Michel Barnier, le négociateur à la recherche d'un remède à l ...

13 days ago
Michel Barnier

Les Français ont voté le 7 juillet dernier, mais ce n’est finalement que le 5 septembre, presque deux mois plus tard, qu’ils ont appris l’identité de leur prochain premier ministre.

Le choix du président Emmanuel Macron, après une longue réflexion et plusieurs hésitations, a de quoi en surprendre certains.

Au terme des élections législatives, le Nouveau Front populaire, la coalition des partis de gauche, est arrivé en tête. C’est pourtant un homme issu du parti de la droite traditionnelle Les Républicains, en quatrième position au second tour, qui prendra la tête du gouvernement.

Pourquoi ce choix?

Michel Barnier, vieux routier de la politique qui a notamment été ministre des Affaires étrangères sous Jacques Chirac, puis ministre de l’Agriculture sous Nicolas Sarkozy, en plus d’avoir occupé des fonctions de député, dispose d’une large expérience politique et parlementaire qui l’aidera peut-être à naviguer dans les rouages de l’Assemblée nationale française. De plus, à 73 ans, il risque moins d’être distrait de sa nouvelle tâche par de possibles ambitions présidentielles.

Mais c’est surtout son expérience à Bruxelles qui semble jouer en sa faveur. Longtemps commissaire européen, Michel Barnier a eu l’épineux mandat de négocier le Brexit. Complexe, la sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne (UE) s’est officialisée dans un contrat commercial de 1300 pages.

Négocier, voilà le mot clé pour quiconque voudra s’assurer de la survie d’un gouvernement dans le contexte actuel.

Au terme des élections législatives, aucune des grandes familles politiques n’a obtenu de majorité absolue à l’Assemblée nationale. Pour éviter de tomber, le gouvernement Barnier devra donc constamment conclure des ententes avec les différentes forces politiques.

Michel Barnier pourra compter sur l’appui de sa famille politique, mais le parti Les Républicains n’a obtenu que 47 députés dans l’Assemblée, et le poids qu’il y exerce est donc minime.

La coalition présidentielle, avec ses 170 députés, devrait aussi l’appuyer, mais le compte de la majorité est encore loin.

La gauche se mobilise

D’emblée, le nouveau premier ministre sait qu’il devra composer avec l’opposition du Nouveau Front populaire.

L’alliance de gauche, arrivée en tête des élections avec plus de 180 députés, menace déjà de censurer le gouvernement. Dénonçant un déni de démocratie, voire des élections volées, ses responsables déplorent que leur candidate au poste de premier ministre ait été d’emblée rejetée par Emmanuel Macron qui, malgré les résultats électoraux, a choisi de nommer un homme de droite à Matignon.

Reste donc le Rassemblement national (RN) de Marine Le Pen et ses quelque 140 députés. Le RN, qui avait menacé de faire tomber immédiatement d’autres possibles candidats, semble vouloir donner une chance à Michel Barnier. Un aval de l’extrême droite que déplore l’opposition au nouveau premier ministre.

Mais combien de temps cet appui implicite durera-t-il? Par exemple, si la question de la réforme des retraites, projet phare d’Emmanuel Macron, devait s’imposer à l’Assemblée, le gouvernement pourrait se trouver en minorité. Tant la gauche que le RN promettent de revenir sur cette réforme, qui a fait passer l’âge de départ à la retraite de 62 à 64 ans.

Les premiers gestes posés par le nouveau premier ministre s’annoncent décisifs. À commencer par la composition de son gouvernement qui, selon les instructions d’Emmanuel Macron, devrait en être un de rassemblement et au service des Français. Qui, des différentes tendances, acceptera d’en faire partie?

Puis viendront le budget et la déclaration de politique générale, au cours de laquelle M. Barnier élaborera les grandes lignes qu’il entend suivre. Sera-t-on dans la continuité des sept dernières années, alors que le camp présidentiel a connu d’importants revers électoraux?

Dans son discours, lors de la cérémonie de passation des pouvoirs à Matignon, Michel Barnier a évoqué la continuité dans certains dossiers, la rupture dans d’autres.

La politique française est malade, constatait à ses côtés le premier ministre sortant, Gabriel Attal, au terme de ses huit mois à la tête du gouvernement. Mais je crois que la guérison est possible, à condition que nous acceptions tous de nous placer à la hauteur de cette responsabilité historique, ajoutait-il.

Michel Barnier, qui promet de répondre aux défis, aux colères et aux injustices, peut-il y trouver le remède?

L'Élysée semble faire le pari que l'expérience d’un homme élu député pour la première fois il y a 46 ans permettra de trouver les approches nécessaires pour répondre à ce contexte politique inusité.

Emmanuel Macron, le président qui avait pour ambition de transformer le paysage politique français, se retrouve donc aujourd’hui avec un premier ministre aux origines politiques traditionnelles.

Read more
Similar news
This week's most popular news