Trump nomme le loyaliste Matt Gaetz à la Justice, sa nomination la ...
Poursuivant ses nominations, le président américain désigné Donald Trump a nommé le représentant Matt Gaetz, l'une des figures d'extrême droite du Parti républicain, comme procureur général. Une nouvelle qui a eu l'effet d'une bombe à Washington.
Peu après avoir fait part de sa décision de nommer le sénateur Marco Rubio, un républicain traditionnel, à la tête du département d'État, Donald Trump y est allé d'une annonce qui a rapidement éclipsé la nouvelle : il a décidé de placer un de ses plus fidèles alliés à la tête du département de la Justice – et non le moindre.
Le représentant de la Floride est un complotiste qui figure parmi les élus les plus partisans de Washington.
Cette nomination d'un des alliés les plus loyaux du président désigné signale une politisation du poste de procureur général et semble indiquer que Donald Trump est prêt à aller de l'avant avec ses menaces de poursuivre ses rivaux.
Matt mettra fin à la politisation du gouvernement, protégera nos frontières, démantèlera les organisations criminelles et restaurera la foi et la confiance des Américains, gravement ébranlées, envers le département de la Justice, a pourtant écrit sur son réseau Truth Social Donald Trump, qui a passé la dernière année à se présenter comme une victime de persécution judiciaire.
Peu d'enjeux en Amérique sont plus importants que de mettre fin à l'instrumentalisation partisane de notre système judiciaire.
Ironiquement, Donald Trump a jeté ce pavé dans la mare peu après avoir rencontré le président Joe Biden à la Maison-Blanche alors que le contact entre les deux rivaux a semblé cordial, du moins devant les caméras.
Matt Gaetz a lui-même a été visé par une enquête pour trafic sexuel et entrave à la justice de la part du département qu'il est appelé à diriger, en plus d'être visé par une enquête du comité d'éthique de la Chambre des représentants, pourtant à majorité républicaine.
Le comité de la Chambre voulait déterminer si Matt Gaetz s'était livré à des inconduites sexuelles et à une consommation de drogues illicites, avait accepté des cadeaux inappropriés, accordé des privilèges et faveurs spéciales à des personnes avec lesquelles il entretenait une relation personnelle, et tenté d'entraver les enquêtes gouvernementales sur sa conduite.
C'est Matt Gaetz qui avait mené la fronde contre l'ancien président de la Chambre des représentants Kevin McCarthy, pourtant un élu du même parti.
Aussitôt nommé, aussitôt contestéLe groupe Public Citizen, une organisation sans but lucratif qui se donne pour mandat de défendre l'intérêt public, a dénoncé cette nomination dans des termes sans équivoque, appelant les sénateurs à mettre de côté les allégeances partisanes et la loyauté envers [Donald] Trump en rejetant ce choix particulièrement désastreux.
Il est difficile d’imaginer un candidat pire et moins qualifié pour le poste de procureur général des États-Unis que Matt Gaetz.
La perspective de son arrivée au département de la Justice a également déclenché des sonnettes d'alarme dans les rangs démocrates.
Le représentant Adam Schiff, qui vient de remporter une élection sénatoriale, a par exemple appelé ses futurs collègues à rejeter sa candidature. Confirmer sa nomination reviendrait à cautionner les pires abus potentiels du département de la Justice, a écrit sur le réseau social X celui qui a été le responsable en chef de la première mise en accusation de Donald Trump devant le Congrès.
Matt Gaetz soulève la controverse au sein des deux partis, a soutenu la sénatrice républicaine modérée Lisa Murkowski, l'une des rares membres de son parti qui s'était prononcée en faveur de la destitution de Donald Trump lors de son deuxième procès devant le Sénat, en 2021. Il n'est pas un candidat sérieux, a-t-elle affirmée, citée par le New York Times.
Une autre sénatrice modérée, Susan Collins, qui a elle aussi voté pour la destitution de l'ex-président, s'est dite choquée par l'annonce, ajoutant que plusieurs questions seraient soulevées lors du processus de nomination. J'essaie encore d'absorber la nouvelle, a de son côté déclaré leur collègue John Cornyn.
Le quotidien britannique The Guardian, un des médias étrangers qui couvrent particulièrement bien la politique américaine, a rapporté que plusieurs sénateurs républicains s'étaient toutefois montrés évasifs quand les journalistes leur ont demandé si Matt Gaetz avait la compétence nécessaire pour occuper le rôle de procureur général.
Cité par le New York Times, un des collègues républicains de Matt Gaetz à la Chambre, Max Miller, a indiqué que l'annonce avait choqué le caucus républicain, mais surtout de joie. La Chambre sera un endroit plus fonctionnel, a-t-il dit.
Un républicain traditionnel au département d'ÉtatDonald Trump et Marco Rubio au cours d'un rassemblement à Raleigh, en Caroline du Nord, le 4 novembre 2024
Photo : afp via getty images / RYAN M. KELLY
Marco Rubio a pour sa part été sur la courte liste des colistiers potentiels de Donald Trump. Le sénateur de la Floride est vice-président du Comité du renseignement du Sénat en plus de siéger au Comité des relations étrangères.
Pendant le premier mandat de Donald Trump, il s’est posé en secrétaire d’État virtuel pour l’Amérique latine, selon les termes du New York Times.
Sans être une figure du mouvement MAGA de Donald Trump, ce politicien traditionnel et ambitieux, autrefois critique de l’ex-président, a opéré un virage à 180 degrés.
Vu comme un faucon en matière de défense et de politique étrangère, partisan de l’OTAN (Organisation du traité de l'Atlantique Nord), il a cependant dilué certaines de ses positions, notamment par rapport à l’Ukraine.
Donald Trump a aussi nommé l'ancienne démocrate devenue républicaine Tulsi Gabbard directrice du renseignement national.
Je sais que Tulsi apportera l'esprit intrépide qui a défini sa carrière illustre à notre communauté du renseignement, en défendant nos droits constitutionnels et en assurant la paix par la force, a-t-il affirmé dans un communiqué.
En matinée, il a désigné quatre conseillers parmi ses proches, dont Stephen Miller, qui a été l’architecte de ses politiques migratoires lors de son premier mandat, dont certaines ont soulevé la controverse, comme la séparation des enfants des migrants clandestins à la frontière et le décret qui interdisait aux ressortissants de pays musulmans l’entrée sur le territoire américain.
Cette fois, Stephen Miller jouera le rôle accru d'assistant du président, de chef de cabinet adjoint pour les politiques et de conseiller en matière de sécurité intérieure. Il assumera une fonction névralgique dans les expulsions massives de migrants illégaux promises par Donald Trump.