond pour la deuxième fois, Michelle explose littéralement dans le rôle de Wai Lin, sa rivale chinoise. Elle éblouit dans les scènes de baston et son charisme met quasiment à mal celui de Brosnan – Yeoh n’a décidément rien d’une Bond girl lambda.

Tigre et dragon (2001)

Même si Michelle Yeoh a clairement l’étoffe d’une star, elle n’obtient malgré 007 toujours pas de rôle à sa mesure. L’exception viendra avec Tigre et dragon d’Ang Lee, un wuxia lyrique dans lequel le réalisateur taïwanais revisite, avec sa sensibilité adulte, le cinéma de cape et d’épée et d’arts martiaux qui le faisait rêver enfant. C’est ici Chow Yun-Fat, l’autre grande star du cinéma de Hong Kong de l’époque, qui lui donne la réplique. Ils interprètent de vieux amis qui n’osent s’avouer leurs véritables sentiments, et vont se retrouver mêlés aux difficultés d’un autre couple (Zhang Ziyi et Chang Chen). Ang Lee emmène les chorégraphies de Yuen Woo-ping vers des sommets d’une beauté à couper le souffle, dans des scènes de combat qui en disent autant sur la vie intérieure et les émotions inavouées des personnages que sur leur capacité à coller des torgnoles à leurs adversaires. Carton mondial, le film permet à Michelle de faire une nouvelle fois la démonstration de ses talents de combattante et d’actrice à la palette complète.  

Sunshine (2007)

Classique instantané, Tigre et dragon aurait dû ouvrir un monde d’opportunités. Pourtant elle se contente de quelques apparitions dans de modestes films indépendants ou de petits rôles dans des grosses machines comme Babylon A.D., Morgane, ou La Momie : La Tombe de l’empereur dragon. Elle fait des allers-retours avec Hong Kong où elle tourne encore. Yeoh aime les films de troupe, et elle donne toujours le meilleur d’elle-même sur les projets qui l’emballent, comme ce film de science-fiction excentrique, écrit par Alex Garland et réalisé par Danny Boyle, dans lequel elle joue le rôle d’une biologiste en mission pour “rallumer” le soleil qui va devoir affronter toutes sortes de périls inattendus. Le film, échec à sa sortie, est devenu culte. 

Star Trek: Discovery (2017 - 2020)

Cette série Paramount+ est probablement à l’origine du regain de popularité de Michelle. Dans les premiers épisodes de cet énième déclinaison de Star Trek, elle est la Capitaine Philippa Georgiou, mentor de la protagoniste principale de la série, Michael Burnham (Sonequa Martin-Green). Elle est plutôt bonne, mais c’est son retour dans le rôle de la jumelle maléfique de Georgiou qui lui donne l’occasion de déployer ses talents comiques (tout en restant aussi badass que ses premiers rôles de flic dure à cuire, trente ans plus tôt). Elle n’était certes jamais vraiment partie, mais cette fois, c’est sûr, elle est de retour. 

Crazy Rich Asians (2018)

Last Christmas (2019)

Crazy Rich Asians va élargir plus encore le public de Michelle Yeoh : dans ce rôle de mère toxique, elle trouve un équilibre hilarant entre ton menaçant et jeu nuancé. Elle est tout aussi drôle dans le rôle de Santa, la propriétaire d’une boutique de Noël dans l’étrange rom-com de Paul Feig, Last Christmas. Dans Everything Everywhere All at Once, elle use des mêmes talents comiques, qu’elle combine à sa fibre dramatique et à ses talents pour l'action, et c'est peut-être l’aboutissement  d’une longue et riche carrière. Pourtant quelque chose nous dit que le second acte de la carrière de Michelle Yeoh ne fait que commencer.

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